La question amazighe et les droits des minorités en Europe
L’Association Culturelle Corso-Berbère, association d’amazighs en Corse, depuis le 13 janvier 2008 nos activités portent sur des objectifs tels qu’ils sont mentionnés dans ses statuts :
- Aider les populations issues de l’immigration à assumer leur culture d’origine au sein de la culture corse et française en offrant des passerelles entre les différentes cultures méditerranéennes ;
- Établir des partenariats avec toutes autres associations afin de renforcer le sentiment d’appartenance à un réseau de culture dans le respect de la diversité des cultures nationales et régionales ;
- Prévenir et combattre toutes les formes de violence, de discrimination et de racisme.
Pour le député européen d’Europe Ecologie François ALFONSI, élu de la région Corse, la question berbère doit être prise en compte par l’Union Européenne au nom des droits reconnus par les Conventions Européennes et Internationales.
L’UE entretient une politique de coopération avec les Etats d’Afrique du Nord (Maghreb). Cette politique de coopération doit considérer la question Amazigh ; et exiger de ces Etats de revoir leur politique linguistique en Afrique du Nord et pour leurs diasporas.
François ALFONSI, Député Européen et Président du Friendship Euro-Amazigh, nous a permis de participer à la rencontre-débat le 15 décembre 2011 à Paris au cours de laquelle a été évoqué la situation en Libye, en présence de Mme Eva JOLY député européen, candidate aux élections présidentielles françaises de 2012 et en présence de Fathi N’YT KHALIFA Président actuel du Congrès Mondial Amazigh.
Le 1er juin 2011 le Parlement Européen a reçu une délégation libyenne ayant à sa tête l’opposant Amazigh Fathi n’yt Khalifa dans le but de trouver une solution concernant l’isolement de la région de l’ouest libyen notamment Adrar Nafoussen.
Le Friendship Euro-amazigh a contribué largement dans la prise de position de l’OTAN. La proposition de cette délégation de créer un corridor humanitaire dans la région ouest libyenne a contribué à la mise en oeuvre d’un engagement qui s’est traduit par les pilonnages de positions stratégiques alors aux mains du régime khadafiste.
La prise de deux postes frontaliers par les rebelles amazighs a accéléré l’effondrement du régime et la chute de la capitale Tripoli.
Le Président du CMA nous a cependant fait part de ses inquiétudes car :
Aujourd’hui la Libye est « libre » ; mais le Conseil National de Transition (le CNT) mis en place dans la Libye de l’insurrection est toujours en place et semble avoir oublié que la révolution est finie et qu’il doit rendre la clef de l’Etat aux Libyens qui sont les seuls habilités à décider du devenir de la Libye.
La plupart des membres du CNT sont par ailleurs des membres de l’ancien régime.
Aucun membre n’a démissionné de son poste.
Le CNT, qui n’a pas été élu par le peuple en droit de choisir ses représentants par des élections démocratiques, se permet aujourd’hui de proposer un gouvernement et un projet de constitution.
Projet établi sans aucune consultation préalable, qui manque de clarté, qui dans son Article 1 considère la Charia comme étant la seule source des lois et qui dans son l’Article 16 déclare que le CNT est la plus haute autorité de la Libye.
Aucun article de ce projet ne mentionne Tamazight ni le peuple amazigh ; aucun article ne mentionne la société civile ; aucun article ne mentionne les droits de la femme ni les droits de la famille.
Quant à la Candidate Europe Ecologie, sa position en faveur des langues minoritaires vient de son vécu personnel en Norvège, où « le saami » était interdit et considéré comme langue inférieure avant d’être pris en charge par l’Etat Norvégien dans une politique volontariste dans les années 50 pour sauver cette langue.
Une université a été crée à 700 km de la capitale Oslo, des recherches linguistiques ont été élaborées, des budgets ont été octroyés, des aides aux familles ont été allouées dans le but de parler et sauvegarder la langue.
Ce récit personnel d’Eva Joly montre clairement que l’intégration passe par le sauvetage des langues et la réussite de la Norvège dans ce domaine n’est plus à démontrer et la candidate a d’ores et déjà pris position en faveur de la culture amazighe « si nous sommes aux affaires la langue amazighe sera enseignée en France. »
La langue et la culture amazighes, se trouvent dans une situation de marginalisation par le fait de régimes non démocratiques qui ont fait de l’arabisation des berbères un objectif d’Etat.
Elles subissent une situation de discrimination politique, économique, sociale.
En Corse, le journal Corse-Matin du mercredi 8 octobre 2008 dans sa rubrique Corse-infos rapportait une interview dans son article intitulé « la Communauté Marocaine affiche 30 000 ressortissants ».
