Le mouvement amazigh et les contraintes du paysage politique marocain
Le mouvement amazigh et les contraintes du paysage politique marocain
Lasri Brahim Amazigh
Il me semble que les militants amazighs sont appelés plus que jamais à se réunir autour d’une plate-forme, à définir et redéfinir leurs effectifs, à revoir leurs moyens, leurs champs d’actions, l’apport des associations, des institutions étatiques,…Le mouvement amazigh après le choc des urnes, sa place au sein de la société civile, ses inter-influences au sein de la société marocaine, nous sommes tous convoqués acteurs et actrices à remettre les compteurs à zéro et à avoir le courage de poser les vraies et les bonnes questions : Notre mouvement est-t-il en crise ? Quels sont nos atouts pour mieux vendre nos marques mieux que nos adversaires dans le marché des propriétés symboliques et politiques ? Mais avant toute tentative de réponse à ces questions, je propose d’abord de définir ce qui fait de nous des acteurs du mouvement. Les repères des années 70/80/90 ne sont plus les mêmes, Imazighns ou les acteurs du mouvement sont appelés à changer leurs détecteurs obsolètes de vrais militants et militantes.
L’infection du mouvement par ses girouettes :
Aujourd’hui il s’est avéré que beaucoup sont comptés parmi nous juste pour asseoir un capital symbolique de militantisme afin de le spéculer pendant toute période électorale. Nos girouettes tournent tout le temps. Elles occupent le terrain plus que les vrais militants, ces derniers finissent même parfois par l’abandon total du mouvement. Nous regrettons le grand nombre de militants affectés par les tournoiements de nos girouettes sans scrupules. Dans la dernière campagne électorale et partout au Maroc, des militants ont remarqué que des jeunes et des vieux ont appelé à voter pour les partis amazighophobes, ils ont fait du porte à porte, avec casquettes et T-shirts aux couleurs des partis ennemis de tamazight. Si on ne dénonce pas ces pratiques malsaines, il me semble que les Amazighs du Maroc vont encore rater leurs rendez-vous avec l’histoire. Il me semble que ces acrobates qui jouent toujours le jeu du grand écart font plus de mal que de bien à notre cause. Un militant d’un parti même ennemi du mouvement mais sympathisant de notre cause est beaucoup plus clément que ces spéculateurs de notre capital politique, ils sont sans adresse, on peut les trouver n’importe où, n’importe quand, du moment que leurs spéculations sont lucratives. Le mouvement amazigh devrait sortir de cette situation de clandestinité. Ce n’est pas parce que les autres veulent nous marginaliser et nous enfermer dans le bled siba que nous devrions y rester ou pire entrer au bled lmkhzn. D’autres options existent, à nous de les saisir. Un vrai mouvement se doit de créer ses anticorps pour mieux se défendre, pour mieux définir ses acteurs. Tamazight certes appartient à tout le monde surtout à ceux qui la vivent et la parlent au quotidien. Certes, elle devrait être et rester une productrice de richesse, d’investissement pour tous ceux et celles qui le souhaitent nord-africains ou étrangers, musulmans ou chrétiens, croyants ou athées, homos ou hétéros… Mais le mouvement amazigh devra d'abord clarifier son identité à part entière, ses membres ne doivent nullement se permettre de spéculer sur un bien collectif pour leur profit personnel. Celui qui le fait ne doit plus être nommé militant ni acteur mais voleur et charognard.
