Deuxième partie
Tous les historiens s’accordent pour dire que pendant la guerre de 54-62 même sous le déluge de feux de la 5e puissance mondiale, et la haine de certains responsables politico militaires, la Kabylie était un État dans un État.
09/07/2012 - 00:03 mis a jour le 30/08/2012 - 12:44 par
Tous les historiens s’accordent pour dire que pendant la guerre de 54-62 même sous le déluge de feux de la 5e puissance mondiale, et la haine de certains responsables politico militaires, la Kabylie était un État dans un État. Son autonomie vis-à-vis des autres régions et vis-à-vis du pouvoir colonial français lui a permis de soutenir les autres régions en armement en hommes, en argent, et en conseils…etc. Le colonel Amirouche était souvent sollicité par les chefs militaires des autres régions pour mettre fin à des conflits fratricides, ce n’est pas le cas aujourd’hui des hommes politiques kabyles qui sont méprisés et rejetés. Cette autonomie à cette époque de la guerre lui a même permis de lancer les premières ébauches de la construction de l’État Algérien en inscrivant les naissances les décès et les mariages dans l’administration de l’état civil tenu par les maquisards de Kabylie pour la première fois de l’histoire, ce n’est que des années plus tard que les autres régions ont emboité le pas. Mais pendant ces 50 années d’indépendance de l’Algérie la Kabylie n’a pas pu se mettre au service du développement et de la liberté, car tout simplement elle a les mains et les pieds liés, elle est ostracisée, elle est prisonnière, elle n’est pas épanouie, elle subit un colonialisme qui ne dit son nom auquel malheureusement les Kabyles se sont habitués, ce qui représente la plus grande catastrophe. Nous sommes des esclaves modernes, les chaines ne sont plus à nos pieds mais dans nos têtes. Comme l’a si bien dit le célèbre penseur ; « quand un peuple cesse de défendre ses libertés et sa dignité il devient mûr pour l’esclavage ». Durant ces 25 années de multipartisme, nous nous sommes mis au service d’une Algérie qui en réalité n’a cessé de programmer notre disparition.
En dehors de la Kabylie, par peur de l’enfer après la mort, les citoyens votent toujours pour le parti de l’islam à l’instar du FLN (parti islamiste déguisé en parti nationaliste) car on compte sur les Kabyles et sur l’armé pour réparer les erreurs du mauvais choix du bulletin de vote glissé dans l’urne et s’opposer à l’État théocratique ou à d’éventuelles exactions sanguinaires des barbus. Il faudrait qu’à l’avenir chacun assume son choix, ceux qui votent pour l’islam doivent en accepter sa charia, par contre la Kabylie qui n’en veut pas doit en être totalement épargnée. Nous verrons alors qu’ils réfléchiront par deux fois avant de mettre le bulletin vert dans l’urne.
Si les revendications identitaires linguistiques légitimes que nous avons formulées à travers le FFS le RCD, puis plus tard par le mouvement citoyen et les aarch avaientt été satisfaites, nous ne serions pas arrivés à cette situation. Rappelons qu’en 2001 la réponse du pouvoir s’est faite par s’assassinat de 128 d’entre nous. Ceux qui nous collent l’étiquette de séparatistes se trompent de cible c’est au pouvoir qu’il faut s’en prendre, c’est lui le vrai séparatiste, car il ne cesse de s’acharner par tous les moyens sur nos droits fondamentaux et élémentaires.
Comme au temps de la colonisation française il y avait le bureau des affaires indigènes, il y a maintenant le bureau des affaire Kabyles où des sociologues des politiciens, des linguistes établissent des rapports et des conseils à ceux qui au sommet du pouvoir ont la charge d’éradiquer insidieusement cette langue avec douceur et sans heurt. Ces derniers qui font tout pour restreindre l’usage de l’écrit du kabyle savent très bien que son apprentissage, sa maîtrise et sa généralisation entraineraient inévitablement une rekabylisation des régions limitrophes. Le statut quo actuel est en faveur de l’arabisation et en défaveur de la langue autochtone.
Ces dictateurs n’accepteront jamais que l’arabe soit mis en compétion loyale avec Taqbaylit, car tout simplement ils n’ont confiance ni en leur langue, ni en leur religion.
Le travail associatif, culturel, intellectuel, et la production littéraire Kabyles que nous devons toujours promouvoir, ne sont que des formes de résistance ultimes que mène la société kabyle démunie. Ils ne pourront jamais à eux seuls sauver la langue kabyle et son peuple de la disparition programmée, de l’arabisation effrénée menée par le pouvoir qui met des sommes colossale dans ce projet, à l’exemple de l’association IQRA, qui a atteint les campagnes les plus reculées de la Kabylie. Une langue qui ne sert pas ses locuteurs dans leur vie quotidienne comme par exemple lire les panneaux d’indication, la notice d’utilisation d’objets, de machines, de médicaments, qui n’est pas utilisée dans l’état civil et n’est pas généralisée dans tous les cycles de l’enseignement, disparaitra fatalement, ce n’est qu’une question de temps.
Les productions littéraires, les sites et journaux internet en kabyles foisonnent, grâce à volonté et la détermination des femmes et des hommes qui les créent, mais ils ne trouvent pas ou peu de lecteurs, car il n’y a que quelques Kabyles qui maîtrisent la lecture et l’écriture de leur langue maternelle.
A suivre
Par Kader Dahdah,
Conseiller auprès du président de l’Anavad
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