Maître Patrick Baudouin. Avocat des familles des moines de Tibhirine
«Le juge n’a pas d’idées préconçues»
le 28.01.12 | 01h00 Réagissez
zoom | © D. R.
Cela fait exactement huit ans que l’information judiciaire sur l’assassinat, en 1996, des sept moines français de Tibhirine est ouverte. Elle a été confiée, en février 2004, aux juges d’instruction antiterroriste Jean-Louis Bruguière et Jean-François Icard.Il y a trois ans, le juge Marc Trévidic prenait le relais pour continuer d’instruire la plainte déposée par l’une des familles des moines et l’ancien procureur général de l’ordre des cisterciens, Armand Veilleux. Depuis, une deuxième famille s’est portée partie civile et trois autres ont manifesté leur désir de le faire.
Lyon, de notre correspondant
«Le juge Trévidic a repris le dossier quasiment au point de départ il y a trois ans», nous a indiqué hier maître Patrick Baudouin, avocat des familles des moines de Tibhirine assassinés, partie civile depuis novembre 2003. «Le juge s’est d’abord préoccupé de rechercher les éléments susceptibles de se trouver du côté français, sachant que les autorités françaises n’ont pas tout dit. Il a demandé des levées du secret-défense pour obtenir des documents de la DGSE ou de la DST ; il a procédé à un certain nombre d’auditions dans le cadre de son information et, à présent, il importe que le magistrat instructeur français qui enquête sur la mort de sept ressortissants français puisse se rendre en Algérie pour auditionner les témoins, et peut-être d’éventuel participants et aussi pratiquer une autopsie sur les têtes des moines.» D’où sa demande en cours de commission rogatoire internationale.
Me Baudouin plaide pour que les autorités algériennes donnent suite à cette demande : «Est-ce que les autorités algériennes donneront le feu vert à la commission rogatoire ? Nous souhaitons qu’il y ait cette coopération, car ce serait une preuve de bonne volonté et un geste dans le bon sens pour la recherche de la vérité. Le juge n’a pas d’idées préconçues sur qui a enlevé et tué les moines. Il y a cependant des présomptions fortes qui permettent de dire que la thèse officielle selon laquelle ‘tout est simple’ n’est pas crédible. Les autorités algériennes en savent plus qu’elles ne veulent le dire et il a une part de responsabilité, par laisser faire ou par contribution active, cela on ne sait pas, mais cela convient d’être approfondi.»
Si les autorités algériennes font obstacle, ce serait un élément à charge à leur égard Marc Trévidic, à la une de l’actualité ces derniers mois, mais toujours effacé, est un juge qui «a suffisamment montré son indépendance par rapport à tout le monde dans les dossiers qu’il suit comme celui du Rwanda ou celui de l’affaire Karachi. Si les autorités algériennes font obstacle, ce serait un élément à charge à leur égard», d’autant que l’Algérie est signataire de conventions internationales en ce sens.
Mais alors, que cherchera à déterminer la commission rogatoire ? L’avocat des familles estime d’abord qu’on n’en sait pas assez sur ce que sont devenus les corps des moines. Lors de l’enterrement, on a voulu cacher le fait qu’il n’y ait que les têtes dans les cercueils. Cependant, la déclassification de documents a démontré des faits troublants : «Le 25 mai 1996, cinq jours avant l’annonce officielle de la découverte des moines, un fax de la DGSE adressé au ministère de la Défense indiquait qu’on ne retrouverait sans doute que les têtes des moines. Complices des autorités algériennes, les autorités françaises ont cherché à faire croire que les cadavres étaient entiers. Les autorités disaient ‘parce que c’est horrible’. Pas plus que l’horreur des massacres qui ont lieu entre 1995 et 1999 en Algérie. Pourquoi les corps n’ont-ils jamais été retrouvés alors qu’il y a beaucoup d’éléments dans le dossier qui laissent présumer qu’on peut savoir où ils se trouvent ?»
Ces points importants n’ont cessé d’alimenter la chronique médiatique ces derniers mois, notamment avec les révélations ou pseudo-révélations lancées à l’emporte-pièce comme autant de ballons-sondes sur le mode opératoire de l’assassinat et ses commanditaires. Selon Patrick Baudouin, plutôt que les suppositions ou l’intox, la recherche de la vérité doit être le leitmotiv. Il souligne les procédures manquantes dans l’enquête et notamment qu’il n’y ait «jamais eu d’autopsie, ce qui paraît surprenant lorsqu’il y a sept victimes de mort violente».
