vendredi 3 avril 2015

« C’est grâce à la femme que notre langue existe toujours » | Tamurt.info

L’artiste peintre Lyazid Chikdene pour Tamurt.info :
Le jeune artiste peintre Kabyle, Lyazid Chikdene, continue à s’illustrer en France avec ses tableaux. Des œuvres qui mettent en exergue la Kabylie et la femme Kabyle. Sollicité par plusieurs manifestations culturelles en France, Lyazid ne rate aucune occasion pour exposer ses oeuvres. Il regrette, par contre, que les arts plastiques ne sont pas valorisés en Kabylie.
31/03/2015 - 00:00 mis a jour le 30/03/2015 - 23:02 par Saïd F
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Tamurt-Info : Vous êtes l’un des artistes peintres Kabyles les plus illustres de ces dernières années. Quels messages véhiculent vos œuvres ?
Lyazid Chikdene : A ce jour, mes peintures sont de style figuratif qui ne nécessite pas de décryptage pour les comprendre. Les messages se diversifient selon les thèmes qui me tiennent à cœur et que j’essaie d’illustrer à ma manière avant de les partager avec le public. Peindre c’est aussi tenter d’ôter la banalité à une réalité qui est souvent un point de départ.
Tamurt.info : La femme Kabyle est omniprésente dans vos tableaux. Une manière pour vous de lui rendre hommage ou tout simplement par effet de nostalgie ?
Lyazid Chikdene : Ce n’est pas un effet de nostalgie, la femme est omniprésente dans la vie sociale avec les divers rôles qu’elle assure depuis la nuit des temps. Elle mérite un hommage car c’est l’une des rares ‘composantes’ qui a résisté le plus aux différentes vagues d’acculturation et mutations subies par la société Kabyle et c’est à travers elle que certaines de nos traditions subsistent encore à commencer par la langue. En peinture, la femme constitue le sujet qui distingue le plus la Kabylie. Il suffit parfois d’illustrer une femme habillée en robe Kabyle dans un n’importe quelle scène de paysage montagneux même de corse ou de Grèce, pour croire que vous êtes en Kabylie.
Tamurt.info : Vos tableaux sont-ils conçus pour mettre en relief l’identité Kabyle ?
Lyazid Chikdene : Je puise dans mon vécu et dans mon environnement en tant qu’enfant de la Kabylie. je ne peux que me réjouir si des kabyles s’identifient ou se reconnaissent dans des tableaux où j’illustre le thème de la Kabylie sans pour autant être prétentieux. La Kabylie a toujours inspiré des peintres même à l’époque de la colonisation Française et ce n’est pas par hasard car, la Kabylie par son paysage rustique, montagneux, ses lumières éclatantes, dispose de toutes les caractéristiques permettant d’en faire une composition artistiquement distincte.
Tamurt.info : On ne vous voit pas en Kabylie alors que vous avez participé à plusieurs manifestations artistiques en France, pourquoi ?
Lyazid Chikdene : Je vis en France c’est plus pratique pour ne pas dire plus facile pour moi de m’organiser ici, mais c’est dans mes projets d’exposer en Kabylie dans peu de temps si tout se déroule bien. A ma connaissance, Il manque des festivités dédiées aux arts plastiques qui peinent à se distinguer malgré l’armada des fêtes qui se succèdent tout au long de l’année dans la région (tant mieux d’ailleurs), souhaitant tout de même que la peinture trouve un jour une grande manifestation qui lui sera consacrée.
Tamurt.info : On dit souvent que les artistes peintres sont victimes de leurs modesties. Etes-vous de cet avis ?
Lyazid Chikdene : La peinture est un art qui n’expose pas personnellement l’artiste dont la parole est portée plutôt par ses œuvres, donc généralement, le peintre malgré tout le succès qu’il pourrait avoir, restera dans une sorte d’anonymat que l’on peut confondre à tort où à raison avec la modestie.
Tamurt.info : Que pensez-vous en tant qu’artiste Kabyle de la manifestation « Constantine capitale de la culture arabe » ?
Lyazid Chikdene : J’ignore complétement son contenu, mais dans l’appellation elle-même on sent une connotation idéologique flagrante, mais ce n’est pas la première de ce genre. La question que je me pose c’est que reste-t-il vraiment de Berbère dans Constantine hormis les vestiges historiques et quelques Berbères réduits à une minorité quasi invisible !
Interview réalisée par Saïd F.

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