Siné, son logo Sonatrach, le club Med de Tipaza et le pinard de Bouteflika le dragueur
Le logo est aussi célèbre que l’entreprise Sonatrach, la compagnie pétrolière algérienne, qui l’arbore depuis mars 1967. Quarante cinq ans après sa création, ce logo, la lettre S posée sur la lettre H, inscrites en encre noir sur un fond orange, demeure intact. Mais combien d’Algériens connaissent-ils l’identité du créateur de ce logo ? Combien sont-ils à connaitre les circonstances de la création de cet étendard qu’arbore la compagnie algérienne aux quatre coins du monde ?
C’est sur son lit d’hôpital que le créateur du logo de Sonatrach, le dessinateur Siné, de son vrai nom Maurice Sinet, né le 31 décembre 1928, actuel directeur de l’hebdomadaire satirique « Siné Mensuel », raconte cette formidable aventure.
Atteint d’une leucémie, Siné, 84 ans, n’en garde pas moins une mémoire très fraiche et le verbe encore plus fleuri.
Dans le « Siné Mensuel » daté du 31 octobre 2012, le dessinateur qui a fait ses gammes dans l’Express, Révolution Africaine, l’Enragé, Action et Charlie Hebdo, narre sa dernière rencontre avec l’ancien chef du gouvernement algérien, Sid Ahmed Ghozali, un des fondateurs de Sonatrach, qui lui a rendu visite sur son lit d’hôpital.
Dans son billet intitulé « Nouvelles du Front n°15 », Siné raconte aussi la genèse du fameux logo, ses pérégrinations en Algérie, ses cuites, ses escapades au Club Med, station balnéaire fondée en 1969 sur le littoral Ouest d’Alger et fermée quelques mois plus tard.
Dans ce billet savoureux déniché par notre partenaire Rue89, Siné raconte encore comment il faisait entrer clandestinement dans ce club très sélect l’ancien ministre des Affaires étrangères, un certain Abdelaziz Bouteflika, à l’époque noceur, dragueur, porté sur les filles et sur le « pinard ».
Siné raconte son aventure avec Sonatrach...
« Pendant 13 ans, de 1965 à 1978, j’ai complètement, conçu, aidé par mon ami Michel Waxmann pendant les premières années, l’image de la société algérienne, son logo, sa couleur, le design des stations-services et de ses volucompteurs, jusqu’à celui des raffineries en passant par tous les conditionnements, la flotte et même les costumes des pompistes ! »
...ses pérégrinations
« J’ai sillonné l’Algérie en long, en large et en travers, de Sétif où lieu, le 8 mai 1945, le terrible massacre faisant 40 000 morts, hommes, femmes, enfants et vieillards confondus qui réclamaient pacifiquement l’indépendance ce qui, du coup, déclencha la lutte armée, à Tipaza en Kabylie, où l’architecte Pouillon n’hésita pas à construire un village de vacances imbriquant sans scrupules ses maisons aux ruines numides classées depuis au patrimoine mondial de l’Unesco ! »
...ses aventures au Club Med avec Bouteflika,alias Mohamed...
« Au Club Med qui ne resta qu’une année faute de personnel local compétent, mais exigé par le gouvernement algérien, je faisais entrer clandestinement mon copain Abdelaziz Bouteflika, actuel président mais seulement ministre à l’époque, l’accès au Club étant interdit aux Arabes ! J’avais le droit, comme Français, à un invité et je l’appelais ostensiblement Mohamed à l’entrée, pour donner le change aux gardiens. »
« Une fois dans l’enceinte, torse nu et le collier de boules multicolores au cou que je lui offrais pour qu’il puisse inviter au bar des créatures de rêve très décolletées. Il draguait comme un ouf et emballait sec, ce qui explique qu’il continue, malgré tout le mal que je dis de lui, à m’envoyer du pinard et des dattes à chaque nouvelle année. »
...son amitié avec Sid Ahmed Ghozali...
« Sidahmed, viré comme un malpropre par le colonel Chadli dès la mort de Boumédienne, dut passer devant une sorte de tribunal qui lui demanda des comptes sur sa gestion durant ses treize années à la tête de la Sonatrach. Ils trouvaient excessif l’argent consacré à la promo de la société et dont j’avais été le principal bénéficiaire pendant toute cette période. Sidahmed leur sortit alors les devis qu’il avait demandé, à l’époque, à de grosses boîtes de design internationales comme Raymond Loewy par exemple, qui lui, à part la bouteille de « Coca-Cola », le paquet de cigarettes « Lucky Strike », la voiture, « Studebaker » et l’«Air Force One » commandé par Kennedy, qui n’avait pas hésiter à lui demander un million de dollars pour commencer et n’eut donc aucune difficulté à prouver que je lui avais coûté beaucoup moins que ça ! »
• Lire → le Billet de Siné
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