Le juge a obtenu qu’un membre de chaque famille donne son ADN de façon établir que les crânes autopsiés correspondent bien aux moines. «L’ADN le certifiera avec certitude. Le juge a aussi demandé l’avis de légistes pour savoir si les analyses permettront de déterminer la cause ou l’une des causes de la mort. Pour les légistes, il est possible de trouver quelque chose, comme par exemple un impact de balle, ou envisager s’il y a eu une décapitation ante mortem ou post mortem. Ces éléments pourront être recherchés. Le juge veut avoir le cœur net des possibilités». Cela paraît une nécessité pour avancer dans l’éclaircissement d’un dossier qui n’a que trop duré, ouvrant la porte à toutes les supputations qui ne vont pas dans le sens de l’apaisement.
«Le juge Trévidic a repris le dossier quasiment au point de départ il y a trois ans», nous a indiqué hier maître Patrick Baudouin, avocat des familles des moines de Tibhirine assassinés, partie civile depuis novembre 2003. «Le juge s’est d’abord préoccupé de rechercher les éléments susceptibles de se trouver du côté français, sachant que les autorités françaises n’ont pas tout dit. Il a demandé des levées du secret-défense pour obtenir des documents de la DGSE ou de la DST ; il a procédé à un certain nombre d’auditions dans le cadre de son information et, à présent, il importe que le magistrat instructeur français qui enquête sur la mort de sept ressortissants français puisse se rendre en Algérie pour auditionner les témoins, et peut-être d’éventuel participants et aussi pratiquer une autopsie sur les têtes des moines.» D’où sa demande en cours de commission rogatoire internationale.
Me Baudouin plaide pour que les autorités algériennes donnent suite à cette demande : «Est-ce que les autorités algériennes donneront le feu vert à la commission rogatoire ? Nous souhaitons qu’il y ait cette coopération, car ce serait une preuve de bonne volonté et un geste dans le bon sens pour la recherche de la vérité. Le juge n’a pas d’idées préconçues sur qui a enlevé et tué les moines. Il y a cependant des présomptions fortes qui permettent de dire que la thèse officielle selon laquelle ‘tout est simple’ n’est pas crédible. Les autorités algériennes en savent plus qu’elles ne veulent le dire et il a une part de responsabilité, par laisser faire ou par contribution active, cela on ne sait pas, mais cela convient d’être approfondi.»
Si les autorités algériennes font obstacle, ce serait un élément à charge à leur égard Marc Trévidic, à la une de l’actualité ces derniers mois, mais toujours effacé, est un juge qui «a suffisamment montré son indépendance par rapport à tout le monde dans les dossiers qu’il suit comme celui du Rwanda ou celui de l’affaire Karachi. Si les autorités algériennes font obstacle, ce serait un élément à charge à leur égard», d’autant que l’Algérie est signataire de conventions internationales en ce sens.
Mais alors, que cherchera à déterminer la commission rogatoire ? L’avocat des familles estime d’abord qu’on n’en sait pas assez sur ce que sont devenus les corps des moines. Lors de l’enterrement, on a voulu cacher le fait qu’il n’y ait que les têtes dans les cercueils. Cependant, la déclassification de documents a démontré des faits troublants : «Le 25 mai 1996, cinq jours avant l’annonce officielle de la découverte des moines, un fax de la DGSE adressé au ministère de la Défense indiquait qu’on ne retrouverait sans doute que les têtes des moines. Complices des autorités algériennes, les autorités françaises ont cherché à faire croire que les cadavres étaient entiers. Les autorités disaient ‘parce que c’est horrible’. Pas plus que l’horreur des massacres qui ont lieu entre 1995 et 1999 en Algérie. Pourquoi les corps n’ont-ils jamais été retrouvés alors qu’il y a beaucoup d’éléments dans le dossier qui laissent présumer qu’on peut savoir où ils se trouvent ?»
Ces points importants n’ont cessé d’alimenter la chronique médiatique ces derniers mois, notamment avec les révélations ou pseudo-révélations lancées à l’emporte-pièce comme autant de ballons-sondes sur le mode opératoire de l’assassinat et ses commanditaires. Selon Patrick Baudouin, plutôt que les suppositions ou l’intox, la recherche de la vérité doit être le leitmotiv. Il souligne les procédures manquantes dans l’enquête et notamment qu’il n’y ait «jamais eu d’autopsie, ce qui paraît surprenant lorsqu’il y a sept victimes de mort violente».
Le juge a obtenu qu’un membre de chaque famille donne son ADN de façon établir que les crânes autopsiés correspondent bien aux moines. «L’ADN le certifiera avec certitude. Le juge a aussi demandé l’avis de légistes pour savoir si les analyses permettront de déterminer la cause ou l’une des causes de la mort. Pour les légistes, il est possible de trouver quelque chose, comme par exemple un impact de balle, ou envisager s’il y a eu une décapitation ante mortem ou post mortem. Ces éléments pourront être recherchés. Le juge veut avoir le cœur net des possibilités». Cela paraît une nécessité pour avancer dans l’éclaircissement d’un dossier qui n’a que trop duré, ouvrant la porte à toutes les supputations qui ne vont pas dans le sens de l’apaisement.
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