lundi 20 janvier 2014

Le Kabyle Doit S’investir Dans La Gestion Des Affaires De Son Village

Bouaziz Aït-Chebib à Ath-Mendès (Boghni) : Le Kabyle Doit S’investir Dans La Gestion Des Affaires De Son Village De Tizi-Ouzou, Saïd Tissegouine Bouaziz Ait Chebib à At Mendès - Tamurt.info
Ads by PlusHD.9Ad Options A ce rendez-vous avec les citoyens de ce grand village, Bouaziz Aït-Chebib était secondé par Hocine Azem et le président du Conseil universitaire MAK, Mouloud Hamrani. 19/01/2014 – 17:27 mis a jour le 19/01/2014 – 21:36 par Saïd Tissegouine Le président du MAK a commencé son discours en affirmant que « personne à présent n’ignore notre combat pour la liberté » avant de souligner que la demande de l’autodétermination ne relève ni d’une utopie ni d’un désir de satisfaire un caprice mais répond à une exigence qui ne peut plus attendre ». De cette introduction, le conférencier se lance dans des aperçus historiques prouvant d’une façon on ne peut plus claire que les Kabyles forment non seulement un peuple à part entière mais sont vus aussi par les autres Algériens comme un peuple à part entière. « Nous avons essayé par tous les moyens de faire gagner la liberté à tous les Algériens car, dans notre innocence, nous avons cru que tous les Algériens formaient un seul et unique peuple, mais les évènements sanglants de 200I ont fini par nous convaincre qu’il n’en n’était rien ; nous ne sommes toujours trompés sur cette idée d’un seul et unique peuple », déclare le conférencier. Pour démontrer l’engagement sincère du peuple kabyle pour « une Algérie, une et indivisible », Bouaziz-Aït-Chebib s’est référé à la guerre d’indépendance, le mouvement de résistance de I963, le Printemps I980 et la Grève du cartable de I994 ainsi que les autres mouvements protestataires pour le bien-être social non moins connus cependant du grand public. « En 200I, les enfants kabyles tombaient sous les balles des gendarmes dans l’indifférence la plus totale des autres Algériens. Ni un intellectuel ni une personnalité politique n’a jugé nécessaire de faire la moindre déclaration pour nous soutenir et condamner la répression sanglante », a martelé le président du MAK pour enchaîner aussitôt : « C’est à partir de là que nous nous sommes interrogés enfin sur cet état de fait. Après réflexion, nous avons déduit que « ces autres Algériens » nous voyaient en réalité comme un peuple à part ». Poursuivant son intervention dans ce même contexte, l’orateur fera remarquer que finalement, l’autodétermination de la Kabylie n’est que la retrouvaille de l’ordre naturel des choses « puisque, la Kabylie n’a cessé de vivre son autonomie à part entière qu’à partir de I857, et ce, sur le nouvel ordre établi par le colonialisme français ». Revenant à la situation actuelle, le président du MAK désignera le pouvoir algérien comme « le seul à s’opposer à la revendication kabyle ». « Et si le pouvoir s’oppose à l’autonomie du peuple kabyle, poursuit Bouaziz Aït-Chebib, c’est parce que justement l’Algérie a besoin de la Kabylie et non l’inverse car si celui-ci était le cas, ça fait déjà longtemps qu’il (pouvoir) nous aurait accordé cette autonomie ». Selon le conférencier, les évènements de I963, I980 et I994 auraient été des occasions que le pouvoir n’aurait pas ratées pour se débarrasser de la Kabylie s’il n’y trouvait pas intérêt. A partir de cette explication, le conférencier entamera un nouveau virage où il démontrera non seulement l’importante ressource humaine dont dispose la Kabylie pour son développement mais aussi ses innombrables richesses naturelles. Et du coup, – et encore une fois, la thèse de ces « petits-qu’en mangera-t-on en l’absence de la ressource pétrolière » est réduite à néant. Par ailleurs, le conférencier ajoutera à son registre des preuves intangibles des richesses naturelles de la Kabylie, le sabotage exercé par le pouvoir de l’espace géographique kabyle en usant de tous les moyens inimaginables ; des incendies criminels ciblant les espaces forestiers jusqu’au bétonnage monstrueux des terres agricoles via l’insécurité des habitants par le terrorisme et la militarisation. Sur le point ayant trait directement à l’insécurité en Kabylie, Bouaziz Aït-Chebib criera haut et fort que cette organisation dénommée « AQMI » est une pure création du pouvoir ». « Comment est-ce que dans les autres régions de l’Algérie, on n’entend plus parler du terrorisme alors la Kabylie qui a toujours fermé ses espaces à l’islamisme, est « menacée par le terrorisme islamiste ? », s’est