Rencontre des linguistes et militants de l’amazighité à Tizi-Ouzou :
Vers l’amazighization des panneaux de signalisations et des enseignes
Saïd Tissegouine pour Tamurt
TIZI WEZZU ( Tamurt.info ) - L’association scientifique et culturelle « Amusnaw », dirigée par El-Hachemi Touzène a initié, hier, au niveau de son siège, une rencontre à l’effet d’examiner les voies et moyens d’ « amazighizer » avant le 20 avril prochain la capitale du Djurdjura, considérée comme la « vitrine » de la Kabylie.
24/03/2015 - 08:21 mis a jour le 24/03/2015 - 08:21 par
Ont pris part à ce rendez-vous scientifique d’abord, politique ensuite, le sénateur Mohamed Ikherbane, l’académicien en linguistique amazighe, Ramdane Achab, le président de l’union générale des commerçants et artisans de la wilaya de Tizi-Ouzou, Hamid Abba, le président de la chambre du commerce et de l’industrie, Chabane Guettouche et plusieurs représentants du mouvement associatif.
En ouvrant la séance, le président de l’association « Amusnaw » a indiqué que l’objectif immédiat est d’amazighiser le chef-lieu de wilaya de Tizi-Ouzou et pour cela, « il faut une forme lexicale définie par des spécialistes en la matière ». « Si au début de la décennie 1990, poursuit El Hachemi Touzène, l’assemblage des mots de tamazight et leur utilisation en écriture a été fait dans un cadre militant et par des militants, il faut aujourd’hui en revanche que ce créneau soit du ressort strict de la communauté scientifique ».
Le sénateur Mohamed Ikherbane dira pour sa part que dès lors que tamazight est institutionnalisée, il reste à la mettre en pratique sur le terrain. Le cadre du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) a ajouté que le principe administratif est déjà acquis. « D’ailleurs, précise le conférencier, le wali à qui j’ai soumis cette question m’a affirmé de sa volonté d’instruire les services concernés pour mettre à exécution l’inscription en tamazight des éléments à amazighiser pour peu que des recommandations et données lexicales soient remises à leur disposition.
Quel est donc cette forme et fond lexicaux à appliquer ? L’académicien Ramdane Achab a déclaré qu’il est hors de question de faire des écriteaux avec des erreurs d’orthographe et de grammaire. Ce chercheur, qui a déjà publié plusieurs ouvrages en tamazight et sur tamazight, a suggérer l’uniformisation de l’écriture tamazight et indiqué que la meilleure référence selon son point de vue est le modèle de l’IRCAM (Institut royal de la culture amazighe marocain) puisque les caractères utilisés (tifinah) sont introduits dans le web et certifiés ISO. Ramdane Achab a également déclaré qu’il faut exclure « la purification langagière » car « la purification tue la langue ». L’académicien a cité l’exemple de l’erreur commise par les Israéliens en excluant de l’hébreu les mots d’arabe ». « Cependant, les académiciens israéliens ont vite compris leur erreur d’où la réintroduction des mots arabes dans leur langue », a précisé ce spécialiste de tamazight avant de plaider pour que tamazight garde ses mots d’emprunt, arabes notamment.
Sur ce chapitre, El Hachemi Touzène a indiqué qu’ Amusnaw, en collaboration avec d’autres associations, a déjà mis sur la liste pas moins de 520 mots en tamazight et qu’elle compte soumettre au département des lettres tamazight de l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou pour étude et correction avant de les mettre à la disposition des institutions pouvant en avoir besoin. Pour sa part, le conférencier, Hamid Amri, a affirmé que lui-même a impliqué le Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA) dans cette recherche académique. « Dans les tout prochains jours, poursuit cet intervenant, je me mettrai en relations avec les associations de l’Oranie pour les faire impliquer dans cette mission car elles aussi ne sont pas du tout indifférentes à cette question de l’amazighité ». S’agissant du reste de la Kabylie, à l’instar de Béjaia, Bouira et Boumerdès, etc…, quant à l’amazighisation, les conférenciers ont répondu qu’après cette opération d’urgence à mener à Tizi-Ouzou, il sera évidemment question de prendre attache avec toutes les parties concernées.
Les organisateurs de ce rendez-vous, surtout le sénateur Mohamed Ikherbane, ont même retenu l’idée d’aller vers un colloque international sur la forme de l’écriture de tamazight et la meilleure façon de faire son ancrage dans le monde amazigh. Dans cette perspective, l’académicien Ramdane Achab a réitéré la nécessité d’avoir la même écriture et, au même souligné qu’il serait possible pour chaque communauté amazighe d’appliquer ses propres sons ou tout simplement sa propre phonétique.
Dans l’immédiat, les organisateurs de cette rencontre ont recommandé aux cadres du mouvement associatif de sortir sur le terrain afin d’identifier tous les commerces et leurs propriétaires pour que des enseignes établies dans une écriture amazighe juste. Le président de l’union des générales des commerçants et artisans de la wilaya de Tizi-Ouzou a plaidé à ce que cette opération, c’est-à-dire les enseignes et autres écriteaux en tamazight devant les devantures commerciales, soit finalisée avant le 20 avril prochain. Le président de l’association « Amusnaw » a plaidé lui aussi à ce que les entreprises de téléphonies, Djezzy et Mobilis, emboîtent le pas à Nedjma dans la vocalisation en tamazight de leur téléphonie portable. Notons enfin que les autorités communales de Tizi-Ouzou ont arrêté le principe de faire changer d’appellation à Oued-Falli pour la remplacer par « Tizizwets (abeille) ».
Serait-il possible d’assurer ce changement d’appellation et d’amazighiser l’environnement kabyle quand on connait la hargne du pourvoir vis as vis de la Kabylie ?
Serait-il possible d’assurer ce changement d’appellation et d’amazighiser l’environnement kabyle quand on connait la hargne du pourvoir vis as vis de la Kabylie ?
Saïd Tissegouine pour Tamurt
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