La crise du mouvement et la renaissance de tamazight :
Les associations amazighes ont beaucoup donné à la langue et la culture amazighes, sans elles, notre histoire ne sera que la continuité de l’histoire de l’aliénation du peuple amazigh. L’interactivité entre les associations et le MCA estudiantins a créé une grande dynamique aux années 90. C’étaient les mêmes militants de l’université qui étaient aussi membres fondateurs et actifs dans leurs associations avec le soutien de quelques avocats et enseignants. Aujourd’hui Tamazight, langue et culture, est devenue un champ d’investissement (même si quelques rares militants un peu fiers continuent encore à publier leurs ouvrages avec leurs propres fonds et sans l’appui d’aucune institution ), il est normal que d’autres ambitieux cherchent à investir pour multiplier leurs richesses. Ainsi nous assistons à l’arrivée des arrivistes, des opportunistes de tous genres et qui ont infecté les associations, les activités, et le travail associatif noble. En résumé, le mouvement amazigh est infecté par les comportements de ces soi-disant militants, mais la culture et la langue amazighes sont enrichies par cette concurrence affreuse qui est gérée malheureusement d’une façon sauvage comme elle est gérée dans l’ensemble de notre cher pays. Ainsi nous avons du mal à identifier les vrais des faux écrivains, les jurys honnêtes des jurys corrupteurs et corrompus, des associations non lucratives des sociétés déguisées en associations.
Les atouts du mouvement amazigh et le contexte géopolitique :
Aujourd'hui l'amazighité est ancrée plus que jamais chez les masses populaires, le drapeau amazigh flotte partout en Afrique du Nord. Le peuple amazigh est considéré comme étant le troisième peuple au monde qui aime son drapeau. Aljazeera la chaîne islamo-baatiste financée par l'argent des pétrodollars a fait tout pour éviter de parler de l'entrée triomphale des Amazighs Libyens au palais du dictateur Qaddafi. Les drapeaux amazighs sur les Chars, les graffitis du Z amazigh sur les murs de Bab elàzizya, à l'endroit même ou le discours historique de Zanga zanga a été prononcé. Leur mise en scène surtout, l'insistance pour dire que Benghazi était le seul lieu des événements a échoué. La place des martyrs à Tripoli, couvertes des drapeaux multicolores, le lendemain, a mis à jour leurs mensonges. Au Maroc, la descente des jeunes amazighs dans la rue, et leur apport aux manifestations du 20 février a montré plus que jamais que la cause amazighe est au centre du débat démocratique. Les régions marginalisées riches et exploitées pour leur sous-sol (Imidr/ jbel Aouam...) ont connu des grands soulèvements, sans oublier les manifestations contre la hogra dans les régions amazighes éloignées du centre ( Ayt Bouàyyach, Awrir...). L'atout majeur du mouvement est dans la noblesse des valeurs qu'il défend. Les Imazighn sont les parmi les seuls au Maroc qui défendent clairement l'égalité des sexes, la laïcité, les valeurs universelles, non pas importées de l’extérieur, mais surtout qui sont l'essence même de leur identité millénaire. Mais malgré la légitimité de nos revendications, comme le sont celles du 20 Février d'ailleurs, il est vrai que nous sommes un mouvement sans tête, ou une hydre à plusieurs têtes , et qu'aucune des têtes ne pourra jamais dominer les autres. Et cela ne servira à rien de médiatiser l'une au détriment des autres, certains ont déjà essayé dans l'histoire des amazighs et ont échoué à favoriser l'une aux dépens des autres. Nos ancêtres dans leurs assemblées tribales ont toujours favorisé le groupe sur l'individu, le slogan est : un pour tous et non tous pour un. Imazighn aujourd'hui sont déçus par les structures politiques existantes, trahis par leurs girouettes... Ils ont choisi de s’éloigner de toutes les organisations politiques, pour ne pas ressembler aux autres qui les ont trahis. Mais ont-ils raison ?
L'action politique par essence est une action qui exige le courage de se salir, si on ne l'intègre pas on finit par la subir. Mais redéfinissons d'abord le militant amazigh, levons le voile sur l'identité de chacun pour ne servir que notre agenda et non ceux des autres, intégrons le champ politique ensemble en dansant sur le même rythme qu'il soit d'ahwach ou d'ahidous, pour que les girouettes cessent de tourner dans tous les sens. Ceci dit, n'ayons pas honte de nos ancêtres, l'hydre devra continuer à vivre avec tous ces organes. Que la transparence règne, que l'agenda soit unique et clair et que toute prise de décision soit collégiale. Ne cherchons pas à imiter les autres soyons d'abord nous-mêmes.
