dimanche 2 novembre 2014

Lettre d’un Kabyle qui n’est pas militant du MAK | Tamurt.info

A Louisa Hanoune
TAMURT - Encore une fois, vous vous en prenez à une organisation kabyle, le MAK en l’occurrence. Vous le chargez d’un crime que des organisations islamo-terroriste ont annoncé, exécuté puis revendiqué à la face du monde. Pourquoi ?
31/10/2014 - 00:30 mis a jour le 30/10/2014 - 23:15 parMustang Ramdane
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Encore une fois, vous vous en prenez à une organisation kabyle, le MAK en l’occurrence. Vous le chargez d’un crime que des organisations islamo-terroriste ont annoncé, exécuté puis revendiqué à la face du monde. Pourquoi ?
De quel droit vous permettez-vous d’accuser ainsi un mouvement qui, pour l’instant, n’a fait qu’avancer des idées, d’un crime odieux et barbare ? Si vous l’accusez aujourd’hui de ce crime, de quoi allez-vous l’accuser demain ? 
Oh ! Certes, vous prenez bien soin de présenter votre accusation, ou plutôt votre attaque parce que c’en est une, sous le couvert d’une hypothèse ou d’une option à ne pas exclure, mais dans votre bouche, cela équivaut à une affirmation ou même à une condamnation. 
Qu’est-ce qui rend licite votre attaque contre un mouvement complètement désarmé face à vous ? 
Vous rendez-vous compte que faute d’un statut juridique du mouvement, c’est aux individus, hommes et femmes, qui s’en revendiquent que vous vous attaquez, que vous accusez individuellement ?
Pourtant, vous le savez pertinemment, ils sont innocents de ce crime. Vous le savez parce que le MAK est porté, sans armes, par ces hommes et ces femmes qui luttent pour le droit et la liberté d’avoir une identité authentique, non imposée, pour le droit et la liberté de parler et d’apprendre sa langue maternelle, dans son propre pays, pour le droit et la liberté de choisir ses représentants et ses gouvernants. Vous le savez parce que vous savez très bien que le MAK est né pour honorer le sacrifice de milliers de kabyles, morts ou handicapés à vie, victimes de la violence des gendarmes. Vous le savez parce que ces hommes et ces femmes n’ont pas été à la même école que ces gendarmes que vous avez défendus et continuez à défendre. Vous le savez parce que ….
Vous vous attaquez au MAK, mais ce n’est pas la première fois que vous vous en prenez aux kabyles et aux organisations kabyles. Pourquoi ?
Pourquoi on a le désagréable sentiment que, dès qu’il est question de la Kabylie ou des kabyles, que ce soit pour des questions politiques, culturelle, économiques ou tout autre ; vous êtes là, quelque part, embusquée, prête à bondir, revêche et dégoulinante de haine, le regard menaçant et le visage déformé par le ressentiment, d’ailleurs vous devez vous regardez dans un miroir quand vous parlez de la Kabylie, tout crocs, toutes griffes sortis, décidés à déchiqueter la chair kabyle attendrie par tant d’attaques et de diabolisation ?
Êtes-vous en mission ? Au service de qui ? Pour quel intérêt ? C’est quoi votre prix ? Qui vous paie ?
Pendant les dramatiques semaines et mois du printemps noir, en 2001-2002, vous avez déversé un déluge de haine et de glaire sur les Aarouchs et le mouvement citoyen de Kabylie, que même A. Ouyahia, que l’on ne peut soupçonner de sympathie pro-kabyle, n’a osé. Pourquoi ?
Reprochant au régime de négocier avec les Aarouchs et prenant la défense des gendarmes, vous vous êtes mobilisé comme personne d’autre, contre leur renvoi de Kabylie. Jusqu’aux années 2005-2006, vous continuiez à les défendre et à vous acharner contre le mouvement citoyen et les Aarouchs, les dénigrant et les accusant d’être de connivence avec des puissances étrangères, allant jusqu’à affirmer qu’ils sont la création des Etats-Unis. Comment ? est-ce-que ce sont les Américains qui ont tué les manifestants kabyles, à travers les gendarmes, pour aboutir à la création des Aarouchs ? En fait, il n’y a pas de pétrole en Kabylie, ni de gaz d’ailleurs.
Vous vous réjouissiez, en février 2011, que la marche ou les marches de la CNCD aient été empêchées, saluant au passage l’attitude digne des forces de sécurité auxquelles vous avez quand même reproché de s’être massivement déployées, pour justement empêcher ces marches dont vous imputiez « l’échec » au RCD. En quoi est-ce l’échec du RCD ? Il n’était que partie prenante dans la CNCD. C’est elle qui avait appelé les Algériens à marcher. D’ailleurs, ils ont été des dizaines de milliers à avoir marché, même s’ils étaient en tenues, avec casque et bouclier. Mais pour vous, il fallait bien trouver un kabyle pour lui tirer dessus, c’est plus rentable en termes politiques. C’est d’abord un « échec », ensuite c’est « l’échec » d’un kabyle trop virulent, qui pour vous, se transforme en gains politiques, seulement ?
Dans la panique généralisée qui s’était emparée du régime et de ses vassaux, vous vous êtes distinguée par des prises de positions délirantes, vous vous êtes déclarée contre le changement ; pour un leader d’un parti de gauche se réclamant défenseur des travailleurs, c’est très instructif comme perspective.
Toujours en 2011, décidément vous avez été très active cette année-là, vous avez, par l’intermédiaire de vos relais, paralysé pendant des mois une laiterie qui donnait les prémices d’une réussite économique et sociale, juste parce qu’elle venait d’être privatisée.
Vous vous y êtes impliquée personnellement dans un conflit qui n’avait aucune revendication sociale ou professionnelle, réclamant (par dogmatisme idéologique ?) la renationalisation de l’entreprise. Il aurait fallut à ce moment-là s’adresser à ceux qui l’ont privatisé, et non pas bloquer l’outil de production. Vous n’avez pas hésité à perturber le fonctionnement normal de cette usine qui dessert toute la Kabylie. Vous l’avez fait en sachant que vous priviez ainsi toute la région de s’approvisionner en lait pendant des mois. Pourquoi ?
Vous avez servi, en 2013, d’élément déclencheur de la campagne destinée à empêcher le Groupe « Cevital », de reprendre l’usine de pneumatiques Michelin Algérie. Réclamant, à cor et à cri, l’intervention des autorités ! dans une transaction transparente entre deux entités privées, pour sauver des postes d’emplois, pour sauver un site industriel, pour sauver un outil de production, disiez-vous.
L’auriez-vous fait si l’acheteur n’était pas kabyle ? 
Pourtant, vous étiez prête à sacrifier l’outil de production quand il s’agissait d’une laiterie en Kabylie. Poussant un ministre, visiblement très mal inspiré ou à court d’arguments, à justifier une hérésie juridico-économique, le recours au droit de préemption sur une augmentation de capital, en déclarant : « Nous avons besoin d’investissements créateurs d’emplois ; on n’a pas besoin d’un supermarché ». On n’a pas encore entendu parler d’un supermarché géré par des robots, vous pouvez aller vérifier, ce sont des centaines d’hommes et de femmes qui font fonctionner un supermarché, que ce soit à Alger ou ailleurs.
Sachez qu’il ne suffit pas d’agiter quelques personnages, quelques noms ou prénoms kabyles pour vous dédouaner de votre inimitié envers tout ce qui est kabyle, la liste de vos méfaits est très longue. Mais au-delà de vos intentions ou de vos agissements, nous en tirons, pour notre part, un bénéfice non négligeable et pour cela nous vous en remercions.
Nous vous remercions d’exister, politiquement s’entend, car par vos prises de positions, vous contribuez avec nous à faire prendre conscience aux Kabyles qui hésitent encore à se déterminer par rapport aux projets du MAK.
Nous vous remercions également pour nous indiquer dans vos interventions l’état d’esprit qui règne au sein du régime à propos de notre région et de notre combat. Nous vous remercions encore d’informer notre population des scénarios que le régime envisage, prépare ou encore ceux dont il a le plus peur comme l’éventualité de
« placer la région sous protection internationale », c’est bien vos propos rapportés par l’Aps.
Mustang Ramdane

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