vendredi 30 mai 2014

Tizi Ouzou: Abizar un village qui se cherche encore

Tizi Ouzou: Abizar un village qui se cherche encore
Mourad Hammami30 mai 2014, 11 h 17 
Le village Abizar, sis dans la commune de Timizart, relevant de la daïra d’Ouaguenoun, est devenu célèbre après la découverte en 1858 de la fameuse stèle “Amanay n Ubizar” ( le cavalier d’Abizar), qui est une pierre d’un mètre de diamètre environ, représentant un cavalier armé d’un bouclier, d’un javelot tenant un objet dans la main gauche et portant une barbe pointue. Une découverte faite par Henri Aucapitaine alors sous-lieutenant au 36e régiment d’infanterie, qui la baptisa du nom du village.

 
D’après des habitants, le village doit son nom à un chef kabyle du nom d’Abizar qui aurait construit, il y a 2000 ans, quatre stèles à son effigie pour délimiter ce territoire. Ce village, l’un des plus grands de la Kabylie, comptant environ 15000 habitants, est délimité au nord par la RN71, au sud par le chef-lieu de la commune Souk El Had, à l’ouest par la localité des Aït Ouaguenoun. Pour le visiteur qui se rendra pour la première fois sur les lieux, il constatera le manque du goût architectural des citoyens. Les ruelles, étroites, menant vers les nombreux quartiers éparpillés sont dans un état piteux, faute d’entretiens.
Le village est dépourvu de placettes publiques. La routine et l’absence de toute modernité agacent notamment la masse juvénile. Mis à part une antenne de la mairie, une petite salle de soins, qui ne répond pas à tous les besoins sanitaires des nombreux habitants du village, un CEM et deux écoles primaires, Abizar n’a rien à offrir d’autre que l’ennuie et le désœuvrement. Pourtant, à maintes reprises, les habitants ont précédé à des fermetures de l’APC pour réaffirmer leurs revendications, notamment leur alimentation en eau potable, l’aménagement et l’ouverture de pistes, la réalisation d’un réseau d’assainissement. Toutes les actions faites par les citoyens sont restées vaines. Et pour cause, la disposition même des constructions empêche toute tentative d’améliorer, un tant soit peu, les conditions des villageois. Piégés par des années de construction, sans plan urbain préétabli, les habitants d’Abizar payent, aujourd’hui, la conséquence de cette fuite en avant. « Beaucoup reste à faire pour notre village », nous dira une jeune adhérente à l’association culturelle « Amnay n Ubizar ».
 Entre autres revendications des jeunes, on cite le raccordement des foyers à la ligne téléphonique, afin qu’ils puissent avoir accès à l’Internet, une maison de jeunes pour y organiser les activités culturelles, des aires de jeux pour enfants, agrandir la salle de soins, mais surtout et avant tout doter le village d’un lycée, puisque l’unique établissement secondaire de la commune est très loin. Les jeunes villageois, livrés à l’oisiveté, se demandent déjà comment passer les vacances d’été qui s’approchent et par quelle manière combler les longues nuits ramadhanèsques. « Certes, nous dira un jeune villageois, depuis le retour de l’association Amnay Ubizar sur le terrain, on est gratifié, de temps en temps, par une certaine animation théâtrale et autres conférences, mais le lieu de la programmation laisse à désirer.
Tout se programme dans l’enceinte de l’école primaire, peu spacieuse, qui n’offre pas toutes les commodités pour ce genre d’activité. La volonté, à elle seule, ne peut pallier à toutes les insuffisances accumulées durant des années de mauvaise gestion ».  Par ailleurs, et malgré tous ces manques, des talents ont émergé, à l’image des chanteurs Medrouh Ferhat, Hamama Djillali, du plasticien Igheroussene Mansour, de l’écrivain Oubelil Youcef et autres.
« Abizar, dont le passé fut glorieux, mérite mieux que cet ensemble de battisses hideuses qui ne reflètent pas, en vérité, la dynamique qui anime ses jeunes et leur envie de vivre leur époque avec tout ce que cela signifie comme ancrage dans le présent et projection sur l’avenir », nous dira Da Mekhlouf, un habitant de la région.
 
Aït Slimane Amazigh

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