Assassinat des deux jeunes à Makouda : Le seul survivant témoigne et raconte le drame !
Sofiane H.,., Arezki B. et Younès B. étaient trois copains. Ils scrutent les étoiles en cette funeste nuit du 21 au 22 août, au lieudit Lemghassel, près de Makouda. Les deux premiers ont péri, mitraillés et leurs corps ont été brûlés dans la voiture au bord de laquelle ils se trouvaient. Le troisième, Younès, en a réchappé miraculeusement. Et c’est un jeune, encore sous le choc, qui évoque, douloureusement, les circonstances du drame. Nous l’avons rencontré jeudi à Taouarga même, une localité plongée dans le deuil et rongée par la colère. “Il devait être 23h. Nous étions stationnés au bord de la route près d’un olivier au lieudit Lemghassel, sur la route reliant Attouche à Taourga, lorsque trois véhicules sont arrivés : une Citroën blanche, un fourgon Renault Trafic nouveau modèle et une Toyota double cabine de couleur verte que nous avions auparavant dépassée sur la route de Mahdouda, à quelques kilomètres du lieu du drame. La Citroën nous a dépassés pour se mettre carrément en travers de la route. Les deux autres véhicules se sont arrêtés derrière le nôtre”, raconte Younès qui, retenant difficilement son émotion, ajoute que “les occupants de ces véhicules sont descendus, armes à la main. Ils étaient en civil. Ils tirent d’abord des rafales en l’air, avant de viser notre véhicule”.
Le déluge de feu
Younès, qui a dû faire le récit du drame plus d’une fois, tressaille en relatant encore les détail de cette nuit d’enfer où il a vu la mort passer près de lui et emporter ses deux meilleurs amis. “Sofiane était à l’avant de sa voiture Citroën C4, sur le siège passager. Ce jour-là, il a confié le volant à Arezki qui, au moment où les trois voitures sont arrivées sur nous, était, comme moi, hors du véhicule. À peine les premières rafales entendues, Arezki s’engouffre promptement au volant et démarre mais ne peut aller loin. Instinctivement, par réflexe de survie, j’ai sauté en contrebas de la route. J’ai atterri dans un buisson, puis dégringolé jusqu’au fond du ravin”. De sa cachette, rongé par la peur, Younès dit continuer à entendre le bruit des rafales pendant plusieurs minutes. Il avoue que la peur s’est emparée de lui lorsque deux types se sont mis à le rechercher. “Je me suis blotti, avant d’entendre ce bruit amplifié par la nuit depuis ma cachette.”
Le jeune homme de 28 ans avoue que les minutes lui ont semblé interminables. “J’ai cru entendre une personne s’exprimant en kabyle… Non, je l’ai bien entendue qui disait : ‘Oulach-it ! Yerwel !’ (il n’est plus là, il s’est enfui). J’ai entendu trois fortes explosions. Puis, c’est le silence.” Younès dit ne pas savoir exactement combien de temps il est resté caché. Tout ce dont il se souvient, c’est que la voix d’une personne qui parlait au téléphone et qui demandait l’envoi d’un camion de dépannage, lui est parvenue. “Je me pensais qu’ils avaient pris le véhicule, mais j’étais loin d’imaginer qu’ils avaient atrocement tué mes amis”, raconte-t-il. Younès ne quitte sa cachette qu’aux aurores, vers 4h. Il se dirige, tel un somnambule, vers Attouche, avant de pousser jusqu’au chef-lieu de daïra de Makouda.
Chez les gendarmes
Younès, toujours transi de peur, se dirige directement vers la brigade de la Gendarmerie nationale. Là, commence une autre épreuve pour le jeune homme qui ignore encore tout du sort de ses deux amis. Il passera une journée dans l’enceinte de la brigade, à faire le récit de sa mésaventure et répondre aux questions des gendarmes. “Lorsque j’ai raconté ce que j’ai vu et entendu, le gendarme, qui était en face de moi, m’a demandé si je soupçonnais un attentat terroriste. J’ai répondu que je n’en savais rien”, témoigne-t-il, avant de relater l’interminable interrogatoire auquel il était soumis.
