vendredi 14 septembre 2012

Marche populaire pour dénoncer la politique de la terre brûlée ciblant la Kabylie | Tamurt.info - Votre lien avec la Kabylie


Akbou (Béjaia)
Programmée par l’organisation locale dénommée « Collectif Populaire contre les Feux », une marche populaire a eu lieu, hier dans la matinée, à Akbou pour dénoncer la politique de la terre brûlée ciblant la Kabylie. A cette manifestation mémorable puisqu’elle est la première du genre, ont pris part de nombreux membres de la famille militante et patriotique du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK) dont de hauts responsables. C’est le cas effectivement de MM : Bouaziz Aït-Chebib, président du MAK, Nafaâ Kireche, ministre du Gouvernement Provisoire Kabyle (GPK), chargé des relations auprès des partis politiques et associations, Abdellah Gherab, président du Conseil des Sages et Hens Ould Kaci, cadre militant.
14/09/2012 - 18:26 mis a jour le 14/09/2012 - 18:00 par Saïd Tissegouine
Les organisateurs de la marche de protestation ont également lancé des invitations aux deux partis politiques kabyles, en l’occurrence le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) et le Front des Forces Socialistes (FFS) ainsi que la Ligue Algérienne pour la défense des Droits de l’Homme (LADDH). Hélas, seulement celle-ci a honoré ce rendez-vous. En effet, ni le RCD ni le FFS n’ont jugé utile de répondre à l’invitation du Comité Populaire contre les Feux pour dénoncer la politique des fossoyeurs de la Kabylie.
Par ailleurs, il y a lieu de relever que dès les premiers moments du rassemblement des manifestants devant le Lycée Muh-Ouharoun ex-Hafsa, lieu qui servira de point de départ de la marche, des agitateurs professionnels à la solde des services de sécurité, pour la plus part des voyous et des drogués, ont essayé de perturber la manifestation. Un de ces énergumènes a eu même le toupet de se présenter devant le président du MAK comme un journaliste. C’est l’indigence de ses propos qui l’a trahi. Cependant, quand les éléments des services de sécurité, habillés en civil, ont découvert la présence des éléments du MAK sur les lieux, ils se sont aussitôt rapprochés d’eux pour les rassurer qu’ils pouvaient manifester sans la moindre inquiétude. Et du coup, le petit groupe de délinquants s’éclipsa. Leur mission était annulée. C’est à ce moment aussi que le coup d’envoi de la marche fut donné. Celle-ci devait se terminer à la place marbrée de la mairie. Tout au long de la route, les manifestants ont scandé deux principaux slogans, à savoir « sauvons la nature » et « sauvons l’environnement ». Mais en revanche, les mots inscrits sur une pancarte ne laissent aucun doute sur l’origine des incendies. En effet, sur cette pancarte en bois, on y lit : « Nos oliviers ne soutiennent pas le terrorisme ». Sur une banderole, on peut y lire : « MAK : le peuple kabyle est condamné à assurer son propre environnement. Non à l’armée pyromane ». Sur une autre banderole, sont écrits ces mots : « Pour le Gouvernement Provisoire kabyle ». Même si la circulation n’a pas été bloquée pour la circonstance de la marche, il n’en demeure pas moins que celle-ci s’est déroulée dans d’excellentes conditions. Le civisme des automobilistes d’Akbou est exemplaire. Il faut reconnaître que la population d’Akbou a été de tout cœur avec les manifestants. En effet, non seulement les marcheurs se voyaient céder largement le passage même si c’était jour de marché, mais recevaient également des « bravos » et « nous sommes de tout cœur avec vous ». Arrivés devant la place des Martyrs, les manifestants ont bifurqué à droite pour marcher le long de l’avenue jusqu’au siège de l’APC (place de la mairie). Avant de se disperser dans le calme, les organisateurs de la manifestation ont improvisé une prise de parole.
C’est un des animateurs du Collectif Populaire contre les Feux, en l’occurrence M. Amar Benhamouche, qui ouvrit le bal. Ce jeune militant s’est longuement étalé sur les dégâts occasionnés par les feux de forêt avant de plaider pour une politique de reboisement en urgence. En ce qui le concerne, le jeune Méziane Abane, représentant du RDLD, il rappellera à l’assistance que son organisation a déjà dénoncé « ces actes criminels ». « Cependant, pour pouvoir aller plus loin, il faut absolument la réaction citoyenne », a lancé à vive voix M. Méziane Abane avant de rappeler aux manifestants que leur action « est légitime et, par conséquent, est à saluer ». « La Kabylie a beaucoup d’ennemis », signale le représentant de la LADDH pour promettre enfin que les choses n’en resteront pas là. Pour sa part, M. Malik Taleb, membre de l’association culturelle et scientifique GUISSE, tentera de prouver l’origine criminelle des incendies en citant l’exemple du parc de Tigdjda qu’il connaissait fort bien. « Je puis dire que la destruction par le feu de Tigdjda est voulue puisque rien n’a été fait pour l’éteindre en dépit de l’existence de moyens », a dénoncé ce militant. L’intervenant signalera également que la faune et la flore du parc de Tigdjda ont été gravement touchées par ces feux. Quant à M. Rachid Djebbar, spécialiste des questions environnementales, il démontrera scientifiquement, après avoir expliqué l’intérêt d’un environnement sain, que si les feux continuent à ce rythme, les conséquences seront beaucoup plus dramatiques que certains ne puissent l’imaginer. Pour sa part, le président du MAK dont l’intervention était très attendue accusera ouvertement les militaires d’être à l’origine de ces incendies criminels. C’est d’ailleurs à M. Bouaziz Aït-Chebib qu’on doit le néologisme « armée pyromane ».
Le premier responsable du MAK usera également à l’issue de ce rendez-vous d’Akbou de cette expression que d’aucuns trouvent à sa juste place lorsqu’on parle de militaires en mission en Kabylie. Il n’en demeure pas cependant que si M. Bouaziz Aït-Chebib a désigné les militaires comme les incendiaires, il imputera la responsabilité du crime au pouvoir. Le second point de son intervention, le N° un du MAK l’axera sur les véritables motivations du pouvoir à travers sa politique de la terre brûlée menée avec acharnement contre la Kabylie. « Ce pouvoir, indique-t-il, veut nous pousser à quitter notre Kabylie en nous appauvrissant ». M. Bouaziz Aït-Chebib, même en étant spécialiste des sciences politiques puisque ça été sa formation universitaire, il se montrera également parfait connaisseur des mathématiques. En effet, il démontrera que le slogan du pouvoir selon lequel « le sol de Kabylie n’est que ravines et rocailles » est loin d’être juste car ces feux allumés volontairement par les militaires au nom de la lutte anti-terroriste pour détruire « nos forêts et vergers » sont le preuve que le sol de Kabylie est loin d’être « ravines et rocailles ». « Est-on dans le besoin de mettre le feu à un espace fait seulement de ravines et rocailles pour pousser ses habitants à le quitter pour d’autres cieux ? », plaisante le président du MAK pour rappeler, encore une fois, la vérité concernant la nature exacte des terres de Kabylie. Du coup, l’orateur révélera que la mission exacte des militaires en Kabylie est « de nous surveiller, nous les citoyens, et non de mener une lutte contre les terroristes ».
En revenant sur le vif du sujet, à savoir les feux de forêts, le président du MAK révélera que les feux ont ravagé au cours de cet été plus de 30. 000 ha de forêts et vergers dont plusieurs milliers d’oliviers. Par rapport justement à cette campagne de destruction des richesses de Kabylie par les feux, l’orateur qui la qualifie de « crime contre l’humanité » a rassuré l’assistance que le président du GPK a en déjà saisi les instances internationales. M. Bouaziz Aït-Chebib termine son allocution en revenant sur les derniers événements qui ont secoué, avant-hier, la localité d’Adekkar tout en rendant un grand hommage à ses habitants qui ont fait face avec courage et honneur à la situation. pour le président du MAK, " le peuple Kabyle n’a pas d’autre choix pour mettre fin à la pyromanie de l’ANP qui s’est substitué à l’armée française en perpétuant sa politique de la terre brûlée que de doter la Kabylie de son propre Etat". Il a enfin salué les organisateurs de cette manifestation : " ils sont les précurseurs en matière de lutte pour la protection de l’environnement en Kabylie voire en Algérie".
Said Tissegouine pour Tamurt.info

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