samedi 26 mai 2012

(4) Sexion du mouvment pour l'autonomie de la kabylie (akbou

(4) Sexion du mouvment pour l'autonomie de la kabylie (akbou

Des intellectuels et des activistes culturels algériens (...)...
Communication du président du MAK à Ath-Yahia-Moussa
« le MAK est la première force politique en Kabylie »
De Tizi-Ouzou, par Saïd Tissegouine


Le président du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie, M. Bouaziz Aït-Chebib, a effectué, hier, un déplacement dans la région natale de Krim Belkacem, plus exactement, au village d’Allalène, pour animer conférence autour du thème « Autodétermination de la Kabylie ».


20/05/2012 - 00:28 mis a jour le 21/05/2012 - 15:30 par Saïd Tissegouine


Cette rencontre, devons-nous signaler, est initiée par la section du MAK locale dirigée par M. Djamel Boubchir avec le concours considérable du cadre du MAK en activité à l’étranger, en l’occurrence M. Ahmed Amrioui. Nous devons noter d’emblée que ce rendez-vous d’Allalène s’est déroulé dans un climat hautement convivial. Autrement dit, les formes protocolaires que l’on connaît habituellement dans ce genre de rencontres n’ont aucunement été de rigueur.


Vu donc ces excellentes conditions où l’élément temporel n’a influencé en rien l’agenda aussi bien du conférencier que de l’assistance nombreuse et curieuse de connaissances politiques, M. Bouaziz Aït-Chebib, après épuisement du sujet ayant trait directement à l’autodétermination de la Kabylie, a longuement parlé de l’historique du MAK, le bilan des activités, les perspectives et sans oublier de faire naturellement le point sur les élections législatives du dix mai.


D’autres questions pertinentes seront mises également en lumière lors des débats. Nous réitérons que tout au long de ce rendez-vous où le verbe a été d’une très haute teneur, la bonne ambiance n’a pas déserté les esprits. Bien au contraire, le rire a été de mise. A propos donc de l’autodétermination de la Kabylie, le président du MAK a, dans son explication, répondu aux questions suivantes : 
C’est quoi l’autodétermination ? 
Quand le MAK a décidé l’usage de ce terme et pourquoi ? 
Que faut-il attendre de l’autodétermination ?


A la première question, M. Bouaziz Aït-Chebib, en parfait connaisseur de ce concept, a expliqué la différence existante entre l’autodétermination externe et celle dite « interne ». Il va sans dire que le conférencier a fait l’historique de ces deux concepts mis en avant en droite ligne avec le droit international dont les lois sont érigées avec l’évolution des temps et selon les cas présentés devant les instances internationales. L’assistance a eu donc à connaître qu’après la seconde guerre mondiale, les puissances mondiales, nourries par le sentiment d’obligation morale d’assurer leurs droits aux nations à disposer d’elles-mêmes, ont mis au point des mécanismes et des outils devant les faire aboutir à cet effet. C’est à partir de ces mécanismes et outils mis au point par les Nations Unies que des pays sous occupation étrangère ont puisé pour arriver à leur indépendance. Ces libérations des peuples de leurs occupants étrangers ont eu lieu surtout à partir du début de la décennie I960. A cette époque, il n’était alors question que de l’autodétermination dite « externe ». Mais est-ce pour autant que tous les groupes ethniques ou tous les peuples ont réglé leurs problèmes ? Assurément non. La question était encore plus délicate dès lors que deux ou plusieurs groupes ethniques ou plusieurs peuples vivent sur le même espace géographique dit « national » où implacablement l’Etat favorise un groupe ethnique ou peuple par rapport à d’autres.


C’est à partir de ces iniquités soulevées et dénoncées sans cesse par les groupes ethniques ou peuples que les Nations Unies ont été contraintes de créer d’autres mécanismes et d’autres outils devant assurer à chaque groupe ethnique ou chaque peuple son droit à disposer d’eux-mêmes. La nouvelle formule mise au point s’appelle « l’autodétermination interne ». Elle est entrée en vigueur et admise par les Nations Unies à partir du début de la décennie I970.


