Afrique du Nord entre identité et prédation
«On définit le passé, commande l’avenir», remarquait à juste titre un écrivain politique. Et, c’est pour cette raison que le passé du sous continent nord africain a été travesti pendant la colonisation européen
ne. Pour des objectifs similaires cela perdure depuis les indépendances. Cette fois au profit d’une oligarchie autochtone. Les colonialistes Espagnols, Français, Turcs, Italiens, en quête de légitimité pour piller en toute bonne conscience nos ressources naturelles et exploiter notre potentiel humain se sont acharnés à effacer notre histoire propre, à nier notre identité propre : l’identité amazighe...berbère.
ne. Pour des objectifs similaires cela perdure depuis les indépendances. Cette fois au profit d’une oligarchie autochtone. Les colonialistes Espagnols, Français, Turcs, Italiens, en quête de légitimité pour piller en toute bonne conscience nos ressources naturelles et exploiter notre potentiel humain se sont acharnés à effacer notre histoire propre, à nier notre identité propre : l’identité amazighe...berbère.
Ils prétextaient que notre terre était une terre vacante; un appendice de l’empire romain, civilisateur, une terre qui tombera sous la férule de fanatiques islamiques pendant des siècles.
Dans cette optique, les expéditions coloniales n’auraient fait que restituer ces contrées à leurs anciens propriétaires d’extraction romaine. En somme les conquêtes coloniales ne seraient - au mieux- qu’une opération de réappropriation et -au pire - une reconquête de terres entre les mains de conquérants.
Dans cette optique, les expéditions coloniales n’auraient fait que restituer ces contrées à leurs anciens propriétaires d’extraction romaine. En somme les conquêtes coloniales ne seraient - au mieux- qu’une opération de réappropriation et -au pire - une reconquête de terres entre les mains de conquérants.
Mais voilà, au prix de décennies de résistances et au vu d’une recomposition, des relations internationales après la seconde guerre mondiale, l’ordre colonial s’effondrait.
D’aucun pensaient certainement - rêvaient surement - que les mouvements indépendantistes allaient déboucher sur une libération sociale, remettre notre sous continent sur les rails de l’histoire. Que non ! Des segments de notre propre société, usant de tous les subterfuges, de tous les moyens coercitifs, autant politiques que militaires se sont accaparés du pouvoir pour l’exercer à leur profit; c'est-à-dire s’attribuer une rente, se permettre des privilèges parfois plus exorbitants que ceux que se permettaient les colonisateurs.
En somme; retour à la case de départ ! Cette fois, le prédateur n’est plus l’étranger mais l’autochtone… de connivence avec celui qui n’appartient pas à la nation. Les mêmes objectifs incitaient à la même démarche, il fallait à ces derniers se construire une pseudo légitimité pour justifier leur action, renforcer leur appareil répressif et endiguer toute résistance, surtout, briser l’émergence d’une rationalité dans les modes de pensée et celle d’une économie performante.
Rappelons-nous le cardinal Lavigerie (en Algérie, fin du 18ième siècle) interpelé sur la nécessité de christianiser l’Algérie, avait répliqué «enfermez les (les indigènes) dans leur Coran en l’instrumentalisant… Pas de pensée moderne !
Aujourd’hui aussi on reproduit le même processus. D’ailleurs, toutes les gouvernances du Maghreb dit ‘’honteusement arabe’’ vont renier leur passé amazigh, le vouer aux gémonies et se revendiquer arabes et musulman, Elles vont commettre l’imposture de glorifier des archaïsmes sous couvert de recouvrement de notre personnalité et surtout propulser l’intégrisme multiple pour contrecarrer les courants moderniste sous prétexte d’édifier une société originelle et autonome.
Les moyens utilisés ? Ils sont classiques, l’effondrement du système de formation, l’instrumentalisation du religieux dans la recherche d’une cohésion sociale, l’étouffement de toute initiative autonome des masses, le surarmement pour pouvoir briser toute velléité de contestation. Quant à l’identité amazigh ; ils n’en ont cure !
Au fur et à mesure, les contradictions de ce système se faisaient jour et cessaient d’être des disfonctionnements pour devenir un mode de fonctionnement. Alors pendant que le discours officiel était à la morale et au patriotisme, les classes dirigeantes s’adonnaient à l’ouverture de comptes en banques à l’étranger tout en achetant des protections de grandes puissances.
Petit à petit ces classes dirigeantes se disqualifiaient; leur échec à maintenir une cohésion sociale était avérée. Nous sommes très, très loin d’une société de savoir présentant les potentialités à même de participer à la marche de l’histoire.
D’aucuns attribuent cette imposture à l’islamisme ambiant, cela n’est sans doute pas faux. Mais peut être fait-il exercer plus de discernement dans ce type d’approche. Le discourt, de ceux qui se refusent à toute évolution, qui se répond n’es-il pas la face immergée d’un iceberg, qui lui, est arabiste ? En fait, ce qui est fondamental chez les tenants de ces conceptions rétrogrades, c’est l’ancrage et l’extension d’une identité essentiellement venue d’ailleurs…laquelle constitue la masse principale de l’iceberg, une identité meurtrière pour reprendre l’expression d’Amine Malouf…Une identité débarrassée de scories, d’une « pureté dangereuse ». A l’examen, El Qaida, Daech, Boko Haram, tous ces groupuscules se revendiquaient d’extraction arabe et ne sont musulmans que dans un cadre qui leur sied. L’islam n’est qu’une simple couverture idéologique.. Loin de moi l’idée de prétendre qu’ils ne sont pas musulmans pacque je ne prétends pas établir une démarcation entre un vrai et un faux islam. J ’affirme seulement que ces derniers sont mus par une obsession pan arabiste « Michel Afnak » .
Certes, à court terme ils sont objectivement les alliés des pouvoirs en place.. Les garants des intérêts occidentaux parce qu’ils brident leur propre société en endiguant tout développement et en stérilisant toute forme de culture. Mais dans le même mouvement, les pouvoirs en place se fragilisent et précipitent le chaos. Hélas, les mesures de redressements ne sont toujours pas à l’ordre du jour.
Assumez notre identité amazigh, faire des langues porteuses de savoir (notamment l’anglais), des langues d’enseignement, construire un Etat de type civil et non plus militaire ou policier, rétablir la femme dans ses droits sociaux, sont là quelques conditions d’une cohésion sociale assurée.
On n’en prend pas le chemin, tant la déliquescence prend des proportions alarmantes. La situation de vient de plus en plus incontrôlable. Les guerres civiles qui perdurent en Irak, en Syrie, en Libye, en Somalie, au Nigéria, en Egypte, peuvent dégénérer en catastrophes plus grandes.
Des nuages, lourds de menaces s’amoncèlent au dessus de notre sous continent. Certains ont même éclaté. Une plus forte tempête s’annonce. Saura-t-on l’endiguer à temps? Réaménager fondamentale ment les rapports sociaux?
*Madjid Ait Mohamed
* Membre Fondateur de la Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme
* Membre du Mouvement Culturel Berbère (1980)
* Ancien détenu politique
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