Oubliée toute l’année, courtisée le jour du vote - Actualité - El Watan
Femme algérienne, un 8 mars
Oubliée toute l’année, courtisée le jour du vote
le 08.03.12 | 10h00 Réagissez
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Les 8 Mars se suivent et se ressemblent pour la femme algérienne. Le combat pour ses droits et son émancipation bute sur de multiples obstacles. A l’approche des législatives, elle se retrouve courtisée pas tous, y compris par ceux-là-mêmes qui ne croient pas à la nécessité de revoir le code de la famille.
En dehors des chaumières partisanes et des cercles initiés, la fièvre électorale a du mal à se propager. Les femmes sont doublement insoucieuses à l’égard de la chose politique à cause des tabous et de l’hégémonie de l’homme qui a toujours tenu en marge la gent féminine, notamment dans l’Algérie profonde où la tribu décide.
Le RND, qui se dit moderne et défend la parité, n’a jamais eu de femme députée à Batna, pour ne citer que cet exemple. Les autres partis qualifiés de grosses cylindrées ne font pas mieux. Mais voilà que tous ces partis en lice pour les législatives de mai prochain se mettent à courtiser la femme pour se conformer à la nouvelle loi électorale qui exige un quota de 30% pour les femmes. Si la nouvelle donne ne semble pas gêner outre mesure les formations classiques, chez les nouveaux partis et parmi les listes indépendantes, il s’agit d’un véritable casse-tête. A Batna toujours, une femme retraitée de l’éducation, issue d’une famille de notables a subi un véritable harcèlement de la part du parti El Moustakbal et des initiateurs d’une liste indépendante pour qu’elle se porte candidate avec eux. Une autre femme, plus jeune, enseignante à l’université de Constantine, a été, quant à elle, contactée par une vieille connaissance pour s’inscrire sur la liste du Front national pour les libertés. A défaut d’une base et face à la pression du compte à rebours, on fait comme on peut. On puise dans les vieux carnets d’adresses, on charge des amis du recrutement, on fait des annonces dans les médias.
A Souk Ahras, les «partillons» vont jusqu’à proposer des billets de banque contre une candidature féminine ! Tout est licite, les impératifs classiques de l’adhésion politique ne comptent guère, il faut remplir les listes à n’importe quel prix. C’est le pragmatisme du ventre ! Les nouveaux partis islamistes semblent moins embarrassés, mais pour trouver la candidate exemplaire, la mission est ardue. Le parti de Abdelmadjid Menasra a dû frapper à plusieurs reprises à la porte d’une dame, cadre dans une administration et personnalité populaire, portant le voile et ayant accompli une omra. En vain. On se contente alors des épouses des militants, obéissantes et conformes à la charia !Chez les uns et les autres, les difficultés se valent mais ne se ressemblent pas.
Au FLN de Batna, la fille à Mostefa Ben Boulaïd a eu beaucoup de mal à se faire une place face à la sœur de Brahim Boulahia, sénateur et responsable de la moufafadha locale. Au RND, les listes ont été confectionnées sans le moindre mal, nous confie Belkacem Barkat, secrétaire général du bureau de la capitale des Aurès, mais les candidates doivent satisfaire à l’exigence d’un parcours prédéfini au sein des structures du parti. Ce n’est pas le cas chez les autres formations où le quota de femmes cause des retards dans le dépôt des listes au niveau central. Dans les tribus, où d’habitude se joue et se décide le choix du nom à élire, il n’est pas question de voter pour des femmes. Quoi qu’il en soit, à Batna où les femmes ont droit à 35% du total des 14 sièges offertes à la wilaya, celles qui décident de mener l’aventure ne sont jamais en tête des listes. Elles sont vouées d’ailleurs à n’être qu’un ornement imposé par le législateur dans le cadre des réformes dites de Bouteflika.
La femme n’a jamais eu sa place en politique et les avancées dont parlent les politiques ne reflètent pas des convictions ni un progrès du statut social de la femme au sein de la société. C’est une sorte de promotion forcée pour faire bonne figure. C’est donc dans l’urgence que sont confectionnées les listes de candidatures, côté femmes. En dehors des métropoles où subsistent encore des traditions politiques, il est à craindre que le quota «offert» aux femmes, résultat du rendez-vous du 10 mai prochain, ne soit davantage une manière de reconfigurer la clientèle du pouvoir.
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