SLIMANE AZEM CENSURÉ PAR LA FRANCE EN 1957
22/08/2015 - 20:00
AIX-EN-PROVENCE (SIWEL) – Slimane Azem, le Jean de La Fontaine kabyle, qui était banni par l'Algérie indépendante, fut aussi censuré par la France, la chanson "Effeɣ ay ajrad tamurt-iw" jugé comme portant atteinte à la sureté nationale. Documents classés "secrets" que publie SIWEL en exclusivité
Slimane Azem, né le 19 septembre 1918 à Agouni Gueghrane, en Kabylie, a été mobilisé par la France durant la 2nde guerre mondiale, puis confiné dans des tunnels et des souterrains huit heures par jour pour construire le métro parisien avant d'être déporté par les Nazis en Rhénanie jusqu'à sa libération, en 1945, par les Américains.
En 1955, il écrit “Effeɣ ay ajrad tamurt iw", chanson dans laquelle il compare les colons français aux criquets qui dévastent les cultures et dévorent son pays.
A l'indépendance de l'Algérie, il fut interdit de séjour et menacé de mort par le FLN, à cause cette fois notamment d'une autre chanson "Inas i leflani" (leFLaNi = FLN)... dans laquelle il fustigeait les nouveaux colons de l'Algérie pour leur idéologie arabo-islamiste, niant l'amazighité.
Slimane Azem qui a oeuvré durant toute sa vie pour la démocratie, la liberté de la Kabylie et qui a tant fait pour la culture se son peuple, a été empêché par les Ben Bella, Boumédiene et Chadli qui s'étaient succédés au pouvoir d'y remettre les pieds. Il décède le 28 janvier 1983 et enterré à Moissac, dans le sud-ouest de la France.
En 1955, il écrit “Effeɣ ay ajrad tamurt iw", chanson dans laquelle il compare les colons français aux criquets qui dévastent les cultures et dévorent son pays.
A l'indépendance de l'Algérie, il fut interdit de séjour et menacé de mort par le FLN, à cause cette fois notamment d'une autre chanson "Inas i leflani" (leFLaNi = FLN)... dans laquelle il fustigeait les nouveaux colons de l'Algérie pour leur idéologie arabo-islamiste, niant l'amazighité.
Slimane Azem qui a oeuvré durant toute sa vie pour la démocratie, la liberté de la Kabylie et qui a tant fait pour la culture se son peuple, a été empêché par les Ben Bella, Boumédiene et Chadli qui s'étaient succédés au pouvoir d'y remettre les pieds. Il décède le 28 janvier 1983 et enterré à Moissac, dans le sud-ouest de la France.
Arrêté du 22 juin 1957 de la République Française émis par le Gouvernement Général de l'Algérie,
Cabinet du Ministre résidant en Algérie
Direction de la Sureté Nationale en Algérie
Portant interdiction en Algérie de la diffusion, circulation, mise en vente et distribution du disque en langue kabyle "Effegh ay ajarad tamurt-iw" (Ô [nuée de] sauterelles, sors de mon pays) de Slimane Azem, chargeant le Secrétaire Général de son exécution.
Signé Lafont de Sentenac
Le Préfet Secrétaire Général Adjoint
Pour le Secrétaire Général du Gouvernement
Pour le Ministre résident en Algérie (Robert Lacoste, Gouveneur Général entre 1956-1958)
Cabinet du Ministre résidant en Algérie
Direction de la Sureté Nationale en Algérie
Portant interdiction en Algérie de la diffusion, circulation, mise en vente et distribution du disque en langue kabyle "Effegh ay ajarad tamurt-iw" (Ô [nuée de] sauterelles, sors de mon pays) de Slimane Azem, chargeant le Secrétaire Général de son exécution.
Signé Lafont de Sentenac
Le Préfet Secrétaire Général Adjoint
Pour le Secrétaire Général du Gouvernement
Pour le Ministre résident en Algérie (Robert Lacoste, Gouveneur Général entre 1956-1958)
Frappé du sceau "Secret", un télégramme était transmis le 23 juin 1957 aux IGAME d'Alger, Oran, Constantine et des Territoires du Sud, les priant de prendre des mesures en vue de l'exécution de la décision.
Signe René Bargeton, Sous-préfet détaché auprès du gouverneur général de l’Algérie, chargé des services administratifs de la direction de la sûreté nationale en Algérie de 1955 à 1958.
