jeudi 1 mai 2014

Déclaration du Collectif des Amazigh en France devant le siège de l'AFP

Déclaration du Collectif des Amazigh en France devant le siège de l'AFP

30/04/2014 - 23:29


PARIS (SIWEL) — "Si nous sommes ici aujourd’hui, c'est pour interpeller les médias français, et à leurs têtes l’Agence France-Presse, sur la "gestion" honteuse de l’information concernant la résistance du peuple kabyle contre un régime raciste et criminel qui avait déjà, et dans une impunité totale, assassiné 128 kabyles en 2001. La manière dont a été "gérée" l'information sur la répression des manifestants kabyles ce 20 avril 2014 à Tizi-Ouzou est révoltante dans la mesure où elle est loin d'avoir donné la pleine mesure de la férocité de la répression subie par le peuple kabyle. Quant à la volonté du peuple kabyle de se libérer du joug arabo-islamique du régime algérien, elle est carrément occultée. ". Ci-après l'intégralité de la déclaration du Collectif des Amazighs en France devant le siège de l'AFP


Déclaration du Collectif des Amazigh en France devant le siège de l'AFP
Déclaration du Collectif des Amazigh en France devant le siège de l'AFP 


Aujourd’hui, 27 avril 2014, le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie a appelé à une marche pacifique, à Tizi-Ouzou, pour protester contre la répression féroce des services algériens, dits de sécurité, lors des marches qu’il a organisées dans les trois grandes villes de Kabylie, pour commémorer le double anniversaire du Printemps Amazigh et du Printemps Noir et réaffirmer sa détermination à arracher le droit du peuple kabyle à disposer de lui-même. 

A Tizi-Ouzou, les brigades de répression algériennes ont fait preuve d'une violence barbare contre la jeunesse kabyle, comme le prouvent de nombreuses photos et vidéo diffusées sur les réseaux sociaux, dont une vidéo en particulier où l’on voit un jeune kabyle, Jugurtha, se faire lyncher par la police algérienne alors qu’il gisait inerte par terre. 

En soutien à la marche du MAK à Tizi-Ouzou, le Collectif des Amazighs en France organise un sit-in de protestation, ce dimanche 27 avril 2014, devant le siège de l’AFP, pour dénoncer le black-out médiatique imposé au peuple Kabyle alors qu'il subit les affres d'une violente répression de la part d'un régime raciste qui a montré, encore récemment, toute l'étendue de son savoir-faire en matière de crime et de manipulation à Ghardaïa, dans une autre guerre qu'il mène en parallèle au peuple Mozabite, et dénoncer le mépris et les insultes proférées par le premier ministre algérien Abdelmalek Sellal à l'encontre du peuple Chaoui. 

Si nous sommes ici aujourd’hui, c'est pour interpeller les médias français, et à leurs têtes l’Agence France-Presse, sur la "gestion" honteuse de l’information concernant la résistance du peuple kabyle contre un régime raciste et criminel qui avait déjà, et dans une impunité totale, assassiné 128 kabyles en 2001. La manière dont a été "gérée" l'information sur la répression des manifestants kabyles ce 20 avril 2014 à Tizi-Ouzou est révoltante dans la mesure où elle est loin d'avoir donné la pleine mesure de la férocité de la répression subie par le peuple kabyle. Quant à la volonté du peuple kabyle de se libérer du joug arabo-islamique du régime algérien, elle est carrément occultée. 

C'est ainsi qu'à l'unisson avec les médias algériens inféodés au régime en place, l'ensemble des médias français, et en particulier l'AFP, sont allés jusqu’à manipuler l’information en attribuant les marches du 20 avril, organisées par le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie, (le MAK), à une autre formation politiques kabyle, en l’occurrence le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie, (le RCD), alors que ce parti avait déjà commémoré le printemps berbère le 15 avril 2014, soit cinq jours auparavant. Mieux encore, reprenant mot pour mot la propagande des médias algériens, les 3 marches du MAK ont aussi été attribuées au Mouvement Culturel Berbère, (le MCB), alors que ce mouvement n’existe plus depuis maintenant 20 ans. 

Si nous pouvons comprendre, et peut-être même excuser, les médias algériens qui évoluent dans un environnement criminel et dictatorial, il n'en est pas de même pour les médias français qui évoluent dans un système démocratique. Malheureusement, force est de constater que les médias français sont tout aussi inféodés à leurs gouvernants que les médias nord-africains. Depuis les prétendues indépendances africaines, la France, ses gouvernants comme ses médias, ont toujours scrupuleusement veillé à museler les combats des peuples amazighs (Berbères) contre les dictatures arabo-islamiques des Etats artificiels d'Afrique du Nord. 

Le sort macabre que la France coloniale a réservé au peuple Touareg qu'elle a éparpillé, a été, lui aussi, étouffé sous le vocable de "rebelles" qu'il lui a été attribué, comme si la "rébellion" contre la négation, l'asservissement et l'épuration ethnique était une tare. Les combats que mènent les peuples amazighs contre le négationnisme arabo-islamique en Afrique du Nord sont toujours ignorés. Que ce soit en Kabylie, dans le Mzab, dans le Rif, dans le Souss ou dans le Moyen Atlas, les peuples amazighs qui mènent des luttes pacifiques sont, sans aucun scrupule, sacrifiés. 

Aujourd'hui 27 avril 2014, nous sommes avec le peuple kabyle qui a marché à Tizi-Ouzou contre la barbarie de l'Etat algérien et pour son droit légitime à la liberté, le Collectif des Amazighs en France interpelle les médias français pour qu'ils cessent leur ostracisme envers les peuples amazighs, qu'ils respectent les codes de leur propre déontologie! Qu’ils libèrent l'information et rapportent les faits tels qu'ils sont et non pas tels que le leur dicte l'intérêt de l'Etat français, et qu’ils cessent le boycott mouvements contestataires incarnant le combat peuples berbères, pour leur dignité et leur liberté. 

Aujourd'hui les peuples amazighs qui subissent de pleins fouet la négation, la répression, l'assimilation et l'expropriation vous disent, à vous médias français, vous qui vivez dans un pays libre et démocratique, que votre complaisance vis-à-vis des Etats d'Afrique du Nord est un crime contre les Amazighs et que votre silence sur les durs combats qui sont les leurs n'honorent ni votre profession, ni votre nation, qui se définit comme le berceau des droits humains. La déclaration universelle des droits de l'Homme ne peut pas s'accommoder de droits à géométrie variable! 

Paris, le 27 avril 2014 

Collectif des Amazighs en France 

Collectif.amazigh@yahoo.com 
Collectif-amazigh.org

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