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Voter c'est trahir
dim, 2012-04-15 23:48 -- Samia Ait Tahar
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République Islamique Algérienne Anti-démocratique et Impopulaire
Voter, c’est choisir l’une des options que le système s’est donné de poursuivre son règne. Voter, c’est en reconnaître la légitimité. Voter, c’est l’acte par lequel on abdique son pouvoir pour le donner à un représentant qui ne fera rien d’autre que défendre ses intérêts, très exactement opposés au nôtres.
Ce n’est pas par un vote que l’on construit un système démocratique ou un ordre social juste, ni même différent. C’est à travers les luttes populaires, les mobilisations et le travail des masses que l’on réforme les systèmes. Le vote est un acte très cher dans certains pays de la terre, mais il fait écho à des années de lutte, de répression, d’organisation et de résistance populaire. Mais dans des pays où le droit de vote n’est pas le résultat d’un combat, il s’identifie à un protocole parachuté et est, par une juste continuation des choses, vide de sens.
Le vote prendra un sens pour nous les Kabyles lorsqu’il sera l’aboutissement d’une lutte des masses, c'est-à-dire de la lutte des femmes, des ouvriers, des chômeurs, de tous les groupes sociaux perdus et marginalisés, pour un pouvoir populaire au service des intérêts de son peuple. Le vote dans un tel système sera sacralisé par le sacrifice qu’aura couté l’édification d’un nouveau système, pour reprendre Kateb. Ce n’est que dans ce nouveau système que le vote aura un sens.
Le seul pouvoir qui reste effectivement au peuple dans ces conditions, c’est le boycotter. C’est là que le peuple commencer à devenir menaçant pour ses répresseurs, puisque le système ne tient que tant que le peuple le reconnaît. Bien sûr que nous aurions aimé que le très probable boycott kabyle des élections de Mai 2012 soit un acte politiquement conscient, et pas uniquement une abstention fataliste. Nous aurions aimé voir un boycott pour dire « non, nous voulons autre chose » plutôt qu’un boycott qui dit « bof et puis ca changera quoi ». La faute incombe bien entendu à la honteuse absence des partis et mouvements de masse sur le terrain kabyle ; l’abandon politique du peuple kabyle l’a effectivement lourdement dépolitisé. Mais même lorsque l’acte de vote abstentionniste n’est pas politiquement conscient, il est un pas appréciable, car il prouve le rejet de toutes les facettes politiques du système et signe ainsi une rupture officielle avec ce système.
Pris dans une dynamique dialectique, le boycott est incontestablement le signe de maturité du peuple en question pour aller vers la construction prochaine d’un système gestion qui s’engagera à défendre ses intérêts. Tout ce dont a besoin la Kabylie, c’est une structure politique et populaire qui saura canaliser l’immense potentiel de rejet du système actuel, désormais une certitude, en un acte constructif pour l’édification d’un système qui se consacrera à l’intérêt de la Kabylie et de son peuple. L’acte constructif dont il est question n’est pas moins que la révolution pour une Kabylie auto-gérée, fidèle à son essence socialiste, libertaire et féministe.
Samia Ait Tahar
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