Le gendarme l’a interrogé sur le lieu de sa cachette mais aussi pourquoi il ne s’était pas manifesté, une heure après, alors que les gendarmes étaient arrivés sur place. “Je ne pouvais pas savoir qu’il s’agissait de gendarmes, leur ai-je dit”, nous apprend Younès qui devine que le pire est arrivé à ses amis lorsque le père de Sofiane B., venu se renseigner sur le sort de son fils, pénètre dans la brigade. En apprenant la vérité, le père s’évanouit. Younès témoigne qu’à son réveil, il a harcelé de questions le gendarme resté impassible : “Qui a demandé de faire venir un camion dépannage ? Qui a fait venir la Protection civile ? Qui a ouvert le parc communal de Tala Bouzrou à 3h pour déposer le véhicule calciné ? Ramenez le chef de parc, utilisez vos moyens technologiques…”. Le père, que le chagriné accable, apporte aussi son témoignage. “À la morgue j’ai appris qu’on les avait ramenés dans des sacs noirs.”
Une méprise ?
Comment un tel drame a-t-il pu survenir ? S’agit-il d’une bévue ? Seule une vraie enquête le déterminera. Younès soutient que les gendarmes lui ont expliqué qu’il s’agissait d’une erreur. “Mercredi, j’ai été convoqué à brigade de la gendarmerie. J’ai été emmené dans une clinique pour un contrôle et en cours de route un gendarme m’a dit qu’il s’agissait d’une bévue.” Les auteurs de la “bévue” rechercheraient un véhicule suspect de même marque Citroën C4 mais de couleur noire et portant une plaque d’immatriculation (35-2006.) Le père de Sofiane dit être convaincu qu’il s’agit de cela. Il exige néanmoins que toute la lumière soit faite. “Au procureur de la République près le tribunal de Tigzirt qui insistait, j’ai dit que j’étais convaincu qu’il s’agit d’une bévue des services de sécurité”, confie le père éploré.
Sofiane H.,., Arezki B. et Younès B. étaient trois copains. Ils scrutent les étoiles en cette funeste nuit du 21 au 22 août, au lieudit Lemghassel, près de Makouda. Les deux premiers ont péri, mitraillés et leurs corps ont été brûlés dans la voiture au bord de laquelle ils se trouvaient. Le troisième, Younès, en a réchappé miraculeusement. Et c’est un jeune, encore sous le choc, qui évoque, douloureusement, les circonstances du drame. Nous l’avons rencontré jeudi à Taouarga même, une localité plongée dans le deuil et rongée par la colère. “Il devait être 23h. Nous étions stationnés au bord de la route près d’un olivier au lieudit Lemghassel, sur la route reliant Attouche à Taourga, lorsque trois véhicules sont arrivés : une Citroën blanche, un fourgon Renault Trafic nouveau modèle et une Toyota double cabine de couleur verte que nous avions auparavant dépassée sur la route de Mahdouda, à quelques kilomètres du lieu du drame. La Citroën nous a dépassés pour se mettre carrément en travers de la route. Les deux autres véhicules se sont arrêtés derrière le nôtre”, raconte Younès qui, retenant difficilement son émotion, ajoute que “les occupants de ces véhicules sont descendus, armes à la main. Ils étaient en civil. Ils tirent d’abord des rafales en l’air, avant de viser notre véhicule”.
Le déluge de feu
Younès, qui a dû faire le récit du drame plus d’une fois, tressaille en relatant encore les détail de cette nuit d’enfer où il a vu la mort passer près de lui et emporter ses deux meilleurs amis. “Sofiane était à l’avant de sa voiture Citroën C4, sur le siège passager. Ce jour-là, il a confié le volant à Arezki qui, au moment où les trois voitures sont arrivées sur nous, était, comme moi, hors du véhicule. À peine les premières rafales entendues, Arezki s’engouffre promptement au volant et démarre mais ne peut aller loin. Instinctivement, par réflexe de survie, j’ai sauté en contrebas de la route. J’ai atterri dans un buisson, puis dégringolé jusqu’au fond du ravin”. De sa cachette, rongé par la peur, Younès dit continuer à entendre le bruit des rafales pendant plusieurs minutes. Il avoue que la peur s’est emparée de lui lorsque deux types se sont mis à le rechercher. “Je me suis blotti, avant d’entendre ce bruit amplifié par la nuit depuis ma cachette.”
