Bamako tourne le dos à un Nord en flammes - Actualité - El Watan
Les combattants de l'Azawad annoncent la prise de contrôle de tessalit
Bamako tourne le dos à un Nord en flammes
zoom
ImprimerPDF Envoyer à un ami Flux RSS Partager
Après avoir fait la sourde oreille aux nombreux cris de détresse des cadres de l’Alliance pour la démocratie et le changement (ADC), le président malien, Amadou Toumani Touré, adopte une position passive face l’embrasement du nord de son pays.
Les combattants du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) contrôlent, depuis hier matin, Amachach, le dernier camp militaire de la ville de Tessalit, situé au nord du Mali, non loin de la frontière avec Tamanrasset. Pas de combat pour l’occuper, nous dit-on, de source proche du mouvement. Une victoire trop importante du fait de l’existence d’un aéroport à Tessalit. La facilité avec laquelle cette «citadelle» a été prise intrigue plus d’un. Les autorités maliennes affirment qu’il s’agit d’un «retrait tactique» des forces armées, mais le MNLA avance une autre thèse : «Les militaires en poste dans ce camp ont déserté les rangs.» Des informations contradictoires font état de l’arrivée, à la frontière, de nombreux civils mais également de militaires ayant fui les lieux.
En dépit de l’exode de plus de 170 000 personnes vers les pays riverains et les échecs successifs de l’armée malienne sur le terrain, Bamako reste totalement coupée de la réalité. Après avoir fait la sourde oreille aux nombreux cris de détresse des cadres de l’Alliance pour la démocratie et le changement (ADC), sollicitations d’anciens rebelles, le président malien, ATT (Amadou Toumani Touré) adopte une position passive face l’embrasement du nord de son pays et la menace de partition qui pèse sur la région. Certains observateurs n’hésitent pas à voir dans cette «inertie» une volonté intentionnelle d’ATT de laisser régner le chaos au nord du pays, à travers les activités d’Al Qaîda, l’entrée en lice du mouvement islamiste Ansar Essuna (les fidèles de la sunna) dirigé par Ayad Ag Aghaly (qui était un proche émissaires chargé des négociations pour la libération des otages détenus par Al Qaîda) et la lutte du MNLA.
Dans ce contexte, ATT bénéficiera «d’une dérogation spéciale» pour renvoyer aux calendes grecques l’élection présidentielle prévue pour le mois d’avril 2012, à laquelle il ne pourra se présenter sans faire sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels à deux. D’ailleurs, à quelques semaines de cette date butoir, la dynamique de la pré-campagne semble stoppée net. Le pays vit comme s’il n’est pas à la veille d’un rendez-vous aussi important que celui de l’élection d’un président. Ce qui est certain, c’est que le président malien n’est pas du tout disposé pour l’instant à dialoguer avec le MNLA, qu’il considère d’ailleurs comme une organisation terroriste. Pour des observateurs avertis, le général président est en train de récolter ce qu’il a lui-même semé : le refus catégorique d’aller vers une paix durable à travers l’application de l’Accord d’Alger, qu’il a paraphé, pour permettre aux deux tiers de son territoire de vivre décemment.
Cette politique a eu comme conséquence non seulement le durcissement des revendications du mouvement de l’Azawad, mais également la prolifération des activités terroristes d’Al Qaîda, des cartels de la cocaïne, des trafiquants d’armes, qui a fait de la région une vraie poudrière, qui attise les intérêts non seulement de l’ancienne puissance coloniale mais également des Etats-Unis d’Amérique, qui voient d’un mauvais œil les mouvements d’anciens loyalistes d’El Gueddafi, venir renflouer les rangs d’Al Qaîda et de la rébellion. Devenue aussi complexe que dangereuse, la situation n’augure guère un avenir meilleur. Les combattants de l’Azawad ne lâchent pas du lest et promettent de «libérer» le dernier bastion de leur territoire, situé du côté de la frontière avec le Burkina Faso, alors que les phalanges d’Al Qaîda, qui évoluent dans le sillage du MNLA, continuent à recruter et à renforcer leurs positions et leurs moyens militaires.
Parallèlement, Ayad Ag Aghali organise ses troupes armées structurées autour du mouvement Ansar Essuna, en récupérant de plus en plus de Maliens désabusés par Abou Zeid. Pour certains, Ayad, devenu très riche grâce à ses «bons offices» dans la libération des otages détenus par les terroristes et ses relations avec les trafiquants d’armes et de drogue, veut se présenter comme un «guide» d’un islam sunnite en opposition aux salafistes, qu’il connaît assez bien, eu égard aux relations qu’il avait avec leurs chefs, notamment Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar. En tout état de cause, les combattants de l’Azawad ne comptent pas faire marche arrière et s’attendent à un été très chaud.