Selon les Services consulaires questionnés, sur le chiffre avancé, la moitié de ces ressortissants marocains ont la nationalité française, 90% sont issus de l’immigration du Rif marocain, terre berbère et donc de langue et de culture amazighes.
Mais paradoxalement en Corse, l’Education Nationale propose aux enfants de ces immigrés dans le cadre de la coopération culturelle bilatérale France-Maroc…. des cours d’Arabe !
Des questions se posent dès lors :
- La France est elle au service de l’Arabisation et de la Ré-Islamisation des amazighs ? Pourquoi mettre en place une telle structure en langue arabe, de surcroit l’Arabe Classique, qui n’est la langue maternelle d’aucun peuple d’Afrique du Nord ?
- La France respecte-t-elle les conventions européennes sur le respect des peuples, des minorités et de leurs langues maternelles ?
Le Maroc vient de reconnaitre dans sa nouvelle Constitution la dimension Amazigh, et Tamazight, la langue des amazighs, est dorénavant une langue officielle d’Etat.
Il n’y a donc aucune raison pour qu’un pays tel que la France continue dans sa politique d’ignorance de notre communauté.
Nous demandons aux Autorités Régionales de la Corse, où se trouve une communauté amazigh considérable, la mise en place d’une structure d’apprentissage de la langue maternelle Tamazight, au lieu d’imposer une langue qui ne leur appartient pas, la langue Arabe…. et, de surcroit l’Arabe classique… !
Cette révision linguistique ne peut qu’être bénéfique de part et d’autre.
La politique d’arabisation menée par les Etats d’Afrique du Nord est dans l’impasse. C’est une grosse bêtise politique qu’ont connue ces Etats dans les années 1970 !
Au lendemain de la récente victoire du Parti de la Justice et du Développement (PJD) aux élections législatives marocaines, Tahar Ben Jelloun écrit : « L’islamisme marocain a été fabriqué depuis longtemps. On peut dater son émergence avec la politique irresponsable d’arabisation de l’enseignement dans le sens d’un monolinguisme où tout a été confié à la pensée islamique. Je me souviens en 1971 avoir quitté mon poste de professeur de philosophie le jour où le ministère de l’intérieur décida d’arabiser cet enseignement dans le but non avoué de limiter l’accès des élèves marocains aux textes jugés subversifs de la philosophie qui s’enseignait à l’époque en français. »
La langue et la culture Amazighes sont laïques de nature, issues du peuple, et sont un rempart contre l’intégrisme ; le fanatisme est impossible en Tamazigh (Berbère), elle est la langue du rire, de l’imaginaire, de la littérature, de la poésie, de la terre, la langue d’une civilisation millénaire.
Ibrahim MESSOUD
Association Culturelle Corso-Berbère
La question amazighe et les droits des minorités en Europe
- Aider les populations issues de l’immigration à assumer leur culture d’origine au sein de la culture corse et française en offrant des passerelles entre les différentes cultures méditerranéennes ;
- Établir des partenariats avec toutes autres associations afin de renforcer le sentiment d’appartenance à un réseau de culture dans le respect de la diversité des cultures nationales et régionales ;
- Prévenir et combattre toutes les formes de violence, de discrimination et de racisme.
L’UE entretient une politique de coopération avec les Etats d’Afrique du Nord (Maghreb). Cette politique de coopération doit considérer la question Amazigh ; et exiger de ces Etats de revoir leur politique linguistique en Afrique du Nord et pour leurs diasporas.
François ALFONSI, Député Européen et Président du Friendship Euro-Amazigh, nous a permis de participer à la rencontre-débat le 15 décembre 2011 à Paris au cours de laquelle a été évoqué la situation en Libye, en présence de Mme Eva JOLY député européen, candidate aux élections présidentielles françaises de 2012 et en présence de Fathi N’YT KHALIFA Président actuel du Congrès Mondial Amazigh.
Le 1er juin 2011 le Parlement Européen a reçu une délégation libyenne ayant à sa tête l’opposant Amazigh Fathi n’yt Khalifa dans le but de trouver une solution concernant l’isolement de la région de l’ouest libyen notamment Adrar Nafoussen.
Le Friendship Euro-amazigh a contribué largement dans la prise de position de l’OTAN. La proposition de cette délégation de créer un corridor humanitaire dans la région ouest libyenne a contribué à la mise en oeuvre d’un engagement qui s’est traduit par les pilonnages de positions stratégiques alors aux mains du régime khadafiste.
La prise de deux postes frontaliers par les rebelles amazighs a accéléré l’effondrement du régime et la chute de la capitale Tripoli.