interrogé le conférencier ; interrogation qui s’est voulu comme une thèse non fondée de la présence terroriste islamiste en Kabylie. Le premier responsable du MAK défrichera encore les terrains où le pouvoir s’est investi pour détruire la Kabylie, laquelle destruction s’inscrit dans le cadre de la politique de sa (Kabylie) « dilution » dans le monde arabo-musulman. En effet, Bouaziz Aït-Chebib citera les exemples de l’école où l’enfant kabyle est forcé à apprendre l’arabe au détriment de sa langue maternelle et s’imprégner des valeurs arabo-islamiques au détriment des valeurs de ses ancêtres, l’arabisation et l’islamisation à outrance de tous les espaces d’expression et les institutions avec qui le citoyen a des relations directes lesquelles sont arabisées et arabisantes ainsi que les différents appareils et outils par lesquels sont véhiculés les idées arabo-islamistes. Bouaziz Aït-Chebib a martelé qu’à défaut d’un sursaut patriotique et révolutionnaire du peuple kabyle, « notre nation disparaîtra ! ». Abordant ensuite les voies et moyens suivis par le MAK pour faire aboutir la revendication kabyle, le conférencier a réitéré la méthode « résolument pacifique ». Et dans cette dynamique, Bouaziz Aït-Chebib a encore lancé un appel aux Kabyles à s’organiser politiquement car « en étant inscrit dans une organisation politique, il nous sera plus facile de nous faire entendre par la communauté internationale dont nous avons tant besoin pour atteindre notre objectif ». Le premier responsable du MAK saisira cette occasion pour enlever toute ambiguïté quant au rôle et la mission de Ferhat M’henni. « Ferhat M’henni, soulignera encore Bouaziz Aït-Chebib à l’occasion de ce rendez-vous à Ath-Mendès, est le président d’une institution appelée « Gouvernement Provisoire de la Kabylie (GPK) et non le président de la Kabylie ». Ce rappel des missions et prérogatives de Ferhat M’henni est voulu une « énième réponse aux détracteurs du MAK qui, faute d’arguments pour justifier sa nuisance, tentent maladroitement de faire croire que l’objectif de Ferhat M’henni est de régner sur la Kabylie comme un empereur. Là encore, le conférencier a informé l’assistance des énormes et bons fruits récoltés par le peuple kabyle grâce à l’action diplomatique menée par le GPK. « Aujourd’hui, grâce au GPK, a insisté Bouaziz Aït-Chebib, la Kabylie est reconnue par le monde entier et fait partie des pays africains émergents ». Abordant ensuite le chapitre relatif aux élections présidentielles algériennes prévues pour le I7 avril prochain, le président du MAK que « la Kabylie, comme le passé, ne se sent pas concernée par cette échéance électorale et, par conséquent, le gagnant de cette course ne sera pas, à l’instar d’Abdelaziz Bouteflika, le président des Kabyles ». « La seule chose à laquelle nous tenons, enchaîne le conférencier, est le référendum sur l’autonomie de la Kabylie ». Passant ensuite la parole à Hocine Azem, celui-ci expliquera et décortiquera les différents mécanismes utilisés par le pouvoir pour anéantir la culture et la langue kabyle. L’intervenant citera une multitude d’exemples prouvant la politique de dékabylisation à l’instar de Radio Tizi-Ouzou qui diffuse le journal de I3 heures, heure de grande écoute, en arabe, Radio Soummam qui agit de même, l’école maternelle où il est enseigné surtout l’arabe à l’enfant kabyle, la justice obligeant le citoyen kabyle à faire recours à l’arabe, l’envoi massif de militaires, gendarmes et policiers arabophones en Kabylie lesquels forcent les citoyens à s’exprimer uniquement en arabe, les panneaux publicitaires véhiculant des messages en arabe et véhiculant la grandeur de l’arabité et tant d’autres faits et éléments qui semblent anodins mais efficients dans la réalité. Hocine Azem a même signalé que des policiers exercent leur forcing sur les disquaires pour favoriser la diffusion des chansons arabes. Poursuivant son constat, le conférencier informera également l’assistance que la chaîne TV4 diffuse des programmes, les feuilletons notamment, où le Kabyle est montré et décrit comme « un ignare et un sauvage ». « La dévalorisation du Kabyle par le pouvoir est exercée par des moyens aussi multiples et intelligents », lance encore Hocine Azem avant de s’attaquer à Ould Ali El Hadi qu’il accuse d’être « un élément qui dékabylise la Kabylie ». Pour justifier ses accusations à l’endroit du directeur de la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou et non moins directeur de la culture de la wilaya ainsi que