Alger, ou la beauté perdue d’un pays
Par : Mustapha HammoucheLes commentaires émus ou railleurs suscités par le replâtrage frénétique des voies, placettes et façades sur le parcours prévu de François Hollande ont fini par nous faire oublier la question du contenu de cette visite.
Au demeurant, cette opération de badigeonnage sélectif et circonstanciel est révélatrice d’une imprégnation culturelle et institutionnelle du fait que les Algériens peuvent vivre dans un univers marqué par l’encombrement, la malpropreté et la laideur. Le maire dégage les voies et la vue, blanchit les murs et répare la chaussée pour les visites de chefs de daïra, le chef de daïra pour les visites du wali, le wali pour les visites des membres du gouvernement et les membres du gouvernement pour les visites du Président. C’est tout naturellement que l’État s’affaire ainsi à mettre les petits plats dans les grands quand il reçoit la visite de chefs d’État de marque.
L’entretien des équipements, la propreté du milieu, l’esthétique du paysage et la facilité de circulation ne sont plus des normes, mais des privilèges. Et comme ce ne sont plus des normes, l’abandon des équipements, la souillure de l’environnement, la défiguration du paysage urbain ou naturel, l’encombrement de la voie publique constituent, à leur tour, des privilèges. Les responsables protègent et entretiennent les structures de manière discriminatoire. La plastique et l’écologie sont méprisées et agressées. Et la gêne des personnes en déplacement est un sport national que prisent nos autorités et nos citoyens ; de la Présidence, jusqu’à la mairie et au commissariat, tout le monde ferme les rues adjacentes à ses locaux ; mais les automobilistes peuvent fermer la circulation pour demander les nouvelles de la famille à un ami qu’ils viennent de croiser, tandis que les piétons avancent en mur de coup franc, obligeant les autres passants à descendre sur la chaussée pour les contourner. Un vrai consensus pour le laisser-aller et l’encombrement de l’espace public lie peuple et autorités.
C’est donc tout naturellement que le vendeur informel s’étonne qu’on lui interdise d’étaler sa camelote sur le trottoir ou sur une placette. À côté, le commerçant légal “lave” le trottoir avec l’eau sale de son ménage entre les pieds des passants, le riverain plante des pieux pour s’accaparer le stationnement.
Ce qui fait jaser, ce n’est pas qu’Alger se fasse une toilette pour le passage de Hollande, mais c’est qu’on s’aperçoit que nos autorités savaient bien que les grilles en mauvais fer forgé qui ornent les issues du sous-terrain des Facultés sont trop hideuses et que, depuis plus d’un demi-siècle qu’elles sont là, les briques de verre des bouches d’escalier de la place Audin demandaient à être changées.
Les services et les équipements publics, ainsi que l’environnement urbain et naturel sont victimes d’une culture, diffusée du haut de l’État vers le bas de la société, qui fait que l’Algérien ne s’intéresse plus qu’à ce qu’il peut s’approprier. Il a un rapport d’indifférence, parfois agressif, voire destructeur, à la chose publique, la chose du “beylik”.
Dans ce pays à l’abandon, où les responsables ne bichonnent que leurs biens privés, mimés en cela par leur peuple, l’attention à l’environnement en est devenue une activité des services de protocole, seules autorités qui peuvent faire mouvoir les administrations concernées, aux seules occasions politiques !
Au demeurant, cette opération de badigeonnage sélectif et circonstanciel est révélatrice d’une imprégnation culturelle et institutionnelle du fait que les Algériens peuvent vivre dans un univers marqué par l’encombrement, la malpropreté et la laideur. Le maire dégage les voies et la vue, blanchit les murs et répare la chaussée pour les visites de chefs de daïra, le chef de daïra pour les visites du wali, le wali pour les visites des membres du gouvernement et les membres du gouvernement pour les visites du Président. C’est tout naturellement que l’État s’affaire ainsi à mettre les petits plats dans les grands quand il reçoit la visite de chefs d’État de marque.
L’entretien des équipements, la propreté du milieu, l’esthétique du paysage et la facilité de circulation ne sont plus des normes, mais des privilèges. Et comme ce ne sont plus des normes, l’abandon des équipements, la souillure de l’environnement, la défiguration du paysage urbain ou naturel, l’encombrement de la voie publique constituent, à leur tour, des privilèges. Les responsables protègent et entretiennent les structures de manière discriminatoire. La plastique et l’écologie sont méprisées et agressées. Et la gêne des personnes en déplacement est un sport national que prisent nos autorités et nos citoyens ; de la Présidence, jusqu’à la mairie et au commissariat, tout le monde ferme les rues adjacentes à ses locaux ; mais les automobilistes peuvent fermer la circulation pour demander les nouvelles de la famille à un ami qu’ils viennent de croiser, tandis que les piétons avancent en mur de coup franc, obligeant les autres passants à descendre sur la chaussée pour les contourner. Un vrai consensus pour le laisser-aller et l’encombrement de l’espace public lie peuple et autorités.
C’est donc tout naturellement que le vendeur informel s’étonne qu’on lui interdise d’étaler sa camelote sur le trottoir ou sur une placette. À côté, le commerçant légal “lave” le trottoir avec l’eau sale de son ménage entre les pieds des passants, le riverain plante des pieux pour s’accaparer le stationnement.
Ce qui fait jaser, ce n’est pas qu’Alger se fasse une toilette pour le passage de Hollande, mais c’est qu’on s’aperçoit que nos autorités savaient bien que les grilles en mauvais fer forgé qui ornent les issues du sous-terrain des Facultés sont trop hideuses et que, depuis plus d’un demi-siècle qu’elles sont là, les briques de verre des bouches d’escalier de la place Audin demandaient à être changées.
Les services et les équipements publics, ainsi que l’environnement urbain et naturel sont victimes d’une culture, diffusée du haut de l’État vers le bas de la société, qui fait que l’Algérien ne s’intéresse plus qu’à ce qu’il peut s’approprier. Il a un rapport d’indifférence, parfois agressif, voire destructeur, à la chose publique, la chose du “beylik”.
Dans ce pays à l’abandon, où les responsables ne bichonnent que leurs biens privés, mimés en cela par leur peuple, l’attention à l’environnement en est devenue une activité des services de protocole, seules autorités qui peuvent faire mouvoir les administrations concernées, aux seules occasions politiques !
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