Mention manuscrite en bas de page : "Nécessaire fait auprès du Central le 23/06"
Signe René Bargeton, Sous-préfet détaché auprès du gouverneur général de l’Algérie, chargé des services administratifs de la direction de la sûreté nationale en Algérie de 1955 à 1958.
Mention manuscrite en bas de page : "Nécessaire fait auprès du Central le 23/06"
Un télégramme émis le 24 juin par l'inspecteur général de l'administration en mission extraordinaire (IGAME), à plusieurs services dont les Renseignents Généraux, la Gendarmerie, les Souanes, les PTT, les maires... exigeant d'eux d'assurer l'exécution de cet arrêté
Signé P. Noirot-Cosson, Sous-préfet, chef de Cabinet du Préfet d'Alger, chargé de liaison avec l'autorité militaire
wbw/bc
SIWEL 222000 AOU 15
Signé P. Noirot-Cosson, Sous-préfet, chef de Cabinet du Préfet d'Alger, chargé de liaison avec l'autorité militaire
wbw/bc
SIWEL 222000 AOU 15
Paroles et musique de "Effeɣ ay ajrad tamurt-iw" (1955)
Slimane Azem: “Effeɣ ay ajrad tamurt-iw”
"Criquets sort de ma terre"
J'ai un jardin clôturé
où abondent tous fruits
de la pêche à la grenade
je le travaillais sous la canicule ardente
j'y avais même planté le basilic
Il a fleuri et apparaissait au loin.
Voilà qu'arrive le criquet en hâte
Il a mangé à satiété
dévorant jusqu'aux racines
Criquet quitte mon pays;
Les richesses que tu y trouvas jadis sont épuisées,
le caïd t'a vendu ma terre dis-tu?
Exhibe les actes, s'ils sont authentiques.
Criquet tu as mangé le pays
Je me demande pour quelle raison
Tu l'as brouté jusqu'à la porte
Tu as dévoré l'héritage que je tiens de mon père
Que tu deviennes perdrix
L'estime est finie entre toi et moi
Tu tombes du ciel comme neige
entre crépuscule et nuit
Tu as mangé le grain et la paille
Choisissant avec soin la pitance
A moi tu as laissé le son
Tu me prenais pour une bête
Criquet comprends de toi-même
et sache bien ce que tu vaux
tu peux apprêter tes ailes
tu retourneras d'où tu es venu
sinon tu porteras seul le poids de tes péchés
et tu paieras ce que tu auras mangé
Tu m'as éreinté criquet
en moi tu laisses un mal incurable
tu te multiplies à foison
voulant laisser enraciner une descendance
mais c'est trop tard: le scribe est déjà passé
et ma chance éveillée est guérie
En 1995, Lounès Matoub en hommage à Slimane Azem, a repris le titre "Effegh A ya jrad tamurt iw", en le dirigeant cette fois contre le nouveau colon, le pouvoir algérien.
"Criquets sort de ma terre"
J'ai un jardin clôturé
où abondent tous fruits
de la pêche à la grenade
je le travaillais sous la canicule ardente
j'y avais même planté le basilic
Il a fleuri et apparaissait au loin.
Voilà qu'arrive le criquet en hâte
Il a mangé à satiété
dévorant jusqu'aux racines
Criquet quitte mon pays;
Les richesses que tu y trouvas jadis sont épuisées,
le caïd t'a vendu ma terre dis-tu?
Exhibe les actes, s'ils sont authentiques.
Criquet tu as mangé le pays
Je me demande pour quelle raison
Tu l'as brouté jusqu'à la porte
Tu as dévoré l'héritage que je tiens de mon père
Que tu deviennes perdrix
L'estime est finie entre toi et moi
Tu tombes du ciel comme neige
entre crépuscule et nuit
Tu as mangé le grain et la paille
Choisissant avec soin la pitance
A moi tu as laissé le son
Tu me prenais pour une bête
Criquet comprends de toi-même
et sache bien ce que tu vaux
tu peux apprêter tes ailes
tu retourneras d'où tu es venu
sinon tu porteras seul le poids de tes péchés
et tu paieras ce que tu auras mangé
Tu m'as éreinté criquet
en moi tu laisses un mal incurable
tu te multiplies à foison
voulant laisser enraciner une descendance
mais c'est trop tard: le scribe est déjà passé
et ma chance éveillée est guérie
En 1995, Lounès Matoub en hommage à Slimane Azem, a repris le titre "Effegh A ya jrad tamurt iw", en le dirigeant cette fois contre le nouveau colon, le pouvoir algérien.
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