Le jeune homme de 28 ans avoue que les minutes lui ont semblé interminables. “J’ai cru entendre une personne s’exprimant en kabyle… Non, je l’ai bien entendue qui disait : ‘Oulach-it ! Yerwel !’ (il n’est plus là, il s’est enfui). J’ai entendu trois fortes explosions. Puis, c’est le silence.” Younès dit ne pas savoir exactement combien de temps il est resté caché. Tout ce dont il se souvient, c’est que la voix d’une personne qui parlait au téléphone et qui demandait l’envoi d’un camion de dépannage, lui est parvenue. “Je me pensais qu’ils avaient pris le véhicule, mais j’étais loin d’imaginer qu’ils avaient atrocement tué mes amis”, raconte-t-il. Younès ne quitte sa cachette qu’aux aurores, vers 4h. Il se dirige, tel un somnambule, vers Attouche, avant de pousser jusqu’au chef-lieu de daïra de Makouda.
Chez les gendarmes
Younès, toujours transi de peur, se dirige directement vers la brigade de la Gendarmerie nationale. Là, commence une autre épreuve pour le jeune homme qui ignore encore tout du sort de ses deux amis. Il passera une journée dans l’enceinte de la brigade, à faire le récit de sa mésaventure et répondre aux questions des gendarmes. “Lorsque j’ai raconté ce que j’ai vu et entendu, le gendarme, qui était en face de moi, m’a demandé si je soupçonnais un attentat terroriste. J’ai répondu que je n’en savais rien”, témoigne-t-il, avant de relater l’interminable interrogatoire auquel il était soumis.
Le gendarme l’a interrogé sur le lieu de sa cachette mais aussi pourquoi il ne s’était pas manifesté, une heure après, alors que les gendarmes étaient arrivés sur place. “Je ne pouvais pas savoir qu’il s’agissait de gendarmes, leur ai-je dit”, nous apprend Younès qui devine que le pire est arrivé à ses amis lorsque le père de Sofiane B., venu se renseigner sur le sort de son fils, pénètre dans la brigade. En apprenant la vérité, le père s’évanouit. Younès témoigne qu’à son réveil, il a harcelé de questions le gendarme resté impassible : “Qui a demandé de faire venir un camion dépannage ? Qui a fait venir la Protection civile ? Qui a ouvert le parc communal de Tala Bouzrou à 3h pour déposer le véhicule calciné ? Ramenez le chef de parc, utilisez vos moyens technologiques…”. Le père, que le chagriné accable, apporte aussi son témoignage. “À la morgue j’ai appris qu’on les avait ramenés dans des sacs noirs.”
Une méprise ?
Comment un tel drame a-t-il pu survenir ? S’agit-il d’une bévue ? Seule une vraie enquête le déterminera. Younès soutient que les gendarmes lui ont expliqué qu’il s’agissait d’une erreur. “Mercredi, j’ai été convoqué à brigade de la gendarmerie. J’ai été emmené dans une clinique pour un contrôle et en cours de route un gendarme m’a dit qu’il s’agissait d’une bévue.” Les auteurs de la “bévue” rechercheraient un véhicule suspect de même marque Citroën C4 mais de couleur noire et portant une plaque d’immatriculation (35-2006.) Le père de Sofiane dit être convaincu qu’il s’agit de cela. Il exige néanmoins que toute la lumière soit faite. “Au procureur de la République près le tribunal de Tigzirt qui insistait, j’ai dit que j’étais convaincu qu’il s’agit d’une bévue des services de sécurité”, confie le père éploré.
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