Salima Tlemçani
Les combattants de l'Azawad annoncent la prise de contrôle de tessalit
Bamako tourne le dos à un Nord en flammes
zoom
ImprimerPDF Envoyer à un ami Flux RSS Partager
Après avoir fait la sourde oreille aux nombreux cris de détresse des cadres de l’Alliance pour la démocratie et le changement (ADC), le président malien, Amadou Toumani Touré, adopte une position passive face l’embrasement du nord de son pays.
Les combattants du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) contrôlent, depuis hier matin, Amachach, le dernier camp militaire de la ville de Tessalit, situé au nord du Mali, non loin de la frontière avec Tamanrasset. Pas de combat pour l’occuper, nous dit-on, de source proche du mouvement. Une victoire trop importante du fait de l’existence d’un aéroport à Tessalit. La facilité avec laquelle cette «citadelle» a été prise intrigue plus d’un. Les autorités maliennes affirment qu’il s’agit d’un «retrait tactique» des forces armées, mais le MNLA avance une autre thèse : «Les militaires en poste dans ce camp ont déserté les rangs.» Des informations contradictoires font état de l’arrivée, à la frontière, de nombreux civils mais également de militaires ayant fui les lieux.
En dépit de l’exode de plus de 170 000 personnes vers les pays riverains et les échecs successifs de l’armée malienne sur le terrain, Bamako reste totalement coupée de la réalité. Après avoir fait la sourde oreille aux nombreux cris de détresse des cadres de l’Alliance pour la démocratie et le changement (ADC), sollicitations d’anciens rebelles, le président malien, ATT (Amadou Toumani Touré) adopte une position passive face l’embrasement du nord de son pays et la menace de partition qui pèse sur la région. Certains observateurs n’hésitent pas à voir dans cette «inertie» une volonté intentionnelle d’ATT de laisser régner le chaos au nord du pays, à travers les activités d’Al Qaîda, l’entrée en lice du mouvement islamiste Ansar Essuna (les fidèles de la sunna) dirigé par Ayad Ag Aghaly (qui était un proche émissaires chargé des négociations pour la libération des otages détenus par Al Qaîda) et la lutte du MNLA.
Dans ce contexte, ATT bénéficiera «d’une dérogation spéciale» pour renvoyer aux calendes grecques l’élection présidentielle prévue pour le mois d’avril 2012, à laquelle il ne pourra se présenter sans faire sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels à deux. D’ailleurs, à quelques semaines de cette date butoir, la dynamique de la pré-campagne semble stoppée net. Le pays vit comme s’il n’est pas à la veille d’un rendez-vous aussi important que celui de l’élection d’un président. Ce qui est certain, c’est que le président malien n’est pas du tout disposé pour l’instant à dialoguer avec le MNLA, qu’il considère d’ailleurs comme une organisation terroriste. Pour des observateurs avertis, le général président est en train de récolter ce qu’il a lui-même semé : le refus catégorique d’aller vers une paix durable à travers l’application de l’Accord d’Alger, qu’il a paraphé, pour permettre aux deux tiers de son territoire de vivre décemment.
Cette politique a eu comme conséquence non seulement le durcissement des revendications du mouvement de l’Azawad, mais également la prolifération des activités terroristes d’Al Qaîda, des cartels de la cocaïne, des trafiquants d’armes, qui a fait de la région une vraie poudrière, qui attise les intérêts non seulement de l’ancienne puissance coloniale mais également des Etats-Unis d’Amérique, qui voient d’un mauvais œil les mouvements d’anciens loyalistes d’El Gueddafi, venir renflouer les rangs d’Al Qaîda et de la rébellion. Devenue aussi complexe que dangereuse, la situation n’augure guère un avenir meilleur. Les combattants de l’Azawad ne lâchent pas du lest et promettent de «libérer» le dernier bastion de leur territoire, situé du côté de la frontière avec le Burkina Faso, alors que les phalanges d’Al Qaîda, qui évoluent dans le sillage du MNLA, continuent à recruter et à renforcer leurs positions et leurs moyens militaires.
Parallèlement, Ayad Ag Aghali organise ses troupes armées structurées autour du mouvement Ansar Essuna, en récupérant de plus en plus de Maliens désabusés par Abou Zeid. Pour certains, Ayad, devenu très riche grâce à ses «bons offices» dans la libération des otages détenus par les terroristes et ses relations avec les trafiquants d’armes et de drogue, veut se présenter comme un «guide» d’un islam sunnite en opposition aux salafistes, qu’il connaît assez bien, eu égard aux relations qu’il avait avec leurs chefs, notamment Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar. En tout état de cause, les combattants de l’Azawad ne comptent pas faire marche arrière et s’attendent à un été très chaud.
Salima Tlemçani
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire