samedi 8 novembre 2014

LA KABYLIE : UNE PATRIE INTEGRE DANS UN ETAT CONVENTIONNEL | Tamurt.info

1. partie
Au moment où j’écris cette modeste contribution, j’avais un sentiment de regret que je n’ose pas dissimuler à votre égard. A ce sentiment de regret été mêlé une révolte intérieure profonde de me sentir, moi-même, le fruit de ce gâchis politique algérien. Comme tous les kabyles, d’ailleurs, notre jeunesse est gâchée de ses forces, gâchée de son intelligence, gâchée de ses espoirs et gâchée de ses rêves…
08/11/2011 - 22:49 mis a jour le 10/11/2011 - 14:13 parMoussa Lmehdi
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Chers amis bonjour,
je tiens tout d’abord à exprimer mes vifs remerciements aux animateurs du MAK de m’avoir donné cette précieuse occasion de partager avec vous ce moment de dialogue, d’échange et de concertation.
Comme je tiens aussi à remercier nos camarades universitaires pour leur engagement et dévouement pour la cause kabyle qui est notre fond commun.
J’espère que ce genre de rencontre se multipliera dans l’avenir, et leur parachèvement sera certainement bénéfique et exploitable.
De toute manière, l’espace de l’université d’été a toujours été un noyau de contribution bénéfique et utile pour l’émergence d’idées novatrices et directrices pour la réussite de ce mouvement.
Les étudiants kabyles, dont la majorité aspire au changement grâce à la bataille politique dans laquelle les autonomistes sont engagés, sont les premiers concernés.
L’engagement des universitaires luttant pour leur avenir, pour l’avenir de leur patrie kabyle et pour une véritable raison de leur existence sera décisif.
J’espère que nous allons mettre à profit cette espace afin de mettre en œuvre des mécanismes et des instruments de mobilisation.
Je ne vous le cache pas, au moment où j’écris cette modeste contribution, j’avais un sentiment de regret que je n’ose pas dissimuler à votre égard. A ce sentiment de regret été mêlé une révolte intérieure profonde de me sentir, moi-même, le fruit de ce gâchis politique algérien. Comme tous les kabyles, d’ailleurs, notre jeunesse est gâchée de ses forces, gâchée de son intelligence, gâchée de ses espoirs et gâchée de ses rêves… Nous vivons tous sous le règne du gâchis, nous vivons tous sous le règne de l’injustice et de l’inégalité.
Nous sommes privés du droit d’être ce que nous sommes. Nous sommes privés du droit à la parole, frustrés de liberté et nous sommes quotidiennement soumis aux tracasseries policières.
Nous vivons dans un état absurde, au lycée ou à l’université, c’est sous le couperet d’une sélection sociale, pour ne pas dire raciale, toujours plus féroce qu’il faut poursuivre ses études, la plus part du temps, inadaptées aux exigences d’une réelle formation.
Dans les casernes, les jeunes kabyles ont moins le sentiment de se préparer à défendre une patrie qui les a lâchés et de perdre leur temps dans de dures conditions.
Le chômage vécu par tous comme une humiliation, une atteinte à leur dignité, frappe de plus en plus les jeunes diplômés ; ce qui fait des étudiants d’aujourd’hui, les chômeurs de demain. Le taux de chômage dans les villages kabyles dépasse largement la moyenne nationale.
La donnée essentielle de la situation kabyle aujourd’hui, celle qui détermine toutes les autres, c’est la crise de notre société et son aggravation constante.
Cette crise atteint tous les domaines de la vie quotidienne du citoyen kabyle. Elle touche tous les aspects de notre existence.
L’un des enjeux de notre présence ici est de voir des segments influents de la jeunesse kabyle se concerter pour imaginer des stratégies d’action et échafauder une plate forme pour des relations horizontales de la société civile kabyle.
Nos étudiants qui constituent déjà une force de mobilisation, sont appelés à s’investir et à s’impliquer d’avantage dans la lutte citoyenne et dans le combat que mène le MAK depuis dix ans.
Nous avons un gouvernement kabyle ( l’ANAVAD) qui capitalise déjà une bonne expérience en matière d’organisation et de relations internationales… ça c’est une attente des kabyles. L’autre attente, c’est d’essayer de trouver une dynamique commune pour envisager un cheminement démocratique pour les mouvement sociaux qui sont en plein expansion dans la région et les inscrire dans l’objectif d’une autonomie politique, sociale, économique et culturelle kabyle, du moment que c’est à peu près la même sphère de revendication.
Le pouvoir ne va pas nous accueillir avec un tapis rouge au Djnane El Mithak pour lui remettre notre projet d’autonomie, mais il va tout faire pour compromettre l’aboutissement de notre objectif, par chantage et blocage, et il va tout de même tout faire pour provoquer des clivages entre les différentes parties de la société civile kabyle.
Au cours de ma contribution à la CNK, j’ai dis que nous devons ménager nos efforts en vue d’améliorer le processus d’une alliance stratégique avec toutes les forces kabyles. J’ai dis aussi que nous devons développer un nouveau plan stratégique sans risquer d’offenser et de disperser l’opinion publique kabyle.