Auteur: Lasri Brahim Amazigh
Le mouvement amazigh et les contraintes du paysage politique marocain
Lasri Brahim Amazigh
Il me semble que les militants amazighs sont appelés plus que jamais à se réunir autour d’une plate-forme, à définir et redéfinir leurs effectifs, à revoir leurs moyens, leurs champs d’actions, l’apport des associations, des institutions étatiques,…Le mouvement amazigh après le choc des urnes, sa place au sein de la société civile, ses inter-influences au sein de la société marocaine, nous sommes tous convoqués acteurs et actrices à remettre les compteurs à zéro et à avoir le courage de poser les vraies et les bonnes questions : Notre mouvement est-t-il en crise ? Quels sont nos atouts pour mieux vendre nos marques mieux que nos adversaires dans le marché des propriétés symboliques et politiques ? Mais avant toute tentative de réponse à ces questions, je propose d’abord de définir ce qui fait de nous des acteurs du mouvement. Les repères des années 70/80/90 ne sont plus les mêmes, Imazighns ou les acteurs du mouvement sont appelés à changer leurs détecteurs obsolètes de vrais militants et militantes.
L’infection du mouvement par ses girouettes :
Aujourd’hui il s’est avéré que beaucoup sont comptés parmi nous juste pour asseoir un capital symbolique de militantisme afin de le spéculer pendant toute période électorale. Nos girouettes tournent tout le temps. Elles occupent le terrain plus que les vrais militants, ces derniers finissent même parfois par l’abandon total du mouvement. Nous regrettons le grand nombre de militants affectés par les tournoiements de nos girouettes sans scrupules. Dans la dernière campagne électorale et partout au Maroc, des militants ont remarqué que des jeunes et des vieux ont appelé à voter pour les partis amazighophobes, ils ont fait du porte à porte, avec casquettes et T-shirts aux couleurs des partis ennemis de tamazight. Si on ne dénonce pas ces pratiques malsaines, il me semble que les Amazighs du Maroc vont encore rater leurs rendez-vous avec l’histoire. Il me semble que ces acrobates qui jouent toujours le jeu du grand écart font plus de mal que de bien à notre cause. Un militant d’un parti même ennemi du mouvement mais sympathisant de notre cause est beaucoup plus clément que ces spéculateurs de notre capital politique, ils sont sans adresse, on peut les trouver n’importe où, n’importe quand, du moment que leurs spéculations sont lucratives. Le mouvement amazigh devrait sortir de cette situation de clandestinité. Ce n’est pas parce que les autres veulent nous marginaliser et nous enfermer dans le bled siba que nous devrions y rester ou pire entrer au bled lmkhzn. D’autres options existent, à nous de les saisir. Un vrai mouvement se doit de créer ses anticorps pour mieux se défendre, pour mieux définir ses acteurs. Tamazight certes appartient à tout le monde surtout à ceux qui la vivent et la parlent au quotidien. Certes, elle devrait être et rester une productrice de richesse, d’investissement pour tous ceux et celles qui le souhaitent nord-africains ou étrangers, musulmans ou chrétiens, croyants ou athées, homos ou hétéros… Mais le mouvement amazigh devra d'abord clarifier son identité à part entière, ses membres ne doivent nullement se permettre de spéculer sur un bien collectif pour leur profit personnel. Celui qui le fait ne doit plus être nommé militant ni acteur mais voleur et charognard.