premier responsable du théâtre régional Kateb Yacine, Hocine Azem se basera sur les programmes initiés par la maison de la culture Mouloud Mammeri où le volet portant hommage notamment, « les grands acteurs et artistes kabyles sont complètement ignorés ». Pour sa part, le président du Conseil universitaire, Mouloud Hamrani, commencera son intervention par donner l’explication fournie par le Larousse concernant le mot « peuple ». Une fois prouvé que les Kabyles constituent réellement un peuple, Mouloud Hamraoui clame aussitôt : « Et en tant que peuple, nous avons dès lors le droit de choisir notre statut politique ». Ayant martelé que le peuple kabyle ne se reconnaît pas à travers les institutions de l’Etat algérien, mais seulement à travers ses institutions ancestrales, le président du conseil universitaire a plaidé à ce que les citoyens kabyles s’impliquent dans les (comités de villages ) et suivent avec intérêt la scène politique, notamment celle le concernant directement. S’agissant du volet économique, Mouloud Hamrani la thèse de « l’homme comme principale richesse ». Dans cette optique justement, il citera un grand économiste allemand de la première moitié du 20e siècle : « C’est un pouvoir politique fort qui bâtit une économie forte et non une richesse économique qui donne un État fort et prospère ». Le conférencier a également abordé la question portant sur la laïcité, « concept, dit-il, qui a toujours été de rigueur chez le peuple kabyle ». Sur ce, Bouaziz Aït-Chebib déclara ouverte la séance aux questions-réponses. Quelles garanties pouvons-nous avoir, nous les citoyens, que nous ne serons pas, encore une fois, floués ? Que pouvons-nous apporter, nous autres simples citoyens, pour arriver à l’autodétermination dont nous rêvons tous ? Telles sont les deux principales questions parmi tant d’autres posées que reprenons. (Il est impossible de reprendre toutes les questions posées avec leurs réponses tant elles ont été nombreuses. A la première question donc, Bouaziz Aït-Chebib apportera des éclaircissements on ne peut plus claire. « Nous au MAK, commence-t-il, nous ne sommes jamais dérobés à nos devoirs et obligations. Il y a lieu également de savoir que la logique exige qu’en cas de défaillance ou d’absence de confiance citoyenne, il faut aller vers le retrait de confiance à la personne défaillante et non la démission et l’abandon du programme d’action représenté par cette personne défaillante. Il est vrai que la trahison existe depuis toujours et dans toutes les cultures, celle-ci n’est pas propre à la Kabyle. La trahison est simplement propre à l’humain ». Pour prouver que la trahison est intemporelle, le président du MAK cite une multitude d’exemples de cas de trahison allant de l’empereur chinois qui a été trahi par sa propre mère avec la complicité de son amant à Jules César qui a été trahi par son neveu, Octave ( le fils de sa propre sœur qu’il a adopté). Bouaziz Aït-Chebib citera aussi l’exemple de Khalida Toumi, la ministre algérienne de la culture. « Khalida Toumi, dit-il, était à ses débuts trotskiste. A cette époque, elle critiquait et dénigrait le DrSaïd Sadi. A l’arrivée de feu Mohamed Boudiaf au pouvoir, elle renia ses idées trotskistes pour faire partie du conseil national consultatif (CCN). A la mort de feu Mohamed Boudiaf, Khlida Toumi se retrouva au « chômage politique ». En I993, elle fut recrutée par le Dr Saïd Sadi. Elle eut sa place au MPR ( mouvement pour la république). Et plus tard, elle fut recrutée par Abdelaziz Bouteflika pour lui confier le fauteuil qu’elle occupe jusqu’à maintenant ». « Tous ces exemples, poursuit le président du MAK, nous interpellent à apporter un bon jugement sur des personnes avant de leur confier des missions ». La réponse à la deuxième question incitera le président du MAK à rappeler l’obligation du citoyen kabyle à investir le champ politique et s’impliquer dans la gestion des affaires du village et de la cité selon les formes et méthodes ancestrales. « Le citoyen kabyle n’est pas obligé de faire la courbette devant Ould Ali El Hadi pour former et diriger une association. « Nous assistons aujourd’hui à la déliquescence des formes et méthodes opérationnelles des comités de villages car ceux-ci en étant transformés en associations à caractère social, ne font que remplir le cahier des charges de l’administration qui véhicule une politique de déstructuration du schéma kabyle ancestral ». De Tizi-Ouzou, Saïd Tissegouine

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