En deux phrases, voilà ; nous voulons l’autonomie. Nous voulons que notre peuple puisse décider souverainement de ses choix, de sa politique et de son destin.
I- « A celui qui voit loin, il n’est rien d’impossible » Ford Henry.
Une concertation à travers tout le territoire kabyle est plus que nécessaire. Par conséquence, pour éviter ces clivages, il est utile que la transparence devienne un mécanisme de fonctionnement à l’intérieur du mouvement.
Une conférence sur la concertation nationale kabyle, pour ne pas parler d’une constitution à cet instant, est la première d’une série d’actes législatifs qui pourra garantir l’élargissement de cette transparence.
Nous devons prendre conscience que l’on ne voit pas tous les kabyles tel qu’ils sont réellement, mais tel que nous sommes ici dans cette salle. Si nous ne comprenons pas ceci, comment pouvons nous comprendre nos différences et nous intéresser a ces gens, qui selon nous, sont « a coté de la plaque » ?
La question que je me dois de poser maintenant est : Comment peut-on dépasser les limites de notre perception de la réaction de nos concitoyens, pour communiquer en profondeur, et aborder les véritables enjeux de cette ambition, afin de remporter des victoires communes ?
Je suis sûr que ce qu’il y a de plus personnel en nous est aussi ce qu’il y a de plus commun. Nous sommes tous une parcelle de vérité de ce que traverse actuellement la kabylie.
« Nous ne pouvons résoudre les problèmes difficiles que nous rencontrons en demeurant au niveau de réflexion ou nous nous trouvions lorsque nous les avons crées » disait A Einstein.
Pour transformer notre société, il nous faut une boussole qui donne une nouvelle orientation à toute notre compréhension du concept de l’autonomie.
Une boussole, comme un principe, est objective. Elle est le reflet de lois naturelles. Elle indique les choses telles qu’elles sont.
Plus nos valeurs et nos actes s’aligneront sur des principes justes et communs, plus ils seront précis et utiles. Pour ceci nous avons besoin de substance, il nous faut plus que l’Aspirine, car nous cherchons à résoudre des problèmes chroniques sous jacents et adopter des principes qui donnent des résultats durables.
« Nul ne peut forcer quelqu’un à changer, comme le faisait observer Marilyn Ferguson, chacun de nous garde sa propre porte du changement, qui ne s’ouvre que de l’intérieur, impossible d’ouvrir cette porte pour un autre que ça soit par des discussions ou par un appel aux sentiments. »
Mes chers amis, une institution législative est nécessaire pour que l’autonomie devienne un mécanisme fonctionnant sans aucun coup et soit, non pas une compagne, mais une partie intégrante de la vie de notre société kabyle.
Le GPK doit absolument connaître l’opinion de notre population sur les problèmes de principe pour pouvoir agir conformément à cette opinion. De nombreuses garanties juridiques doivent être établies par ce gouvernement afin de protéger les droits des kabyles.
Depuis 154 ans la Kabylie est soumise à des lois coloniales et une multitude de règlements continuent de rester en vigueur, de s’opposer aux nouvelles idées du troisième millénaire et très souvent en contradiction avec le droit coutumier kabyle qui ne s’inspire ni des commentaires sacrés des livres sains ni des idéologies philosophiques occidentales ou asiatiques.
De ce fait, il est temps que la Kabylie soit dotée de son parlement toute en essayant de lui imprimer une touche de la structure traditionnelle et du droit coutumier ancestral. Et l’accélération de ce processus est vital pour la pérennité de ce mouvement et renforcer ainsi les garanties juridiques des droits de l’individu et de la communauté.
La conférence sur la concertation nationale kabyle sortira avec des résolutions qui ne stipuleront que les grandes orientations politique, économique et sociale kabyles. Les problèmes concernant la garantie de l’exercice des droits, libertés et devoirs constitutionnels des kabyles doivent faire l’objet d’une consultation national kabyle. Cette conférence devra se tenir pour répondre, en toute franchise, aux interrogations posées par des millions de kabyles notamment par celles et ceux qui ont déjà manifesté leurs dévouement et engagement pour cette noble cause.
Le système d’Alger et ses portes paroles ici en Kabylie ont concentré un tir formidable afin de détruire le plus vite possible la signification et la portée de cette revendication, qui a en effet le mérite d’ouvrir la perspective de l’union et du changement au sein de la société algérienne, ce qui est intolérable pour ceux qui s’acharnent à diviser afin de maintenir leur règne.
Pour que cette conférence soit à l’origine d’un grand courant de confiance et de combativité, elle devra tout d’abord être forte de l’unanimité des représentants de chaque coin kabyle, y compris de notre communauté à l’étranger, parfaitement représentative.
D’où la nécessité de créer au sein de la société civile des relais pour expliciter l’idée du mouvement pour l’autonomie de la Kabylie et surtout de se donner une assise populaire pour faire contrepoids à la force d’inertie de nos « démocratoïdes » pour reprendre l’expression du défunt Boudiaf, mais surtout de répondre aux attentes de cette majorité silencieuse qui ne s’identifie ni au premiers ni aux autres.