Le Président du CMA nous a cependant fait part de ses inquiétudes car :
Aujourd’hui la Libye est « libre » ; mais le Conseil National de Transition (le CNT) mis en place dans la Libye de l’insurrection est toujours en place et semble avoir oublié que la révolution est finie et qu’il doit rendre la clef de l’Etat aux Libyens qui sont les seuls habilités à décider du devenir de la Libye.
La plupart des membres du CNT sont par ailleurs des membres de l’ancien régime.
Aucun membre n’a démissionné de son poste.
Le CNT, qui n’a pas été élu par le peuple en droit de choisir ses représentants par des élections démocratiques, se permet aujourd’hui de proposer un gouvernement et un projet de constitution.
Projet établi sans aucune consultation préalable, qui manque de clarté, qui dans son Article 1 considère la Charia comme étant la seule source des lois et qui dans son l’Article 16 déclare que le CNT est la plus haute autorité de la Libye.
Aucun article de ce projet ne mentionne Tamazight ni le peuple amazigh ; aucun article ne mentionne la société civile ; aucun article ne mentionne les droits de la femme ni les droits de la famille.
Une université a été crée à 700 km de la capitale Oslo, des recherches linguistiques ont été élaborées, des budgets ont été octroyés, des aides aux familles ont été allouées dans le but de parler et sauvegarder la langue.
Ce récit personnel d’Eva Joly montre clairement que l’intégration passe par le sauvetage des langues et la réussite de la Norvège dans ce domaine n’est plus à démontrer et la candidate a d’ores et déjà pris position en faveur de la culture amazighe « si nous sommes aux affaires la langue amazighe sera enseignée en France. »
La langue et la culture amazighes, se trouvent dans une situation de marginalisation par le fait de régimes non démocratiques qui ont fait de l’arabisation des berbères un objectif d’Etat.
Elles subissent une situation de discrimination politique, économique, sociale.
Selon les Services consulaires questionnés, sur le chiffre avancé, la moitié de ces ressortissants marocains ont la nationalité française, 90% sont issus de l’immigration du Rif marocain, terre berbère et donc de langue et de culture amazighes.
Mais paradoxalement en Corse, l’Education Nationale propose aux enfants de ces immigrés dans le cadre de la coopération culturelle bilatérale France-Maroc…. des cours d’Arabe !
Des questions se posent dès lors :
- La France est elle au service de l’Arabisation et de la Ré-Islamisation des amazighs ? Pourquoi mettre en place une telle structure en langue arabe, de surcroit l’Arabe Classique, qui n’est la langue maternelle d’aucun peuple d’Afrique du Nord ?
- La France respecte-t-elle les conventions européennes sur le respect des peuples, des minorités et de leurs langues maternelles ?
Le Maroc vient de reconnaitre dans sa nouvelle Constitution la dimension Amazigh, et Tamazight, la langue des amazighs, est dorénavant une langue officielle d’Etat.
Il n’y a donc aucune raison pour qu’un pays tel que la France continue dans sa politique d’ignorance de notre communauté.
Nous demandons aux Autorités Régionales de la Corse, où se trouve une communauté amazigh considérable, la mise en place d’une structure d’apprentissage de la langue maternelle Tamazight, au lieu d’imposer une langue qui ne leur appartient pas, la langue Arabe…. et, de surcroit l’Arabe classique… !
Cette révision linguistique ne peut qu’être bénéfique de part et d’autre.
La politique d’arabisation menée par les Etats d’Afrique du Nord est dans l’impasse. C’est une grosse bêtise politique qu’ont connue ces Etats dans les années 1970 !
Au lendemain de la récente victoire du Parti de la Justice et du Développement (PJD) aux élections législatives marocaines, Tahar Ben Jelloun écrit : « L’islamisme marocain a été fabriqué depuis longtemps. On peut dater son émergence avec la politique irresponsable d’arabisation de l’enseignement dans le sens d’un monolinguisme où tout a été confié à la pensée islamique. Je me souviens en 1971 avoir quitté mon poste de professeur de philosophie le jour où le ministère de l’intérieur décida d’arabiser cet enseignement dans le but non avoué de limiter l’accès des élèves marocains aux textes jugés subversifs de la philosophie qui s’enseignait à l’époque en français. »
La langue et la culture Amazighes sont laïques de nature, issues du peuple, et sont un rempart contre l’intégrisme ; le fanatisme est impossible en Tamazigh (Berbère), elle est la langue du rire, de l’imaginaire, de la littérature, de la poésie, de la terre, la langue d’une civilisation millénaire.
Ibrahim MESSOUD
Association Culturelle Corso-Berbère
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