Quand le voile se dévoile !
CONTRIBUTION (Tamurt) – L’égoïsme forcené et la bigoterie font bon ménage au sein d’une frange de la société algérienne, laquelle est subordonnée à une vision étriquée de la culture du partage, de tolérance et de magnanimité.
Une poignée d’énergumènes issue d’une même engeance a su duper une large couche de la société, embobinée par des discours triomphalistes et illusoires, usant de la poltronnerie et de la sournoiserie. Cette nouvelle mouvance n’est pas sans conséquence, car son objectif ultime est l’instauration d’un État islamique, copié sur le modèle iranien et afghan.
Les prodromes de cette «infection islamiste» sont prévisibles par la métamorphose des tenues vestimentaires, dont le «hijab» est la nouvelle tendance qui se décline sous moult styles que chacune comprend et porte à sa manière. Allant du simple foulard qui laisse deviner un visage bien maquillé, des pantalons en stretch, en jeans et des jupes colorées avec des bodies serrés. Cette «toile mobile» est plus attrayante que ce qu’elle prétend voiler.
La deuxième catégorie regroupe celles qui portent un voile recouvrant la tête et le cou, complété par un tissu long qui couvre l’ensemble du corps. La dernière catégorie se démarque par le port du «niqab», toutes en noir, ne laissant deviner la forme du corps, dont le seul organe visible n’est que deux yeux orphelins. Il y a quelques décennies, peu de femmes portaient le voile islamique en Kabylie. Aujourd’hui, impossible de faire un pas sans tomber sur une femme attifée du hijab, devenue une mode et un phénomène d’identité culturelle, en plus d’un symbole religieux.
La gent masculine n’est pas épargnée par cette nouvelle mode, que même «Paco Rabanne» ou «Jean Paul Gauthier» n’auraient imaginé. Un pantalon court (nisf essak) accompagné d’une djellaba et une calotte sur la tête. L’ensemble doit être harmonieusement porté, de préférence de couleur blanche. Et afin que le «mannequin» soit au top, une pilosité affectant le menton et les joues doit garnir le duvet hirsute.
Ce contraste des nippes ne passe pas inaperçu. Objet de discorde et de dissension, l’uniforme reste un sujet épineux, chacun tente de se justifier en se référant à la ״charia״ ou à des spécialistes de l’exégèse. Ces derniers ne sont pas unanimes, les uns prônent plus de souplesse et de largesse, d’autres plus vétilleux et tatillons quant à l’application de la ״charia״.
Si ce phénomène se limite juste aux fringues, on n’aurait pas du tintouin à se faire, mais l’appétit féroce de ces gloutons ne s’arrête pas à mi-chemin, cherchant à être présent dans toutes les sphères : sociale, économique et politique. Ils omettent qu’avec leurs pratiques pleutres, l’Algérie se voit affaler aux abysses.
Ces nouveaux sarrasins vantent les vertus d’un État islamique, sous une nouvelle coupe «Islam modéré» ne sont qu’un subterfuge pour prendre les rênes. Les persécutions et brimades que subissent les personnes non calquées à leur modèle prouvent encore le non-respect de l’autrui, de liberté de culte et des droits de l’Homme.
L’Algérie est signataire des Déclarations universelles des droits de l’Homme qui consacrent explicitement la liberté d’opinion philosophique, politique et religieuse, et dont la constitution garantit les libertés de culte.
Ces engagements ne sont que du noir sur blanc, étant donné que leur application n’est que virtuelle, car le fait d’opter pour une religion autre que l’Islam est perçu comme une apostasie, un blasphème. Toute personne qui déroge au principe de «naître musulman, mourir musulman» est traitée de renégate qui jette l’opprobre sur sa société.
Cette phalange d’égarés et de désaxés s’agrafe à des chimères, car l’État qu’elle aspire instaurer se limiterait à l’application de la religion stricto sensu, inhibant ainsi l’évolution et
l’essor de cette nation qui sera réduite à un peuple troglodyte, tel est le couperet qui plane sur notre Algérie.
Ce raisonnement biscornu, nourri par des idées glanées dans des courants et doctrines intégristes et fatalistes, ne prendra nullement forme tant que des hommes et des femmes, épris de liberté et d’égalité, luttent pour pérenniser et préserver ce droit.
Bachir Djaider
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