jeudi 13 novembre 2014

Islamic State Captives in Iraq: Prisoners Forced to Convert, Girls Forced to Marry - YouTube

Egalité homme femme chez les Kurdes syriens : un affront à l’Etat islamique
 
 
Les autorités locales de régions kurdes en Syrie ont promulgué un décret garantissant aux femmes les mêmes droits que les hommes, selon l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme (OSDH). Un décret aux allures "d’affront" pour les ennemis jihadistes qui sévissent dans la région. Les femmes yézidis, issues d’une minorité kurde, sont d’ailleurs les premières touchées par l’Etat islamique (EI). Enlevées, violentées, certaines ont réussi à s’échapper. Elles témoignent des horreurs qu'elles ont subies. 
Manifestation de soutien aux yézidis et chrétiens d’Irak à Paris, le 12 août 2014. Bertrand Guay /AFP
Elise Saint-Jullian avec AFP et France Info
"Les femmes et les hommes doivent être égaux (...) dans tous les aspects de la vie publique et privée", proclame le texte publié mercredi sur la page Facebook des autorités kurdes dans la province d'Hassaka, en Syrie.

Les Kurdes présents dans le nord-est de la Syrie étant parvenus à instaurer une sorte d'autonomie à la faveur du conflit déclenché en mars 2011, ils édictent leurs propres règles. Celles-ci s'appliquent à toutes les populations - y compris arabes - dans les trois "cantons" constituant leur région autonome, non reconnue par le régime de Damas. 


De nouveaux droits pour les femmes 

Ce nouveau décret en faveur de l’égalité homme/femme énumère une série de droits allant de l'interdiction de se marier avant 18 ans ou contre son consentement, aux conditions de travail et de rémunération, qui doivent être égales à celles des hommes, en passant le congé maternité garanti jusqu'au troisième enfant. Il condamne également les "crimes d'honneur", les "violences et discriminations" contre les femmes et interdit la polygamie.  

Enfin, le décret, garantit aux femmes les mêmes droits que les hommes en matière d'héritage, alors que, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les femmes kurdes syriennes ne touchaient jusqu'alors aucun héritage.  

Depuis 2013, les combats font rage entre Kurdes et jihadistes dans le nord-est de la Syrie. A la frontière turque, la ville kurde de Kobané est devenue le symbole de cette rivalité. Mille personnes ont péri, en majorité des jihadistes, depuis le début en septembre de l'offensive de l'EI sur cette localité. 


Un affront à l'EI
 

Ce décret est "un affront aux lois passées par le groupe Etat islamique (EI) qui sont extrêmement discriminatoires à l'égard des femmes", a estimé le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane. Et pour cause, le groupe détient depuis plusieurs mois de nombreuses femmes yézidis, une minorité kurde persécutée par Daech (acronyme arabe de l'Etat islamique), accusé de tentative de génocide de cette communauté par l’ONU en octobre dernier. Forcées d’apprendre par cœur les premiers versets du Coran, de se marier, vendues, violées, des anciennes esclaves de Daech capturées dans la région du Sinjar, ont récemment témoigné des sévices qu’elles ont subis au micro de France Info
La région du Sinjar, dans le nord de l'Irak, où ont été enlevées les jeunes filles. EMRAH YORULMAZ /AFP
Femmes yézidis, les esclaves de Daech 

"Ils nous traitaient très mal et très sévèrement, nous les femmes Yézidis. On était privées de nourriture. Ils ont violé toutes les filles yézidis. Ils vendaient des femmes, et chaque fille devait devenir la femme de 12 hommes de Daech." Ashma Ali, 19 ans. 

"Il m’a mis dans la chambre et tout ce qu’il pouvait me faire, il me l’a fait. J’ai été battue. Il ne voulait pas se marier, tout ce qu’il voulait c’était m’avoir pour lui et faire ce qu’il voulait avec moi." Aishé, 18 ans.  

"Ils prenaient les jolies filles alors on n’essayait de ne pas être belles. On ne prenait pas de douche et on ne portait pas les belles affaires qu’ils nous donnaient," Bassima, 10 ans. 


Le prix des femmes 

Ainsi témoignent les rares jeunes filles qui ont pu se libérer des jihadistes. 148 jeunes femmes se seraient échappées, selon les activistes du Centre contre le génocide créé à Dohuk pour collecter des récits et des preuves. La plupart expliquent qu’elles ont été triées selon leur âge avant d’être vendues.

Récemment, le site d’information Iraqi News déclarait s’être procuré des documents attestant des prix de vente pratiqués par Daech. Une information qui n’a pas encore été confirmée. Mais selon le document, les fillettes de moins de 10 ans seraient vendues à 200 000 dinars (138 euros), les femmes de moins de 20 ans 100 000 dinars (104 euros). Les jihadistes considèreraient qu’entre 30 et 40 ans une esclave vaut 75 000 dinars (52 euros) et une quadragénaire 50 000 dinars (35 euros). Des critères comme la couleur des yeux ou la qualité des dents entreraient également en compte. 

Se mutiler pour ne pas être violée 

Pour Canan Polat, militante féministe kurde travaillant à la fondation des Femme libres, ce sont plus de 5000 femmes kurdes qui ont été kidnappées par les jihadistes et vendues comme butin de guerre. Seulement 42 jeunes filles auraient réussi à s’échapper. Elle raconte aussi que les plus belles femmes doivent se mutiler, cacher leur beauté pour ne pas être violées ou vendues plusieurs fois.  

L’ONG Human Rights Watch, dans un rapport publié en octobre et une vidéo (voir ci-dessous) fait aussi état d’une montée grandissante de violences à l’encontre des Yézidis, après avoir recueilli les témoignages de 16 femmes ayant réussi à s’enfuir : "Nous avons entendu des histoires choquantes de conversions et de mariages forcés, d’agressions sexuelles et d’esclavage", a déclaré Fred Abrahams, conseiller de l’ONG.  

Les djihadistes ont eux justifié dans un numéro de leur magazine Dabiq, la vente de femmes et d'enfants yézidis comme esclaves sous prétexte de leurs "coutumes singulières" (selon une interprétation erronée de leur culte alliant des éléments de la Bible et du Coran, ils seraient des "adorateurs du diable").  


Vidéo de l'ONG Human Rights Watch sur les captives de l'EI

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