Aujourd’hui, le moindre consentement des kabyles à l’austérité du système d’Alger permettrait à la Kabylie de s’installer d’une manière irréversible et définitive dans la crise, ce qui serait catastrophique pour tous les kabyles, et l’ambition de parvenir à une telle situation était exprimée par des déclarations ainsi que par des actes depuis longtemps (du temps de l’ENA et du PPA). Cette ambition se retrouve actuellement dans les orientations des partis de la coalition de leurs auxiliaires du sénat et du parlement d’Alger, mais surtout par le pouvoir qui s’exerce en dehors des institutions officielles algériennes ! Ce qui est en contradiction avec les résolutions du congrès de la Soummam et, sans ambiguïté, avec le droit international.
Nos « démocratoïdes », plutôt que de saisir la main tendue du MAK, ont au contraire, versé dans un oppositionnisme débile se faisant du coup les avocats zélés, les sous traitants politiques d’un projet machiavélique pour cette région frondeuse de l’Algérie, dont les promoteurs et le génie de ces vautours n’en espéraient pas tant.
Dans le cas où une partie de notre population céderait aux injonctions venant d’Alger tout en repoussant la collaboration avec le MAK et les engagements communs des kabyles luttant depuis la nuit des temps pour leur souveraineté territoriale qui la rendent possible et positive, ne serait en aucune manière une « troisième voie » mais un relais sur la voie du maintien du système malfaisant d’Alger. Ce qui fera la différence d’un point de vue fondamental entre la nouvelle vision du MAK avec toute sa portée, son réalisme, la cohésion de son programme et la politique de la terre brûlée du système d’Alger. 
Et si on est arrivé à parvenir à nous mettre tous d’accords sans difficultés sur les objectifs de principe de ce mouvement, à ce moment là, ni l’ambition personnelle, ni l’intérêt groupusculaire, ni non plus le culte de la personnalité du système ne trouveront place parmi nous.
Et comme projet de société où travail, science et intelligence sont les plus cotés à l’échelle des valeurs humaines pour rallumer la flamme de l’espoir éteinte par les 154 longues années de gabegie planifiée et de féconder à nouveau la Kabylie.
Le philosophe américain Ralph W. Emerson a dit que « la santé des yeux semble réclamer des horizons, tant que nous pouvons voir loin, notre regard ne se fatigue pas ».
Dans cette optique justement et dans le but d’apporter ma contribution à alimenter vos travaux au cours de cette espace universitaire, je tiens à soumettre à votre appréciation une modeste réflexion sur les grandes orientations de cette conférence sur la concertation nationale kabyle, qui n’engage que ma personne, dans l’espoir de la voir consolidée, corrigée et enrichie aux cours des séances de travail qui suivront cette communication. Seulement nous devons les inscrire dans le cadre d’une démocratie participative en s’inspirant du particularisme sociologique de notre communauté kabyle.
1-Un pouvoir démocratique réel pour les institutions politiques traditionnelles kabyles.
A travers cette première orientation, nous voulons que les citoyens exercent le pouvoir. Cet objectif nécessite de décentraliser les pouvoirs. Et pour progresser vers ce changement complet, il faut notamment que les confédérations et les tribus qui les composent soient dégagées de la tutelle bureaucratique de l’état et disposent de responsabilités étendues et des moyens de les assumer.
Pour cela la fonction du wali et du chef de daïra seront supprimées. Chacune de ces collectivités, s’administrera librement par un conseil élu au suffrage universel direct et proportionnel.
Le village, puis la tribu disposera aussi d’une réelle autonomie de gestion et seront encouragés par la participation de la société civile et du mouvement associatif existant.
De cette manière la Kabylie sera dotée d’un véritable pouvoir démocratique chargé d’élaborer et de mettre en œuvre le plan régional kabyle d’intervenir sur tous les problèmes économique et social, de veiller aux équilibres écologiques et de développer la vie culturelle et sportive régionales.
2-Démocratiser l’état régional kabyle
Il faut assurer la souveraineté populaire et le fonctionnement démocratique des institutions.
Les kabyles pourront pleinement décider de la politique régionale kabyle au moyen de suffrage universel et de la représentation proportionnelle qui sera instituée pour toutes les élections.
Un conseil des sages (parlement) sera mis en mesure d’exercer son rôle de législateur et de contrôleur de l’exécutif.
Un gouvernement régional sera constitué en tenant compte des partis locaux ou nationaux formant la majorité, conformément à la constitution, il déterminera et conduira la politique de l’état régional kabyle.
Ses structures et son mode de fonctionnement seront conçus selon le principe de l’égalité en devoirs et en droits, ce principe est valable aussi bien pour les femmes ainsi que pour les hommes, de la délibération collective et de la solidarité.
Toutes les dispositions ainsi que les pratiques permettant des abus de pouvoir personnel seront supprimées.

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