Quand le MAK a décidé l’usage de ce terme et pourquoi ? Le conférencier a souligné que l’origine du recours à l’autodétermination remonte à l’année 2008, et ce, après qu’Alger eut gardé le silence total sur la demande officielle que la direction du MAK lui eut introduite quant à l’autonomie de la Kabyle. Ceci d’un. De deux : le concept de l’autonomie n’est pas consacré par le droit international. Et par conséquent, sous cet angle la communauté internationale ne peut faire aucune pression sur le régime d’Alger sans risque d’être accusée d’ingérences dans les affaires internes d’un pays. « Dès lors, nous avons été dans l’obligation de travailler en droite ligne avec le droit international », affirme le conférencier. S’agissant des attentes de l’autodétermination de la Kabylie, le président du MAK a développé une multitude de volets, entre l’éducation, la justice, l’économie, la laïcité.


Concernant l’éducation, M. Ahmed Amrioui a pris la parole pour souligner que le système éducatif actuel basé sur l’arabo-islamisme est une catastrophe d’où l’urgence à arracher l’autonomie pour pouvoir réformer « notre école ». L’orateur a cité une multitude d’exemples justifiant l’indigence de l’école algérienne et où ses premières victimes sont d’abord les enfants kabyles. M. Ahmed Amrioui qui est un polyglotte (l’homme parle couramment plusieurs langues dont le français, l’anglais, l’espagnol, l’allemand) a déclaré que le cas de l’enfant kabyle est atypique. « Le malheureux s’initie aux langues étrangères d’abord, sa langue maternelle ensuite. Dès lors, il se retrouve complètement désorienté. Même la formation universitaire achevée, il se retrouve inapte à toute production intellectuelle », s’alarme M. Ahmed Amrioui.


Reprenant la parole, M. Bouaziz Aït-Chebib dira qu’une fois la Kabylie autonome, la première mesure à prendre est la réforme de l’école. « L’enfant kabyle commencera ses études dans sa langue maternelle d’abord, introduction des langues étrangères ensuite », martèle-t-il. Et naturellement, le président du MAK n’omet pas de signaler que la future école kabyle sera laïque.


Concernant la justice, le conférencier informera l’assistance qu’elle sera indépendante du politique. « Il n’y a que de la sorte que le magistrat puisse juger équitablement », note le conférencier. S’agissant encore du volet économique, le président du MAK démontrera scientifiquement que la prospérité économique de la Kabylie sera au rendez-vous dès que l’autonomie sera acquise. Bien plus tard, c’est-à-dire une fois le débat déclaré ouvert, un intervenant interrogera sur le délai à accorder à accorder à Alger quant à son aval sur l’autonomie de la Kabylie.


Question bien pertinente. En effet, jusqu’à quand le peuple kabyle fera preuve de patience ? Dans sa réponse où pas l’ombre d’une périphrase n’a été remarquée, le président du MAK assurera qu’ « Alger aura tout intérêt à prendre en charge ce dossier dès maintenant car personne ne peut exclure que les generations futures exigeront l’autonomie sous une autre forme voire plus que l’autonomie ». Pour le conférencier, l’autonomie de la Kabylie n’est qu’une question de temps et la patience a des limites. Jusqu’à présent, les Kabyles ont fait preuve de patience. Ils ont même fait preuve d’une longanimité. Mais après ? Avec intelligence et humilité, M. Bouaziz Aït-Chebib a, à partir d’Allalène, sis dans la commune d’Aty-Yahia-Moussa, lancé un appel en direction des décideurs d’Alger pour leur signifier que le MAK ne se laissera pas piéger par l’usure ou la corruption et, par conséquent, ils ont tout intérêt à arrêter des mesures justes et nécessaires dès maintenant.


