lundi 12 janvier 2015

Relevons-le tout de suite : c’est une marche historique du MAK à Tizi-Ouzou aujourd’hui à l’occasion de Yennayer 2965. Une marche historique tant par le nombre impressionnant de manifestants, tant par la cohésion des rangs, tant par le nombre important de personnalités intellectuelles ayant répondu à l’appel du MAK, tant par le haut degré de maturité dont fait preuve les manifestants et, enfin, le discours d’une très haute teneur fait par Bouaziz Aït-Chebib à la place de l’ex-Mairie, le point de chute de la marche laquelle a démarré à partir du portail de l’université Hasnaoua, comme de coutume d’ailleurs.
12/01/2015 - 19:10 mis a jour le 13/01/2015 - 07:42 par Saïd Tissegouine
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Notons également tout de suite qu’une délégation de Ghardaïa, à sa tête, Djamel-Eddine Fekhar, a fait partie des manifestants. Les M’zab ont marché aux côtés du Président du MAK, Hocine Azem, Saïd Laïmchi, Kamel Chetti, Kamera Aït-Sid, Fatiha Rahmouni et de tant d’autres cadres et dirigeants du MAK.
Il y a lieu de signaler également que les forces de l’ordre, sur injonction d’Alger, n’ont songé à bloquer la circulation automobile sur l’axe que devaient emprunter les marcheurs qu’au moment où elles ont constaté une véritable déferlante humaine et, surtout, la volonté inébranlable de marcher. 
Les calculs tordus et stupides du pouvoir étaient de créer la colère chez aussi bien les manifestants que chez les automobilistes d’où une petite échauffourée pour justifier la répression de la manifestation. Coup d’épée dans l’eau, car ni les automobilistes ni les manifestants n’ont été assez maladroits pour marcher dans cette combine machiavélique et aucunement intelligente.
C’est donc dans le calme et le pacifisme les plus indiscutables que la marche s’ébranla à partir de Hasnaoua jusqu’à l’ex-Mairie avec l’observation de deux principales haltes, marquées par une observation d’une minute de silence. La
première a eu lieu à mi-chemin entre le stade du Premier Novembre I994 et le point de départ. Cette halte a été observée en hommage à la mémoire du journaliste, Mouh-Achour Belgheli, assassiné par les hordes terroristes au même endroit le 27 février 1997. La seconde a eu lieu à la rue Lamalie, à la hauteur du quartier les Genêts. Cette deuxième halte a été l’occasion de rendre hommage à la mémoire de Lounès Matoub, les martyrs du Printemps Noir et de tous qui ont donné leur vie pour l’honneur et la liberté.
Quant aux slogans scandés, ils sont nombreux. Certains à la gloire de la Kabylie et de Ferhat M’henni et d’autres hostiles au pouvoir. Et parallèlement aux slogans, beaucoup de portraits ont été exhibés par les manifestants. C’est le cas effectivement de feux Ameziane M’henni, Mustapha Ourad, M’barek Aït-Menguellet, Amar Ould-Hammouda, Benaï Ouali, et de tant d’autres martyrs. Notons aussi qu’à fur et
à mesure que la marche prospectait, des hommes et des femmes s’y joignaient.
Chaque kabyle, homme ou femme, s’est reconnu dans cette manifestation même si officiellement il n’est pas adhérent du MAK. Une fois atteint le point de chute, la foule, déjà immense, se compacta de nouveau. Il faut reconnaître aussi que le discours de Bouaziz Aït-Chebib, dont la voix a été amplifiée par le mégaphone, a été pour beaucoup dans le nouveau « gonflement » dans rangs des manifestants. En effet, avec une voix plus que jamais solennelle, le Président du MAK a, encore une fois, « cassé la baraque ». Ceci lui a valu grande reconnaissance citoyenne laquelle a été traduite par des applaudissements et des « bravo ».
En parfait tribun, Bouaziz Aït-Chebib commença par mettre en avant cette journée de Yennayer qui « nous a tous regroupés. Ensuite, le Président du MAK reformula la revendication du peuple kabyle qui n’est autre que sa volonté farouche de vivre dans la liberté et dans la dignité, choses qui ne peuvent être concrétisées que dans le cadre de l’autodétermination de la Kabylie. « Un peuple sans Etat ne peut que disparaître ; et nous, les Kabyles nous ne voulons pas disparaître ! », a crié l’orateur.
Ensuite Bouaziz Aït-Chebib dévoilera certaines vérités devant la foule qui écoutait religieusement. Il commencera par ouvrir le dossier portant l’affaire « Charlie Hebdo ». Le président du MAK se félicitera de la grande mobilisation citoyenne faite en outre-mer suite à l’odieux assassinat qui a ciblé le journal satirique français, mais, au même temps dénoncera l’hypocrisie sans borne de la classe politique et intellectuelle française. En effet, parmi les victimes de cet odieux attentat qui a ciblé le journal satirique, figuraient des victimes kabyles mais leurs noms ont été tus par les différents commentateurs. Ensuite, cette France dite « pays de liberté » aurait dû se mobiliser contre l’hydre islamique et terroriste juste après l’assassinat de Tahar Djaout. Bouaziz Aït-Chebib mettra également la France au pilori qui, forte de plus de 60 millions d’habitants, n’a réussi qu’à faire sortir dans la rue 2,5 millions de manifestants. « Nous, le peuple kabyle, avec seulement 7 millions d’habitants, nous avons marché sur Alger avec 3 millions de citoyennes et citoyens ». l’orateur ajouta : « En matière de démocratie, nous n’avons de leçon à recevoir de personne ! C’est ici chez-nous, en pays kabyle que cet Occident, qui prétend aujourd’hui se nourrir de la démocratie et du respect des droits de l’Homme, s’en est inspiré. La démocratie et le respect des droits de l’Homme existent en Kabylie depuis des millénaires ! ».
