Leurre du politique
Contribution (Tamurt) – Devant l’ambivalence du discours politique, les gouvernés n’ont d’autres choix que de faire le zapping permanent du politique. De Gaulle disait que la vieillesse est un naufrage, mais en Algérie, le club du troisième âge n’accorde pas crédit à la sénilité. Le bâton de la vieillesse est rangé au fond des caves pour une deuxième vie, s’il en existe ! Le poids des âges n’a nullement effréné la fringale du trône, et à en croire leur ambition, ces personnes cacochymes se prennent pour des highlanders. Penseraient-ils que leur requiem ne se chanterait jamais ? La sénescence exhale un remugle de chancissure.
Ceux qui nous gouvernent font litière des revendications émanant de ce qu’ils considèrent comme la lie de l’humanité. On ne peut adhérer au credo politique véhiculé par une poignée d’affabulateurs s’adjugeant toutes les richesses du pays au nom de la légitimité historique. Les caisses de l’État sont vidées jusqu’au trognon. Le nationalisme factice et le patriotisme postiche sont anachroniques.
Vous parlez de changement ! Lequel ? Un changement de caméléon. Les discours captieux ne panseront pas les plaies, ne consoleront pas les damnés de cette patrie. Répéter à satiété leur lugubre ritournelle tend à la dérision, débitant une tirade à vriller les tympans. Et quand le radotage et les harangues farfelues ne tiennent pas route, le discours vire en prêchi-prêcha. Moraliser le peuple au nom de la révolution, au nom des martyrs et, par-dessus tout, l’unité nationale. C’est un crime de lèse-majesté que de s’attaquer au deus ex machina. Toute honte bue, ils ne reculent devant rien pour gonfler leurs comptes bancaires, qui sont au bord de l’éclatement. Mettre son âme et son honneur à l’encan sans vergogne.
Le branle-bas de combat à l’approche d’échéances électorales décontenance ceux qui ne connaissent pas la vraie image de l’Algérie. Des candidatures burlesques et des mises en scène qui ne servent qu’à combler le vide démocratique. La simplification abusive des maux qui secouent notre pays n’est que pure démagogie. Les slogans coulent en fondant et les faux candidats feignent dans l’art de l’esbroufe. Un fatras hétéroclite de touche-à-tout s’improvise en férus de politique.
L’antagonisme de facette n’est qu’un secret de polichinelle. Radoter les mêmes rengaines devant un parterre d’auditoires amorphes. Ces rencontres ressemblent beaucoup plus à une orgie de bobards. Ils ne font que rebattre les oreilles de l’assistance avec leur histoire d’un avenir meilleur et des slogans caducs. Un univers réduit à la cacophonie. Tout ce charivari n’est qu’un blanchiment d’idées visant à jeter de la poudre aux yeux, faisant croire que tous roulent sur des roulettes et rien ne peut chambarder la stabilité du pays. La monotonie des discours en fredonnant la même chansonnette depuis belle lurette, et qui crève les tympans. Le citoyen lambda ne prête plus l’oreille, étant donné qu’il en a par-dessus la tête.
Rien ne présage que les tenants du pouvoir vont lâcher du lest au profit d’une jeunesse privée de liberté et de responsabilité. Ça devient de plus en plus ardu de les congédier comme un seul troupeau anonyme pour avoir tous colporté la « doxa nationaliste et patriotique. » Les jeunes font figure de parent pauvre aux yeux des responsables d’âges canoniques. Il coulera de l’eau sous les ponts avant que le jeune algérien ne puisse accéder à ce rêve qui lui est si cher, vivre en homme libre et jouir de ses pleins droits sans être mené à s’aplatir comme une carpette.
Que peut-on espérer ou attendre d’un président d’un Président en mal de terminer son quatrième mandat, ululant haut et fort que la stabilité du pays dépend du maintien du pouvoir en place, et par ricochet, préserver les intérêts de l’hétairie. Cela dénote de l’absurde. Ce qu’il y a lieu de dire est plutôt le maintien du statu quo.
Renouveler derechef cette cascade de couacs, échaudée par la déconfiture managériale et ébranlée par de retentissants fiascos judiciaires équivaudrait un retour au totalitarisme absolu. Et la boucle est bouclée ! Sommes-nous voués à la damnation ? Pouvions-nous échapper à l’autocratie version infernale ? Se claquemurer dans la bulle Algérie ne fera qu’accentuer l’anomie et l’individualisme. La méthode Coué serait la panacée aux multiples dysfonctionnements gangrénant la vie politique en Algérie.
Chômage galopant, inflation allant crescendo, corruption tous azimuts, crise de logement, absence de tissu économique… tels sont les maux auxquels il faudrait y remédier. L’Algérie accuse un retard criant en termes de compétitivité dupliquée d’un déphasage ahurissant par rapport au monde moderne qui ne cesse de se métamorphoser.
L’entretien du mythe citoyen modèle comme l’entendent nos politiciens, obtempérant au doigt et à l’œil sans montrer le moindre agacement quant aux exigences du maître. Faire partie de la famille des Bni-ouioui ouvrirait des portes aux novices. Il suffirait de montrer sa carte d’adhésion pour que le génie de la lampe d’Aladin exauce les vœux. Nul besoin d’être un modèle de stakhanovisme, où le fruit du travail est récompensé à sa juste valeur.
Prononcer des philippiques contre des politiciens au service du roi est passible de lourdes peines, sans parler des préjudices moraux et physiques. Dans un système fonctionnant à la bouée de sauvetage, le petit peuple est considéré comme le bas-fond de l’humanité. Le monde lilliputien auquel appartiennent des écuyers au service du roi ne fait qu’avachir davantage les professionnels de la paresse. Le fauteuil est si doux qu’il prolonge le farniente.
Il est grand temps de rompre avec la politique politicienne, car le mirage politique s’égaillera d’un jour à l’autre. La longévité au pouvoir de ces personnes vieilles comme Mathusalem a chaviré le bateau Algérie, et à ce rythme, il coulera en plein océan. Notre Kabylie ne doit aucunement sombrée dans un environnement gagné par le clientélisme et les passe-droits. La programmation neuro-linguistique des férus de la Kabylie libre et indépendante pourra insuffler un nouveau départ pour un avenir radieux à notre chère Kabylie. Tout un chacun se doit de croire à ce rêve à portée de main, pourvu d’y croire et d’œuvrer afin de le réaliser.
Un vieux dicton dit que : « Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait », c’est valable sous d’autres cieux, mais en Algérie, on peut inverser la donne est dire : « Si jeunesse pouvait, si vieillesse savait. »
Bachir Djaider
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