Leur mutisme leur sera lourd en conséquences. Une fois ce point expliqué, le président du MAK abordera le paysage politique actuel en prévalence aussi bien en Kabylie que sur le reste de l’Algérie, et ce, avec les législatives du dix mai comme toile de fond. Tout d’abord, Le conférencier apportera un démenti catégorique sur la participation de l’électorat kabyle à ce scrutin. Les seuls électeurs ayant mis le bulletin dans l’urne sont les membres des corps constitués. Delà, la preuve indiscutable de l’option des quotas mise en avant par le pouvoir d’Alger. De même, la preuve indiscutable que non seulement le Front des Forces Socialistes (FFS) est parti politique typiquement kabyle mais aussi le pouvoir le considère également comme tel. M. Bouaziz Aït-Chebib ira jusqu’à déclarer que le FFS a réellement négocié son quotas mais comme tous les autres et comme d’habitude, les distributeurs de quotas n’ont pas tenu leur promesse. Pour le conférencier, le FFS « que nous aimons et respectons malgré tout car il est né en 1963, et par conséquent, nous considérons comme le nôtre », est bien roulé dans la farine par le Département du renseignement et de la Sécurité (DRS). « Au lieu des 60 sièges promis au début comme demandé pour « prouver » que c’est un parti national, il n’en a obtenu que 21, et ce, à travers les wilaya de Tizi-Ouzou, Béjia, Alger et Boumerdes », signale le président du MAK. « N’est-ce pas que cela laisse entendre que le pouvoir a fait signifier au FFS sa simple dimension kabyle ? Il (le pouvoir) lui a même soustrait Bouira la kabylophone », constate-t-il encore. Pour le conférencier aussi bien le FFS que le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), ils ne sont que des partis kabyles. M. Bouaziz Aït-Chebib ira jusqu’à psychanalyser les hautes responsables de ces deux partis pour prouver que dans leur subconscient, ils sont convaincus que leur influence politique ne dépasse guère les limites de la Kabylie. « Quand le RCD est arrivé sur la scène politique, c’est-à-dire en 1989, commence le président du MAK, la voix du FFS a crié « Haro ». Elle a interprété l’arrivée du RCD sur la scène politique comme une volonté du pouvoir de nuire au FFS en Kabylie. En 2001, quand le MAK est arrivé à son tour sur la même scène, le RCD, à son tour, eu la même réaction que le FFS douze ans plutôt.


N’est-ce pas là des preuves tangibles que nos frères du FFS et du RCD ont la conviction que leurs partis ne vont pas au-delà de la Kabylie ? ». S’agissant des contradictions du RCD, M. Bouaziz Aït-Chebib mettra en avant « sa conception de la régionalisation ». « Dans leur discours, note-t-il, nos frères du RCD laissent entendre que toute région d’Algérie se trouve en droit de jouir de son autonomie. Et quand il s’agit de la Kabylie, ils dénoncent « la politique séparatiste ». Comment qualifier une telle attitude sinon d’incompréhensible tant le paradoxe est flagrant ».


C’est suite à ce constat « amer » que le conférencier a réitéré son appel aux « députés » du FFS de ne pas rejoindre l’hémicycle Zirout Youcef. M. Bouaziz Aït-Chebib démontrera également que les 221 sièges « obtenus » par le Front de Libération Nationale (FLN) ne sont pas le fait de l’électorat mais bel et bien celui des « distributeurs ». Dans ses calculs, le président du MAK mettra en évidence le nombre des électeurs déclarés et celui de bulletins déclarés « nuls ». A partir de ces données, une « preuve » sera donnée que la fraude a été massive et, au même temps, faite notamment au profit du FLN. Le conférencier a rappelé également que le MAK constitue la première force politique en Kabylie. « Et ces élections organisées dernièrement par le pouvoir, signale-t-il, l’ont prouvé ». Enfin, le président du MAK a déploré le « black out » fait par la presse algérienne sur les activités du MAK. « Les 21 meetings que nous avons organisés dans le cadre du rejet de ces élections n’ont suscité aucun écrit », a affirmé M. Bouaziz Aït-Chebib.


Addenda : le conférencier a rendu un vibrant hommage à la mémoire de la militante du MAK, Madame El-Hadj Ouerdia dite « DUDUC N JERJER » décédée le 17 mai 2009. Par ailleurs, dans son déplacement à Ath-Yahia-Moussa, M. Bouaziz Aït-Chebib était accompagné de M. Abdellah Gherab, président du Conseil des sages du MAK.


De Tizi-Ouzou, par Saïd Tissegouine

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