dimanche 22 juillet 2012


La Kabylie et les feux du désespoir

Le feu et toujours le feu. Depuis avril 80, date à laquelle les Kabyles ont ouvert la bouche et brandi les bras, nos forêts et landes ne cessent de brûler. Chaque été, des feux criminels ravagent nos vergers. Les oliveraies, source vitale de centaines de familles, s’estompent peu à peu laissant derrière eux des paysages de désolation. Synchronisés et éparpillés, les feux ne donnent aucun répit à la flore locale. Sitôt les grandes chaleurs pointent le nez, les pyromanes de tous bords besognent sans relâches. Ils arrivent avec le sirocco. Ce même vent qui accompagna les tueurs de la Kahina.
Partout dans le monde, des feux se propagent et se déclarent pendant la période de canicule et de grande chaleurs mais chez nous, ça arrive trop souvent que ça ne peu être le fruit du hasard. Quelqu’un donne le signal pour le feu d’artifices criminels.
Bien sur qu’il y a quelques autochtones en mal de débroussaillage saisonnier qui s’adonnent à cette tradition plusieurs fois millénaire nommée « LANSLA ». Elle revient chaque année à la même date : le 07 juillet. Mais avant avril 80, date du premier soulèvement populaire postindépendance, cette tradition qui consistait à allumer le feu dans chaque verger était organisée et très surveillée. Le feu ne débordait presque jamais les haies. Le débroussaillage se faisait en famille et s’était juste pour marquer une tradition ancrée à ce jour dans la conscience de la Kabylie.
Aujourd’hui c’est une autre histoire. Personne ne voit les pyromanes et souvent, personnes ne voit les pompiers.
Si les brasiers se rallument trop souvent c’est que quelques parties, visibles ou invisibles, prennent plaisir à les voir se répéter et ce ne sont surtout pas les kabyles authentiques.
Il n’est plus permis de se taire devant une catastrophe écologiques qui touche la source vitale de toute une région : l’agriculture de montagne.
Avec le chômage, le banditisme, le terrorisme et la militarisation exagérée, il est quasiment sûr que l’ étouffement de la région, par le feu et le sang, provoquera sa mort à long terme ou à défaut abdiquer et renoncer à sa quête de la réappropriation identitaire. La spécificité kabyle disparaîtra et se mêlera, tête baissée, à la bergerie Algérie. A moins que…
Wisen Anwa

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