dimanche 1 juillet 2012

Les mausolées de Tombouctou détruits les uns après les autres - Le Nouvel Observateur

Les mausolées de Tombouctou détruits les uns après les autres
Créé le 30-06-2012 à 17h29 - Mis à jour à 17h35Par Le Nouvel Observateur avec AFP
Le groupe armé Ansar Dine a commencé la destruction des mausolées de saints musulmans récemment classés au patrimoine mondial en péril de l'Unesco.


Mots-clés : Mali, Tombouctou, Mausolée, Islam, Shebab, Ansar Dine
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Les mausolées de Tombouctou détruits les uns après les autres (AFP / ISSOUF SANOGO)
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Des islamistes d'Ansar Dine, un des groupes armés contrôlant le nord du Mali, ont démoli plusieurs mausolées de saints musulmans à Tombouctou, en représailles à la récente décision de l'Unesco de classer cette ville mythique patrimoine mondial en péril.


Ansar Dine va détruire aujourd'hui tous les mausolée de la ville. Tous les mausolées sans exception", a déclaré à travers un interprète Sanda Ould Boumama, porte-parole d'Ansar Dine à Tombouctou joint par l'AFP depuis Bamako.


Le premier sanctuaire visé a été celui de Sidi Mahmoud, dans le nord de la ville, qui avait déjà été profané début mai par des membres d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), un allié d'Ansar Dine, ont raconté à l'AFP des habitants joints depuis la capitale, certains sous le choc.


"Aujourd'hui, au moment où je vous parle, les islamistes d'Ansar Dine ont fini de détruire le mausolée du saint Sidi Mahmoud. Ils ont cassé (et) fait tomber le mur" de clôture du site, "c'est très grave", a déclaré en pleurant un des témoins.


Les islamistes se ont ensuite attaqué tour-à-tour aux mausolées de Sidi Moctar, dans l'est de la ville, puis celui d'Alpha Moya, qui ont tous deux été détruits.


Les hommes d'Ansar Dine, qui veulent appliquer la charia (loi islamique) dans tout le Mali, "ont dit qu'ils vont tout détruire aujourd'hui. Vraiment, ils ont violé aujourd'hui Tombouctou. C'est un crime", a dit un des témoins proche d'un imam (qui dirige la prière musulmane en commun) de Tombouctou.


"L'Unesco, c'est quoi ?"


Ce projet de destruction totale des mausolées est une réponse à la décision de l'Unesco, annoncée jeudi, de placer Tombouctou, depuis 1988 au patrimoine mondial de l'humanité, sur la liste du patrimoine en péril, d'après le porte-parole d'Ansar Dine interrogé par l'AFP.


"Dieu, il est unique. Tout ça, c'est 'haram' (interdit en islam). Nous, nous sommes musulmans. L'Unesco, c'est quoi?", a-t-il dit, ajoutant que Ansar Dine réagissait "au nom de Dieu".


Le gouvernement malien a dénoncé "la furie destructrice assimilable à des crimes de guerre" du groupe islamiste armé Ansar Dine qui a démoli samedi plusieurs mausolées de saints musulmans à Tombouctou (nord), et menacé les auteurs de ces destructions de poursuites au Mali et à l'étranger.


Le gouvernement condamne cette furie destructrice assimilable à des crimes de guerre et s'apprête à engager des poursuites contre leurs auteurs aussi bien au plan national qu'au plan international", selon les termes d'un communiqué transmis à l'AFP.


La France a condamné "la destruction délibérée de mausolées de saints musulmans" par "un groupe islamiste extrémiste" à Tombouctou, dans le nord du Mali, et dénoncé un "acte intolérable", a déclaré le ministère des Affaires étrangères.


"La France condamne la destruction délibérée de mausolées de saints musulmans dans la ville de Tombouctou par un groupe islamiste extrémiste qui contrôle cette ville du Mali", a déclaré le porte-parole du ministère, Bernard Valero, dans un communiqué.


Selon le site Internet de l'Unesco, Tombouctou compte "16 cimetières et mausolées qui étaient des composantes essentielles du système religieux dans la mesure où, selon la croyance populaire, ils étaient le rempart qui protégeait la ville de tous les dangers".


Fondée entre le XIe et le XIIe siècles par des tribus touareg, et surnommée notamment "la cité des 333 saints", elle a été un grand centre intellectuel de l'islam et une ancienne cité marchande prospère des caravanes.


Des manuscrits "sécurisés"


Tombouctou est également célèbre pour ses dizaines de milliers de manuscrits, dont certains remontent au XIIe siècle, et d'autres de l'ère pré-islamique. Ils sont pour la plupart détenus comme des trésors par les grandes familles de la ville.


Environ de 30.000 de ces manuscrits qui étaient conservés dans un institut gouvernemental ont été déplacés et "sécurisés" ailleurs, après le saccage de lieux par des islamistes en avril, d'après des bibliothécaires.


En annonçant jeudi sa décision de placer la cité sur la liste du patrimoine mondial en péril, de même qu'un site historique de Gao (nord-est), l'Unesco avait alerté la communauté internationale sur les dangers qui pèsent sur la cité.


Nous venons juste d'apprendre la nouvelle tragique des dégâts sans raison causés au mausolée de Sidi Mahmoud, dans le nord du Mali", a déclaré Alissandra Cummins, présidente de l'Unesco, dans un communiqué adressé à l'AFP, appelant toutes les parties impliquées dans le conflit à Tombouctou à "exercer leurs responsabilités".


En plus de Tombouctou (nord-ouest), Gao et Kidal (nord-est), les trois régions formant le Nord, sont sous le contrôle des islamistes divers groupes armés qui ont profité de la confusion créée à Bamako par un d'Etat militaire le 22 mars.


La démolition des mausolées de Tombouctou par les islamistes rappelle le sort d'autres ouvrages du patrimoine mondial, dont les Bouddhas de Bamyan, dans le centre de l'Afghanistan, détruits en mars 2001 par les talibans et leurs alliés d'Al-Qaïda.


En Afrique de l'Est, les islamistes somaliens shebab ont détruit de nombreux mausolées de mystiques soufis dont la mémoire était vénérée par les populations locales.

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