Une fois la France avec sa politique de deux poids, deux mesures, mise au pilori, le Président du MAK revient aux actes barbares commis en Kabylie, et ce sous le silence du monde. Il commence par citer le cas du footballeur Ebossé. « Ebossé, a crié l’orateur, a été assassiné par le pouvoir algérien ». Dans cette affaire Ebossé, le patron de la JSK, Moh-Cherif Hannachi recevra une attaque au vitriol de la part de Bouaziz Aït-Chebib. Il sera qualifié de paria et de renégat de la Kabylie. Quant à l’assassinat d’Hervé Gourdel, le Président du MAK accusera, encore une fois et publiquement, la France et Alger d’en être les auteurs. Notons que dès les premiers jours ayant suivi l’assassinat du citoyen français, Hervé Gourdel, les milieux universitaires et intellectuels ont désigné la DGSE (services secrets français) d’en avoir été les principaux investigateurs, lesquels ont joui toutefois de la complicité de certains de leurs serviteurs et liges algériens. Une certaine presse, arabophone notamment, et naturellement Louiza Hannoune, la petite écervelée, n’ont pas échappé à la critique du Président du MAK. Le reproche que leur a fait Bouaziz Aït-Chebib n’est autre que leurs accusations incessantes et stupides qu’ils portent à l’endroit du MAK. Louiza Hannoune, l’harpie et ingénue politique a accusé effectivement le MAK d’avoir été derrière la liquidation physique d’Hervé Gourdel, d’être derrière les événements tragiques de Ghardaïa, d’être le bras, l’oeil, l’oreille, la quenelle, etc, des puissances étrangères. Et aujourd’hui encore, le passage réservé à la Dame du Parti des Travailleurs a fait beaucoup rire la foule. (Il est vrai que de nos jours, le nom de Louiza Hannoune est associé en Kabylie à la bêtise).
Avant de céder la parole à une multitude d’autres intervenants (es), Bouaziz Aït-Chebib est d’abord revenu sur la peur d’Alger de perdre la Kabylie. « Si ce n’est pas vraiment le cas, qu’on organise donc un référendum et laisser les Kabyles choisir leur destin ! ». A cet énième défi lancé par le premier responsable du MAK à l’endroit du pouvoir, la foule a scandé « Kabylie autonome ! Kabylie autonome ! ».
Le deuxième personnage à prendre la parole est Djamel-Eddine Fekhar. Ce responsable M’zab apportera des éclaircissements sur la situation délétère que vit son peuple. Et bien sûr, Djamel-Eddine Fekhar accusera le pouvoir d’être le responsable.
Après lui, se succéderont Samira Mehdi, Djafar Khenane, Kamera Naït-Sid et Hocine Azem. Celui-ci attirera l’attention des Kabyles sur le produit et la nature culturelle destinés par le pouvoir aux Kabyles. Dans ce sens, Hocine Azem jettera la pierre sur la Radio de Tizi-Ouzou et sa consoeur, Radio-Soummam. Hocine Azem les accusera de servir d’outils d’expression au seul profit de la clientèle du régime. 
Djafar Khenane a de son côté martelé que Yennayer est désormais une fête nationale en Kabylie , il n’a pas besoin de reconnaissance de l’Etat algérien qui dénie au peuple Kabyle son droit à l’existence.
Samira Mehdi, a enchanté le public avec un poème qui relate les différentes étapes traversées par le peuple kabyle dans sa quête de liberté.
Kamira Nait Sid, Vice-présidente du CMA, a tenu un discours rassembleur en insistant sur le fait que l’union soit en mesure de mener le peuple kabyle à l’avènement de son Etat et par voie de conséquence à la réconciliation de Tamazgha avec son histoire à travers l’instauration de plusieurs Etats Amazighs en Afrique du nord à l’image de la Kabylie.
S’agissant en fin de Mouloud Hamrani qui a pris le rôle de modérateur a lancé un appel aux citoyens pour organiser un rassemblement le 24 de ce mois devant la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou pour dénoncer sa politique de travail culturel. Sur ce, Mouloud Hamrani, de sa voix calme, décla la fin de la manifestation et invita dès lors les manifestants à se disperser dans le calme. Chose faite d’ailleurs comme attendue par les organisateurs.
Addenda : Le cadre et militant du MAK, Boussad Becha a eu pour mission, dont il s’acquitta fort bien d’ailleurs, de la vulgarisation de la carte nationale d’identité kabyle. A cet effet, il impliqua même la presse. Il va sans dire que l’adhésion pour la possession de la CNI kabyle fut des plus fortes et des plus pressantes. Il y a eu même des bousculades. Normal, puisque cette pièce est la première symbolique de l’autodétermination de la Kabylie.

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