Patriotisme berbère ou kabyle ?
Patriotisme berbère ou kabyle ?
lundi 30 janvier 2012, par , - 10
Actuellement, se dire Kabyle ou se dire Berbére sont deux choses différentes. Se définir en tant que Kabyle dans l’Algérie actuelle, c’est vouloir ne pas se reconnaître dans les valeurs de l’Algérie ou ne pas être concerné du tout.
Plus qu’une identité c’est une appartenance à un ensemble (ou une patrie) qu’on veut distinct de l’Algérie. Les Kabyles ne disent-ils pas « Tamurt iw » pour designer la Kabylie, c’est-à-dire leur pays ? Se dire berbérophone, non Kabyle, c’est accepter d’être Algérien et se reconnaître dans l’Algérie tout en gardant sa particularité amoindrie ou minorée.
En Algérie, il y a des berbérophones, disséminés dans plusieurs régions, le statut de la langue dépasse le cadre Kabyle, et est national. C’est pourquoi nos dirigeants sont bien embarrassés : faut-il ignorer la langue kabyle ou la considérer comme langue ? Langue régionale ou nationale ?
Les douloureux événements du printemps Noir ayant précipité les choses et les dirigeants voulant délocaliser la question kabyle de la Kabylie, par calcul politicien ont opté pour la seconde option : langue nationale. Ce afin d’atténuer le nationaliste kabyle et aussi, pour éviter toute éventuelle revendication des berbérophones non kabyles pensant ainsi sauver la face de l’Algérie au regard du monde entier. Dès lors, pour les dirigeants algériens, la question kabyle doit cesser d’être le “monopole” des kabyles ; ils proclamèrent “tamazight“ langue nationale.
Malgré cela, les dirigeants algériens ne sont pas arrivés à atténuer ce fort sentiment de nationalisme kabyle qui a toujours existé, antérieurement à l’empire Ottoman, c’est-à-dire bien avant que le “nationalisme algérien” naisse dans les bidonvilles de Nanterre en France. Aussi, il a fallu la guerre d’indépendance et son lot de violences fratricides (tortures, assassinats, harkis...) pour affirmer et confirmer le nationalisme algérien dans toutes ses formes auquel le nationalisme kabyle a contribué d’une manière déterminante.
Après l’indépendance, l’Algérie s’attela de toutes ses forces, usant et abusant de ses pouvoirs afin d’essayer de détruire le nationalisme kabyle : répression, torture, viols, emprisonnement, assassinats et tout récemment paupérisation de la Kabylie pour mieux pervertir les valeurs séculaires du patriotisme kabyle. Mais rien n’y fait, l’Etat algérien en se comportant de la sorte renforce le nationalisme kabyle. L’Algérie a échoué dans son entreprise pour une simple raison : le nationalisme kabyle est solidement ancré dans l’esprit kabyle, puisqu’il repose sur une culture millénaire, contrairement au nationalisme algérien, fragile, car il repose sur une idéologie baathiste, l’arabisme, de création récente. On peut dire, sans se tromper, que le nationalisme kabyle est le reliquat du nationalisme numide, malgré toutes les invasions que connut l’Afrique du Nord par son passé. D’ailleurs, les berbérophones non kabyles, en Algérie, portent encore en eux ce sentiment qui est fortement atténué et transformé par celui d’appartenance unique à la nation musulmane. C’est pourquoi, aujourd’hui plus que jamais, l’islam est tragiquement manipulé par les dirigeants algériens pour entretenir le nationalisme arabo-musulaman, tel que défini, par l’Algérie indépendante. Car le nationalisme algérien ne s’inspire pas de la réalité algérienne. C’est un moule fabriqué par quelques groupes dans lequel on a versé les populations algériennes. Les dictons de Ben Badis, qui appartiennent à un groupe restreint, passent pour la culture nationale et l’émir Abdelkader, héros local est érigé en héros national amoindrissant ainsi les autres parce que non conforme à l’idéologie actuelle.
Presque tout les Kabyles souffrent de ce double sentiment d’appartenance. Même ceux qu’on traite de “Kabyles de service”. Ce qui veut dire que le Kabyle n’est pas prêt à renoncer à lui-même. L’idée séduisante d’une autonomie officielle (La Kabylie a toujours été autonome dans son passé) commence à faire son bonhomme de chemin, surtout au sein des nouvelles générations. Donc, deux options s’offrent aux Kabyles : le caractère officiel pour la langue kabyle qui les intègrera d’une manière définitive dans l’Algérie. L’essentiel est de sauvegarder le “sentiment nationaliste” kabyle, pardon amazigh. La haine que vouent les arabophones à tout ce qui touche aux Kabyles n’arrange pas les choses et la prise en charge par les Kabyles de leur région fait peur à ceux qui nous gouvernent, car elle mettra fin à leur système dictatorial érigé depuis l’indépendance. Le kabylisme rime avec démocratie.
L’Algérie actuelle, uniciste, somme les Kabyles de se débarrasser de leur “sentiment nationaliste” sous peine de punition et de rejet ; la globalisation aidant, elle est sujette aux recommandations de ses “nouveaux maîtres” qui ne tarderont pas à lui souffler (si ce n’est déjà fait) la marche à suivre pour contenir le nationalisme kabyle. L’avenir nous le dira.
Le 20 Avril, est-il kabyle ou berbère ?
Wait and see.
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