La crise du mouvement et la renaissance de tamazight :
Les associations amazighes ont beaucoup donné à la langue et la culture amazighes, sans elles, notre histoire ne sera que la continuité de l’histoire de l’aliénation du peuple amazigh. L’interactivité entre les associations et le MCA estudiantins a créé une grande dynamique aux années 90. C’étaient les mêmes militants de l’université qui étaient aussi membres fondateurs et actifs dans leurs associations avec le soutien de quelques avocats et enseignants. Aujourd’hui Tamazight, langue et culture, est devenue un champ d’investissement (même si quelques rares militants un peu fiers continuent encore à publier leurs ouvrages avec leurs propres fonds et sans l’appui d’aucune institution ), il est normal que d’autres ambitieux cherchent à investir pour multiplier leurs richesses. Ainsi nous assistons à l’arrivée des arrivistes, des opportunistes de tous genres et qui ont infecté les associations, les activités, et le travail associatif noble. En résumé, le mouvement amazigh est infecté par les comportements de ces soi-disant militants, mais la culture et la langue amazighes sont enrichies par cette concurrence affreuse qui est gérée malheureusement d’une façon sauvage comme elle est gérée dans l’ensemble de notre cher pays. Ainsi nous avons du mal à identifier les vrais des faux écrivains, les jurys honnêtes des jurys corrupteurs et corrompus, des associations non lucratives des sociétés déguisées en associations.
Les atouts du mouvement amazigh et le contexte géopolitique :
Aujourd'hui l'amazighité est ancrée plus que jamais chez les masses populaires, le drapeau amazigh flotte partout en Afrique du Nord. Le peuple amazigh est considéré comme étant le troisième peuple au monde qui aime son drapeau. Aljazeera la chaîne islamo-baatiste financée par l'argent des pétrodollars a fait tout pour éviter de parler de l'entrée triomphale des Amazighs Libyens au palais du dictateur Qaddafi. Les drapeaux amazighs sur les Chars, les graffitis du Z amazigh sur les murs de Bab elàzizya, à l'endroit même ou le discours historique de Zanga zanga a été prononcé. Leur mise en scène surtout, l'insistance pour dire que Benghazi était le seul lieu des événements a échoué. La place des martyrs à Tripoli, couvertes des drapeaux multicolores, le lendemain, a mis à jour leurs mensonges. Au Maroc, la descente des jeunes amazighs dans la rue, et leur apport aux manifestations du 20 février a montré plus que jamais que la cause amazighe est au centre du débat démocratique. Les régions marginalisées riches et exploitées pour leur sous-sol (Imidr/ jbel Aouam...) ont connu des grands soulèvements, sans oublier les manifestations contre la hogra dans les régions amazighes éloignées du centre ( Ayt Bouàyyach, Awrir...). L'atout majeur du mouvement est dans la noblesse des valeurs qu'il défend. Les Imazighn sont les parmi les seuls au Maroc qui défendent clairement l'égalité des sexes, la laïcité, les valeurs universelles, non pas importées de l’extérieur, mais surtout qui sont l'essence même de leur identité millénaire. Mais malgré la légitimité de nos revendications, comme le sont celles du 20 Février d'ailleurs, il est vrai que nous sommes un mouvement sans tête, ou une hydre à plusieurs têtes , et qu'aucune des têtes ne pourra jamais dominer les autres. Et cela ne servira à rien de médiatiser l'une au détriment des autres, certains ont déjà essayé dans l'histoire des amazighs et ont échoué à favoriser l'une aux dépens des autres. Nos ancêtres dans leurs assemblées tribales ont toujours favorisé le groupe sur l'individu, le slogan est : un pour tous et non tous pour un. Imazighn aujourd'hui sont déçus par les structures politiques existantes, trahis par leurs girouettes... Ils ont choisi de s’éloigner de toutes les organisations politiques, pour ne pas ressembler aux autres qui les ont trahis. Mais ont-ils raison ?
L'action politique par essence est une action qui exige le courage de se salir, si on ne l'intègre pas on finit par la subir. Mais redéfinissons d'abord le militant amazigh, levons le voile sur l'identité de chacun pour ne servir que notre agenda et non ceux des autres, intégrons le champ politique ensemble en dansant sur le même rythme qu'il soit d'ahwach ou d'ahidous, pour que les girouettes cessent de tourner dans tous les sens. Ceci dit, n'ayons pas honte de nos ancêtres, l'hydre devra continuer à vivre avec tous ces organes. Que la transparence règne, que l'agenda soit unique et clair et que toute prise de décision soit collégiale. Ne cherchons pas à imiter les autres soyons d'abord nous-mêmes.
Auteur: Lasri Brahim Amazigh
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