Sur le front syrien, les combattantes kurdes se battent contre l’Etat islamique (EI)
07/08/2014 - 20:42 par SIWEL - Agence kabyle d'information
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KURDISTAN (SIWEL) — France 24 a réalisé un reportage sur les combattantes kurdes du Kurdistan de Syrie qui affrontent les Djihadistes de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) depuis 2012. Nous reproduisons ce reportage en hommage à ces combattantes kurdes qui se battent contre les djihadistes de Syrie qui ont fini par prendre le contrôle d’une partie de l’Irak grâce à la couardise de l’Occident et au soutien "logistique" des grandes démocraties occidentales qui ont livré des armes à la "rébellion syrienne", au détriment du peuple kurde qui combat seul et avec ses propres moyens.
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L’armée kurde de Syrie, appelée Unités de défense du peuple (YPG), combat aujourd’hui les djihadistes de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) aussi bien en Irak qu’en Syrie. Cette milice s’appuie notamment sur de nombreuses femmes combattantes, avec lesquelles l’Observateur de France 24 a passé plusieurs jour sur la ligne de front au Kurdistan syrien. Le régime de Bachar al-Assad a depuis longtemps perdu tout contrôle sur le Kurdistan syrien, dans le nord du pays. Cette région est le théâtre de combats violents, depuis fin 2012, entre les djihadistes de l’EIIL et le YPG. Des femmes kurdes participent en grand nombre aux combats contre les djihadistes. Elles constitueraient près de 40 % de cette force estimée à 40 000 combattants.
"Les islamistes veulent nous ramener au Moyen Âge"
L’ Observateur de France 24, Hamid Messoud, est journaliste. En juillet, il a passé dix jours sur la ligne de front, dans la région de Ras al-Ayn (nord-est de la Syrie), avec des unités féminines. Cette ville, où s’affrontent les combattantes du YPG et les groupes islamistes armés, s’est aujourd’hui vidée de ses habitants.
Je me suis rendu aux baraquements de la zone de Kharab al-Banat, où est installé le YPG. Chaque unité est constituée d’une trentaine de combattants. Il y a des unités de combat exclusivement féminines ; d’autres où il n’y a que des hommes, et d’autres encore qui sont mixtes.
Jiane, l’une des chefs combattantes kurdes, m’a dit :
"C’est une guerre d’usure. On l’appelle la bataille de la porte [pour l’accès à Ras al-Ayn par la frontière turque]. Des centaines d’islamistes sont arrivés par cette porte. Nous avons failli battre en retraite. Mais nous avons tenu, parce que ce ne sont pas des combattants expérimentés. Je ne pensais pas que nous allions nous en sortir. Mais nous avons tenu."
Je suis resté quelques jours dans la caserne d’une unité féminine qui estchargée de protéger la région des incursions des djihadistes dont les positions sont très proches.
Malgré la tension, les combattantes essayent parfois de se détendre et s’amuser. Elles chantent à la mémoire de leurs camarades mortes pour se remonter le moral.
Un soir, nous avons vu des lumières dans la zone où les djihadistes sont positionnés. J’étais très inquiet. Je leur ai demandé : ’Vont-ils nous attaquer ?’
Beerolat, une des chefs combattantes, m’a répondu :
"C’est possible. Nous avons appris qu’ils avaient reçu des renforts hier. Mais ils savent que nous sommes préparés. Nous sommes confiantes. Nous voulons seulement nous défendre. Nous sommes contraints de tuer pour sauver la vie de nos proches et nos enfants."
"Nous ne souhaitons pas fonder une famille, car nous pouvons mourir à tout moment"
Les lumières se sont éteintes, mais les combattantes ne semblaient pas inquiètes. Elles m’ont emmené pour une ronde dans lesenvirons. Nous étions sur la ligne de front et des accrochages pouvaient éclater à tout moment. Salim, le commandant de la région, a dit : ’Faites attention, l’endroit n’est pas sûr. Essayez d’évacuer le journaliste’. Mais la responsable du poste lui a répondu : ’Ne vous inquiétez pas. Nous avons pris toutes nos précautions.’’
Les journées des combattantes sont chargées. Russiar, 25 ans, est chef de brigade et vient de finir ses études aux Beaux Arts. Elle m’a dit :
"Nous n’avons pas beaucoup de temps libre. Nous nous entraînons tous les jours au combat. Et quand il nous reste un peu de temps, nous nous entrainons idéologiquement. Nous organisons des réunions pour parler de la culture et de l’histoire des Kurdes. Nous ne combattons pas à Homs, ni à Homa, ni à Idlid [hors du Kurdistan syrien]. Par contre, nous refusons que ces groupes pénètrent dans notre région. Nous les empêcherons d’entrer quel qu’en soit le prix. "
J’ai beaucoup hésité avant de poser à ces combattantes des questions plus personnelles, notamment sur le mariage. Pouvaient-elles se marier, par exemple avec des hommes qui se battent à leur côté ?
Shilane, une des responsables de brigade, m’a répondu :
"Nous avons choisi de mourir pour la liberté de la femme. Nous ne souhaitons pas fonder une famille,car nous pouvons mourir à tout moment. Nous essayons de changer la mentalité des femmes, pour qu’elles refusent le machisme et l’oppression."
"Des combattantes que j’ai rencontrées là-bas sont mortes après mon départ"
Biritane a une très belle voix et elle adore chanter. Je me demandais comment elle pouvait chanter avec cette voix de rossignol et avoir le cran d’appuyer sur la gâchette. Elle m’a répondu :
"Le chant est quelque chose de divin. Il me rappelle mes camarades qui sont morts. Ils étaient avec moi dans la même tranchée. J’ai été obligée de prendre les armes parce que les islamistes veulent nous ramener aux Moyen Âge et réduire les femmes en esclavage."
Quelques jours après mon départ, j’ai appris que plusieurs de ces jeunes femmes avaient été tuées dans une embuscade de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL). Parmi elles, il y avait Biritane et Beerolat.
Source France 24
SIWEL 072042 AOU 14
Pour acceder au reportage depuis sa source, suivre le lien ci-dessous
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