L’homme a, durant des années, chanté l’amour, l’exil, la petite condition de l’être humain et tant d’autres thèmes de la vie. Le 21 décembre 2000, l’auteur de « A l’muts thaghdart aygher thubit yemma (Ô mort traitresse, pourquoi as-tu emporté ma mère) » a à son tour rendu l’âme.
20/12/2013 - 00:10 mis a jour le 19/12/2013 - 22:17 par
Sans ses moustaches de mousquetaire français du 17e siècle, le défunt chanteur kabyle,Aït-Meslayen, avec ses lunettes de vue, était le portrait tout craché d’Henry Kissenger. Et naturellement, le natif des montagnes d’Akbil, daïra de Aïn El Hammam n’était ni un spécialiste de la politique ni du mousquet. Sa langue maniait le mot poétique et ses doigts les fils de la guitare.
L’homme a, durant des années, chanté l’amour, l’exil, la petite condition de l’être humain et tant d’autres thèmes de la vie. Le 21 décembre 2000, l’auteur de « A l’muts thaghdart aygher thubit yemma (Ô mort traitresse, pourquoi as-tu emporté ma mère) » a à son tour rendu l’âme.
Sur l’initiative de ses proches, un vibrant hommage a été rendu au cours des journées des 19 et 20 de ce mois à Idir Aït-Meslayen à Tizi-Ouzou. C’est la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou qui a abrité aujourd’hui cette manifestation qui a regroupé, en sus d’un public nombreux, une pléthore de chanteurs et artistes qui ont côtoyé feu Idir Aït-Meslayen.
Dans la liste des nombreux témoins, figurent des noms comme Ouazib Mohand-Améziane, Aït-Rahmane dit « El-Hanaoui Amechtof », Rabah Ouferhat, Makhlouf, Maddjid Achab etc. Les uns et les autres ont témoigné des conditions où ils ont connu le défunt, les moments partagés ensemble, les débuts de la vie artistique du défunt et tant d’autres faits liant les hommes.
Même le voile concernant la chanson « A lmuts taghdart » a été levé. Cette chanson qui a connu un succès fou dès sa composition au milieu de la décennie 1970 jusqu’au début, voire le milieu des années 1980, a durant de longues années suscité la controverse. Cette chanson a été écrite, avons-nous appris auprès des témoins, par Idir Aït-Meslayen, composée musicalement par Madjid Achab et enregistrée et chantée par Amar Seghir. Pourquoi donc Amar Seghir l’a enregistrée au studio et chantée ? En 1975, Amar Seghir venait de perdre sa mère. Le malheureux était plongé dans une profonde affliction. En ayant pris connaissance de la chanson qui était encore au stade de l’écriture, Amar Seghir a pris contact avec son auteur (Aït-Meslayen) et l’informa que le texte correspondait parfaitement à son profil d’homme affligé par la perte de sa mère. Ayant été sensible au cas de interlocuteur, Aït-Meslayen décida de lui en faire don. Cependant, il restait la musique. Il fallait choisir une musique qui devait être en parfaite adéquation avec le texte, c’est-à-dire qui véhiculait la tristesse. C’est à ce moment là que Madjid Achab fut désigné pour prendre en charge ce volet. Une fois la musique étoffa le texte, Amar Seghir enregistra la chanson. Et ça été un succès fou. Selon les témoins, Amar Seghir n’ a pas caché aux médias et à son public les paternités du texte et la musique.
En ce qui le concerne, Rabah Ouferhat a raconté dans le détail son parcours avec Aït-Meslayen dont le début remonte à 1970 à l’occasion d’un gala qu’ils ont animé ensemble à Larbaâ Nath Irathen. En 1975, ce fut la séparation puisque Aït-Meslayen émigra en France. En 1980, les retrouvailles à Paris. Rabah Ouferhat devait effectuer l’enregistrement d’un album dans la capitale française. Naturellement, Rabah Ouferhat ne passa pas sous silence la grande générosité de son ami qui était propriétaire d’un café. « Quand j’ai revu le défunt Aït-Meslayen à Akbil, ce fut la joie des deux côtés. Hélas, la joie ne dura pas plus de dix minutes. Après ce laps de temps, le défunt me demanda qui j’étais. Il souffrait de la maladie d’Al zeihemer. Sa vue a baissé aussi considérablement. La maladie de mon ami m’a ébranlé », a témoigné encore Rabah Ouferhat, la gorge nouée.
La fiche biographique élaborée par le service de communications de la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou renseigne que de « son vrai nom Benhabouche Idir, l’artiste kabyle Aït-Meslayen est né le 3 novembre 1944 au village Aït-Meslayen, dont il porta fièrement et honorablement le nom dans sa vie artistique, situé dans la commune d’Akbil, daïra de Aïn El Hammam.
C’est durant les années soixante, alors adolescent, qu’Idir découvre son talent et sa passion pour la chanson. Sa voix vive, ancrée de son audace, fait de ses camarades de C.E.M de l’ex-Michelet ses premiers admirateurs auprès desquels il étala son talent d’artiste. Un répertoire à travers lequel il traite des sujets sociaux et politiques assez sensible à cette époque.C’est d’ailleurs à cette même époque que des chanteurs de sa génération, à l’instar de Lounis Aït-Menguellet, Idir, Amar Seghir, Atmani et Lounès Matoub émergeaient sur la scène artistique kabyle.
C’est durant les années soixante, alors adolescent, qu’Idir découvre son talent et sa passion pour la chanson. Sa voix vive, ancrée de son audace, fait de ses camarades de C.E.M de l’ex-Michelet ses premiers admirateurs auprès desquels il étala son talent d’artiste. Un répertoire à travers lequel il traite des sujets sociaux et politiques assez sensible à cette époque.C’est d’ailleurs à cette même époque que des chanteurs de sa génération, à l’instar de Lounis Aït-Menguellet, Idir, Amar Seghir, Atmani et Lounès Matoub émergeaient sur la scène artistique kabyle.
Hérités du terroir de Aïn El Hammam, avec ses troubadours et poétes tels que Si M’hend Umhend, mais surtout Cheikh Muhend Ulhucin, les textes d’Aït-Meslayen traitaient déjà des sujets de l’amour, de la séparation et de l’exil ; des problèmes dont la société kabyle, après la période post indépendance souffrait sous son profil conservateur. Son engagement dans la chanson kabyle le pousse encore à aborder les problèmes sociologiques où il dénonce l’injustice qui sévit dans le pays. Les chansons tafunast Igujileen (la vache des orphelins), El Haq yemmut dhelbatal ig zeghghen thamurt (la juste est morte dans le pays et l’injustice qui y a élu domicile) en sont la preuve.
Il n’omettra pas aussi de rendre hommage aux femmes. (…). Le répertoire musical d’Aït-Meslayen s’étale sur une trentaine de chansons. Des chansons aussi belles les unes que les autres de par leur style, mais aussi par leurs messages (…). Aït-Meslayen décède, après une longue maladie, le 21 décembre 2000. Il est enterré dans son village natal, Aït-Meslayen, dans la commune d’Akbil ».
Il y a lieu de relever aussi que le cadre de cette manifestation, le hall de la maison de la culture Mouloud Mammeri a abrité une riche exposition des éléments ayant trait et appartenu à Idir Aït-Meslayen. Parmi, les nombreux éléments exposés figure sa guitare. Pour la journée d’hier, la manifestation devait se traduire par un pèlerinage au village natal du défunt chanteur et le dépôt d’une gerbe de fleurs sur sa tombe.
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