VIDÉOS. Le MNLA, nouvel interlocuteur de la France au Mali
Le HuffPost avec AFP | Publication: 22/02/2013 08:18 CET | Mis à jour: 22/02/2013 09:50 CET
INTERNATIONAL - Alors que la France s'est engagée à restaurer "l'intégralité territoriale du Mali, la voilà contrainte de "collaborer" avec une organisation qui revendique une main-mise d'une moitié du pays...
Face à la résistance opposée par les rebelles islamistes, Paris pourrait s'être adjoint un nouvel allié. Un allié qui pourrait s'avérer précieux dans le nord du pays, plus d'un mois après le début de l'intervention française au Mali. Jeudi 20 février, un attentat à Kidal et des combats à Gao ont laissé présager des difficultés qui s'annoncent pour les troupes françaises et ses alliés africains.
"Des relations fonctionnelles"
Le 5 février dernier, les rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) avaient affirmé se "coordonner" et "collaborer à 100%" avec les forces françaises contre les "terroristes" islamistes. Une collaboration confirmée jeudi 21 par l'état-major de l'armée française. Il a confirmé "se coordonner" avec "les groupes qui ont les mêmes objectifs" que Paris. Quelque peu gêné aux entournures, le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a ainsi admis avoir eu "des relations fonctionnelles avec le MNLA".
Collaborer avec ceux qui ont contribué à la désorganisation du Mali... un pari risqué pour la France. Il y a un an, le MNLA et les 10.000 combattants que le groupe revendiquent s’alliaient aux islamistes d’Ansar Dine pour lancer des offensives contre l’armée malienne. Aujourd’hui, le groupe touareg se déclare "prêt à aider l’armée française" tandis que ses chefs sont visés par des mandats d'arrêt à Bamako... "Notre rôle pourrait être principal. Par notre connaissance du terrain et des populations, nous sommes plus efficaces que la force de la Cédéao", affirme à France 24 un porte-parole du MNLA, Moussa Ag Assarid.
Depuis que le MNLA a été "doublé" dans la région par ses anciens alliés islamistes, le groupe "n’est plus qu’un mouvement moribond qui s’efforce d’exister", juge Abdoulaye Tamboura, chercheur auprès de l’Institut français de géopolitique (IFG)cité par France 24. La MNLA "va devoir montrer sa volonté de combattre les islamistes", commente le chercheur. "Mais appuyer l'armée française implique pour le MNLA de se ranger du côté de l’armée malienne, alors qu’il refuse de la voir entrer au Nord-Mali."
Preuve de cette coopération naissante, l'arrestation de deux responsables des groupes islamistes Ansar Dine et Mujao par des hommes du MLNA début février. Le MNLA avait fait savoir qu'il transmettrait aux forces françaises toutes les informations que livreraient les deux prisonniers.
Un gage de bonne volonté des rebelles touaregs qui ne suffit toutefois pas à rassurer les maliens du sud. La France, résume un responsable français cité par FTVI, est coincée "entre deux instrumentalisations : celle du MNLA qui veut faire croire à son rôle de chevalier blanc de la cause touareg, et celle du gouvernement de Bamako, qui ne veut pas ouvrir les yeux sur un réel problème politique au Nord-Mali".
Les Touaregs sont originellement un peuple berbère vivant dans les parties centrale et méridionale du Sahara. Ils sont traditionnellement nomades. 1,5 millions de Touaregs sont répartis en Algérie, en Lybie, en Mauritanie, au Mali, au Burkina Fasso et au Niger. Ce peuple est l'un des seules avec les Ethiopiens en Afrique à avoir sa propre écriture. Les Touaregs sont caractérisés par le port d'un voile teinté d'indigo qui déteint sur la peau, d'où leur surnom "d'hommes bleus".Au Mali, ils sont principalement localisés dans la région nord du pays. Celle-ci correspond aux trois régions maliennes de Kidal, Tombouctou et Gao. Les Touaregs n'acceptent pas le joug des Bambaras, l'ethnie majoritaire dans le sud du pays depuis l'indépendance de 1960. Les Touaregs du MLNA revendiquent l'autodétermination et l'indépendance de l'Azawad, un immense territoire aride situé au nord du fleuve Niger.
Un aide face au Mujao
A Kidal, à 1.500 km au nord-est de Bamako, un véhicule a explosé jeudi à environ 500 mètres du camp occupé par les Français et les Tchadiens. Deux civils auraient été blessés et transportés à l'hopital. "Le chauffeur du véhicule a été tué sur le coup", a déclaré un élu de Kidal cité par l'AFP.
Un nouvel attentat-suicide revendiqué par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), le groupe islamiste armé qui a occupé pendant plus de neuf mois les grandes villes du Nord malien, dont Gao. "D'autres explosions auront lieu sur tout notre territoire", a dit sans plus de détails le porte-parole du Mujao, Abu Walid Sahraoui.
Les forces françaises avaient repris fin janvier le contrôle de l'aéroport de Kidal et quelque 1.800 soldats tchadiens sont arrivés depuis pour sécuriser la ville. Là-bas, en plus des hommes du MNLA, les troupes françaises doivent également composer avec des islamistes se disant plus "modérés".
Écoutez les précisions de l'envoyé spécial de France 2 au Mali :
A Gao, des combats, entamés dans la nuit de mercredi à jeudi à la périphérie de la ville se sont poursuivis jeudi en centre-ville avec des soldats maliens appuyés par l'armée française. Les combats ont notamment eu lieu près de la mairie et du palais de justice où se trouvaient retranchés des islamistes en armes. Selon une source militaire française, un homme portant une ceinture d'explosifs a été maîtrisé.
Cinq blessés sont à déplorer du côté des troupes alliées a indiqué le capitaine malien Modibo Naman Traoré. Quatre djihafistes auraient été tués et deux autres capturés.
En visite à Bruxelles, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a de son côté indiqué que des jihadistes avaient brièvement occupé la mairie et la résidence du gouverneur à Gao. Ils ont été délogés par des soldas maliens et français dans des combats qui ont fait cinq morts parmi les islamistes, a-t-il indiqué.
Comme à Kidal, le Mujao affirme avoir envoyé des hommes dans Gao, sans en préciser le nombre, en assurant que "la bataille" ne faisait que commencer pour reconquérir le Nord-Malie, et notamment Tombouctou (nord-ouest).
Regardez des images des combats à Gao :
Gao a été reprise au Mujao le 26 janvier par les soldats français et maliens. Les 8 et 9 février, elle a été le théâtre des deux premiers attentats-suicides de l'histoire du Mali, commis par deux kamikazes morts en se faisant exploser contre un poste de contrôle de l'armée malienne.
De violents combats y ont opposé dans le centre-ville des soldats français et maliens et combattants jihadistes, faisant au moins cinq morts et 17 blessés.
Vendredi après-midi, le ministre de la Défense présidera la cérémonie d'hommage national à l'adjudant Harold Vormezeele, tué au Mali mardi.