vendredi 10 février 2012

“Illiltene crie à l’aide !” - La Dépêche de Kabylie

“Illiltene crie à l’aide !”

Par |
La commune d’Ililtene, daïra d’Iferhounène à 70 km au sud-est du chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou, est désormais déclarée zone sinistrée suite à la dernière tempête de neige.

Des citoyens de cette municipalité, perchée à plus de 1200 m d’altitude, ont pris hier attache avec notre journal dans le but de lancer un appel d’urgence aux plus hautes autorités du pays, seules capables, aux yeux de nos interlocuteurs, de faire sortir les milliers de citoyens des 11 villages que compte la municipalité de leur isolement. «On ne peut plus supporter cette situation. Notre commune est déclarée sinistrée et, désormais, seules les hautes autorités du pays peuvent nous faire sortir de cette situation catastrophique», lance un citoyen. Selon ce dernier, la neige, qui a dépassé les 2 m d’épaisseur, a isolé la totalité des villages de la commune perchée entre les deux plus hauts cols de la wilaya, à savoir Chellata et Tirourda. La neige qui ne cessait de tomber, depuis vendredi, n’a fait qu’empirer la situation et face à l’ampleur de cette tempête, les moyens dérisoires dont dispose l’APC se sont avérés insuffisants. «Comment voulez-vous qu’avec une case, un chasse neige et une pelle, la commune puisse faire face à une situation pareille avec la neige qui a atteint plus de 2m. D’ailleurs, en raison de la rupture de gasoil, ces engins sont, depuis hier, à l’arrêt. Désormais, seuls les engins du géni-militaire peuvent venir à la rescousse», lance un autre citoyen qui nous a indiqué que le plus grand souci des habitants reste celui de la difficulté à faire face aux situations d’urgence. Il nous cite le cas de ces malades évacués à l’aide d’engins et de véhicules 4x4 ou bien celui de cette dame enceinte du village Ait Abdellah, obligée de se faire déplacer dans la matinée d’hier à bord d’une case afin de se rendre à la polyclinique pour y accoucher. Hier, les comités des villages de Zouvga, Ait Abdellah, Tizi Guefras et Tizit se sont mis au volontariat afin d’ouvrir certaines pistes menant à leurs hameaux respectifs, car l’APC ne peut rien faire face à l’ampleur des dégâts occasionnés par cette tempête sibérienne. Même l’axe principal menant vers le chef-lieu de la commune s’est, à nouveau, refermé après avoir été pourtant rouvert à la circulation lundi dernier, en raison des nouvelles chutes de neige. Dans cette commune, et à l’instar de celles d’Imsouhal et Iferhounene, la neige n’a pas cessé de tomber depuis une dizaine de jours. Une situation qui a fait que les villageois de ces trois municipalités sont dans un total isolement. La persistance, et surtout l’intensité des chutes de neige, ont mis les populations dans une situation désastreuse. Le dernier BMS annonçant le retour de la tempête, à partir de samedi prochain, fait redouter le pire aux villageois de cette région enclavée de haute Kabylie. «Déjà, avec la neige qui a dépassé deux mètres d’épaisseur, nos villages sont complètement isolés, alors qu’en sera-t-il dans les prochains jours avec la poursuite annoncée des chutes de neige ?», se demande un autre citoyen. Pour lui, l’Etat doit désormais se pencher sur le cas de ces villages. «On demande à ce que les plus hautes autorités du pays mettent en place un vrai plan Orsec, car celui installé au niveau de la wilaya et des chefs-lieux de daïras s’est avéré loin de résoudre nos problèmes. Notre municipalité est dépassée par les événements. Malgré les efforts consentis par les élus et les employés de l’APC, la situation va de mal en pis», ajoute t-il. Parmi les autres points cités en urgence dans les doléances de nos interlocuteurs, il y a le problème récurrent du manque de gaz butane et celui du ravitaillement en produits alimentaires. «La bouteille de gaz est introuvable et si, par bonheur, vous tombez sur un revendeur capable de vous en fournir une bonbonne, son prix se négocie à partir de 1200 DA l’unité». Les produits alimentaires se font également de plus en plus rares au niveau de la commune d’Ililtene et ce, en raison de la rupture de stock et de l’impossibilité pour les commerçants de se faire approvisionner suite à la fermeture des routes. «Il faut se rendre sur place pour voir la souffrance des habitants face à une situation que même nos parents jurent n’avoir jamais connue, vu l’ampleur des dégâts occasionnés par cette tempête», disent, en chœur, les citoyens de la commune.

Aucun commentaire: